Les 3 signaux positifs du SITIC AFRICA 2017 selon Ferid Tounsi, PDG de Tunisie Afrique Export

Propos recueillis à Tunis par Anselme AKEKO et David GUEYE

Au troisième jour du Salon international des technologies de l’information et de la communication dédié à l’Afrique (SITIC Africa), qui s’est tenu du 18 au 20 avril dernier, à Tunis, Ferid Tounsi, PDG de Tunisie Afrique Export s’est prêté aux questions de CIO Mag, notamment sur les points forts de cette deuxième édition. Entretien.

Quel bilan faites-vous de cette édition ?

Le bilan est largement positif dans la mesure où nous avons trois signaux qui sont extrêmement encourageant dans le cadre de ce salon du numérique tunisien qui s’organise pour la deuxième édition. Le premier signal, c’est que les Tunisiens ont répondu nombreux pour présenter leurs offres. Nous avons plus de 160 entreprises tunisiennes qui sont présentes au niveau de l’exposition, parlant de systèmes d’information, de télécoms, du digital marketing, du Banking, des startups, et des pavillons internationaux. Deuxième signal, c’est la réaction positive des Africains et Maghrébins principalement. A la fin de ce salon, nous avons plus de 200 participants africains d’une dizaine de nationalités. Les délégations principales sont au nombre de six. Par ordre d’importance, vous avez le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Gabon. Le Gabon aurait pu être placé premier ou deuxième. Semble-t-il que pour des problèmes de logistique, une partie de la délégation n’a pu finalement se déplacer. Au niveau maghrébin, nous avons quelques 70 participants qui viennent d’Algérie, du Maroc, de Lybie et de Mauritanie. Nous avons quelques pays arabes principalement la Jordanie, le Liban, l’Egypte, le Yémen. Il y a aussi la Palestine. Et nous avons au niveau occidental, des Français, des Belges, des Suisses, des Allemands et quelques Hollandais. Le troisième signal, c’est que ce salon commence à tirer vers le haut les économies africaines et maghrébines en plaçant un sujet important sur le forum international à savoir sur les instruments financiers numériques. Le numérique est un moteur de l’économie. C’est grâce au numérique qu’on améliore la compétitivité de notre entreprise. C’est grâce au numérique qu’on véhicule l’innovation. Et aujourd’hui, le Forum international sur les instruments financiers numériques est un excellent accélérateur que nous sommes en train de mettre en place aussi bien pour le secteur bancaire, le secteur numérique que pour les autres secteurs de l’économie.

Plusieurs délégations étrangères ont participé au SITIC Africa 2017
Plusieurs délégations étrangères ont participé au SITIC Africa 2017

« Le co-développement, on ne peut le faire qu’avec des relations partenariales équilibrées et gagnant-gagnant. »

Parlant de l’ensemble des délégations africaines, quel est le sens de leur participation à ce salon ? Quel rôle la Tunisie peut jouer à l’échelle continentale dans l’économie numérique ?

A mon avis, il faut faire un clin d’œil historique. Vous savez que la Tunisie a été indépendante en 1956, et toute suite après l’indépendance, grâce au leadership de Bourguiba la Tunisie a regardé du côté de l’Afrique. Le premier voyage de Bourguiba a été en Afrique. Aujourd’hui encore, le Niger dit que c’est grâce à la Tunisie qu’il est  entré au sein des Nations unies. Aujourd’hui, les Tunisiens ont un capital amitié et confiance très important grâce à ces relations historiques. Deuxièmement, les Tunisiens ont commencé à développer la petite entreprise dans les années 70. Début 90, des entreprises tunisiennes ont commencé à travailler en Afrique, et même à s’implanter en Afrique. Donc, capitalisant sur ces expériences, ces acquis et ces amitiés, la Tunisie recherche aujourd’hui la profondeur africaine pour partager une croissance. Et cette croissance, il faut la voir dans une logique de création de richesses et d’emplois, d’un côté, et surtout la voir dans une logique de partenariat gagnant-gagnant, d’échanges d’expérience, de création de co-projets, et dans une logique d’investissement commun. Je suis très heureux – on est en train de faire l’évaluation à chaud – j’ai rencontré depuis le premier jour jusqu’au troisième jour au moins une dizaine d’entreprises tunisiennes et africaines qui sont enthousiastes parce qu’elles ont signé des contrats de partenariat avec des demandeurs des pays africains. Voilà à mon sens ce que veut faire la Tunisie. La question ne doit pas être regardée dans une logique de marché. Il s’agit de pérenniser la relation économique entre nous, de faire du co-développement entre nous. Et le co-développement, on ne peut le faire qu’avec des relations partenariales équilibrées et gagnant-gagnant.

