E-commerce : comment la Covid-19 pourrait relancer le secteur

Ces dernières années, les entreprises opérant dans le secteur du commerce électronique en Afrique ferment en cascade. Environnement peu favorable, chiffre d’affaires en baisse, crise économique : toutes les raisons sont bonnes pour mettre la clé sous le paillasson sur un continent où la culture du e-commerce est en train d’entrer dans les habitudes.

Avec une population de plus de 1,2 milliard d’habitants pour plus de 473 millions d’internautes et le développement des services numériques, le continent africain se positionne comme le nouvel eldorado de grands groupes mondiaux à l’instar des GAFA américains (Google, Amazon, Facebook, Apple), les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), ou encore d’autres plateformes d’e-commerce.

L’Afrique devient ainsi un terrain fertile à la concurrence de ces géants du commerce électronique car à peine exploitée. Ce contexte a favorisé l’arrivée sur le marché africain d’Afrimarket, Alibaba récemment installé et Jumia, le leader du e-commerce africain présent dans 12 pays après avoir fermé ses sièges du Cameroun et de la Tanzanie.

Mais le choc qui se produit est la réalité africaine caractérisée par le faible accès des citoyens à Internet et la fracture numérique. Il y a notamment la prépondérance des paiements en espèces, les problèmes logistiques récurrents et les cadres réglementaires et institutionnels non adaptés.

« Résurrection du e-commerce »

Alors que les opérateurs de téléphonie mobile ont su tirer le meilleur profit des télécommunications en Afrique, le e-commerce, secteur prometteur sur le continent peine réellement à imposer ses marques. « Nous devons concentrer nos ressources sur nos autres marchés », expliquaient les responsables de Jumia en décembre 2019 au moment où ils fermaient leurs bureaux de la Tanzanie. Cette crise du e-commerce a coïncidé avec la crise sanitaire mondiale du Coronavirus.

Apparu depuis fin 2019 en Chine, la Covid-19 s’est rapidement propagée dans le monde. Prévenir l’infection est possible à travers l’adoption des estes barrières, la distanciation sociale, le lavage des mains à l’eau et au savon et l’utilisation d’un gel hydro-alcoolique. Mettant ainsi des restrictions dans le contact humain, ces mesures visent essentiellement à protéger les populations.

« La Covid-19 s’avère la panacée en vue de la résurrection du e-commerce parce que les restrictions et confinement systématique de part et d’autre ne laissent aux consommateurs que de s’approprier le numérique pour satisfaire leurs besoins », analyse Fidégnon Adé, un entrepreneur numérique.

Jumia a flairé le bon moment pour mieux se positionner. « Nous sommes fiers de nous associer à Mastercard dans le cadre de notre engagement à soutenir la lutte contre cette pandémie mondiale. Nous sommes également heureux de soutenir nos clients en les encourageant à utiliser les paiements en ligne et en leur donnant accès à des produits essentiels à des prix abordables en cette période difficile. Nous espérons que cela invitera plus de consommateurs à la méthode de paiement fiable et sûre que constitue JumiaPay”, a déclaré Sami Louali, Vice-Président Directeur des Services Financiers chez Jumia.

Adopter le e-commerce

Le partenariat intervenu le 11 mai 2020 entre Mastercard et Jumia, la principale plateforme d’e-commerce en Afrique est de nature à encourager l’utilisation des plateformes de paiement en ligne au cours de la pandémie de la Covid-19. Elle n’est pas sans avantages pour le géant français : « Au regard des mesures prises par les autorités ivoiriennes relatives à la distanciation et au confinement partiel, à la fermeture des restaurants et grandes surfaces, les populations ont revu leur habitudes. De plus en plus, elles s’adonnent à l’achat en ligne depuis nos plateformes: ordinateur, site web mobile et application mobile. Nous faisons en sorte que les produits essentiels de la vie quotidienne soient disponibles », confie Francis Dufay, CEO Jumia Côte d’Ivoire dans une interview.

Pour Fidégnon Adé, « l’avenir du e-commerce en Afrique est prometteur. Cependant, ce secteur doit prendre ses racines dans nos valeurs sociales quand on sait le pouvoir d’achat n’est pas la chose la mieux partagée d’où le troc, l’économie solidaire ou inclusive et la valorisation des produits et services Made in Africa devraient être une priorité capitale. »

L’alternative selon lui réside dans le troc. D’où la création de Ipaaro, une plateforme de libres échanges notamment le troc exclusif de biens et de services, le semi-troc (troc avec complément d’argent dans une vision d’équivalence des termes), la vente et l’achat monétarisé. Pendant ce temps, la Covid-19 est désormais l’occasion rêvée pour les grands groupes de relancer leurs activités, de s’adapter et de d’amener les populations à adopter durablement le e-commerce.

Michaël Tchokpodo, Bénin

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