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« CIO Mag essaie d’être dans une logique de sujets pointus, de sujets techniques, et c’est grâce à ces sujets-là que nous pouvons développer l’économie. »

Pourquoi avoir choisi d’associer CIO Mag à cet événement de portée panafricaine?

Je ne peux que saluer votre initiative. Vous faites un effort excellent qui va dans deux directions. Je vois que vous êtes fédérateur : vous impliquez la majorité des pays africains, et ça, ça nous tire vers une culture du continent africain, et on en a tous besoin. Deuxièmement, vous essayez d’être dans une logique de sujets pointus, de sujets techniques, et c’est grâce à ces sujets-là que nous pouvons développer l’économie. Moi j’ai parcouru votre magazine électronique surtout, vous abordez des thèmes, vous participez à des rencontres qui ont lieu dans des pays africains, et le reportage que vous faites est toujours très utile. Pour certains qui n’ont pas pu être là, c’est une façon de les rapprocher de ces événements.

Le STIC AFRICA 2017 tire à sa fin, quels sont vos projets à venir?

Pour rester dans le secteur du numérique, nous avons trois ambitions. Notre première ambition est de faire du suivi qui est le maillon faible chez nous dans les pays du sud. Et donc, ce que nous allons essayer de faire, c’est d’effectuer trois, quatre ou cinq missions de prospection dans les pays qui nous ont visités pour voir où en sont ces conventions de partenariat, comment elles évoluent et comment nous pouvons les aider à donner plus de résultat. Deuxième aspect, nous sommes très attentifs à la veille économique pour détecter les sujets les plus brûlants économiquement qu’on pourrait mettre sur la table pour la prochaine édition. Non seulement pour contribuer un temps soit-peu à cette dynamique africaine mais surtout orienter avec d’autres partenaires, la vision Afrique qui doit tirer vers l’excellence, vers le développement équilibré et surtout vers la compétitivité.

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« J’ai été agréablement surpris des délégations africaines en particulier »

A propos de suivi, plusieurs missions tunisiennes ont été effectuées en direction des pays d’Afrique subsaharienne, peut-on avoir une idée du retour que vous avez par rapport à l’exécution de ces partenariats?

Vous savez, je suis un ancien commis de l’Etat. J’ai été PDG du centre de promotion des exportations de Tunisie, PDG de l’Agence tunisienne de promotion de l’industrie et de l’innovation. Donc, j’ai une expérience avec la petite et moyenne entreprise tunisienne. Soyons très réaliste, tout ce qui est développement international est quelque chose qu’il faut regarder à moyen et long terme. Ce n’est jamais une approche commerciale comme celle qu’on veut avoir. Dans cette approche, ce qui est important c’est le suivi. Je vous donne un exemple. Nous avons été au Gabon au mois de décembre 2015, nous étions avec une quinzaine d’entreprises tunisiennes pour lancer des rencontres B2B à Libreville. Et grâce à ces rencontres, voilà que le Gabon prend un grand pavillon ici, et vienne avec des entreprises pour faire le suivi et surtout concrétiser les accords de partenariat qui doivent se traduire dans la pratique par des projets d’investissement, des co-projets, par la création de la richesse, la création d’emploi. Et c’est la vision finale dans cette dynamique parce que nous, c’est ce que nous voulons, CIO Mag y compris. Nous voulons le bien-être du continent. Le bien-être on peut l’avoir par le travail, l’investissement, et on peut l’avoir par la création de richesses, et cette création de richesses permet aussi de créer de l’emploi.

Un mot à l’endroit des participants du SITIC AFRICA 2017 ?

Je suis ravi de la participation africaine massive. Je suis ravi par le volontarisme des participants africains. Je ne vous le cache pas. Moi j’étais un peu méfiant au départ. Je me suis dit que les participants allaient passer un jour au salon et le reste à se balader. Mais j’ai été agréablement surpris des délégations africaines en particulier. Elles ont participé à des rencontres B2B, elles ont suivi les forums internationaux. Mieux encore, cela les a boosté, et elles ont dit : M. Tounsi, l’année prochaine nous voulons nous-mêmes être des panélistes, être dans des logiques de sujets que nous voulons développer. Et c’est cela qui doit être fait : créer cet écosystème afro-africain qui permet à l’Afrique de se développer elle-même.

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag Online
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
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