Les entrepreneurs africains vont-ils lever des fonds grâce à la cryptomonnaie ?

Les entrepreneurs africains sont résilients face à la crise. Mais surtout, ils multiplient les canaux d’investissements en modernisant les techniques d’autofinancement nommées Bootstrapping. Le risque est certes plus élevé mais les opportunités se multiplient.

(Cio Mag) – Emerging Valley à peine conclu qu’il est déjà temps de tracer les perspectives pour les mois à venir. Et la tendance est nette : «Il y a eu une baisse nette des montants investis: 1,42 milliard contre 2 entre 2019 et 2020», indique Cyril Collon – General Partner du cabinet Partech Africa. Si l’impact de la crise sanitaire est indéniable, tout n’est pas négatif. Loin s’en faut. «Nous avons constaté un retour en force de l’amorçage démontrant la solidité des startups du continent passant de 250 à 359 en un an», relativise le coéquipier de Tidjane Deme. Si la résilience est le maître mot des années 2020-2021, il ne faudra pas non plus oublier les différentes initiatives mises en place par les diasporas qui constituent des réseaux d’investissements qui tendent à devenir davantage robustes. Il faut dire qu’ils sont bien aidés par la technologie. «Les deals sont conclus plus rapidement à distance par les fonds américains ou chinois qui n’ont plus à se déplacer », indique la co-fondatrice du fonds Outlierz Ventures, Kenza Lahlou.

La cryptomonnaie : un véritable recours ?

C’est la révélation économique de ces dernières années sur le continent. La cryptomonnaie finance les projets entrepreneuriaux. Et à ce jeu, c’est le Nigeria qui tire son épingle. Le pays est même en tête du classement mondial concernant le nombre de détenteurs de cryptomonnaies. Selon les données de Statista, ce sont près de 400 millions de transactions qui ont été effectuées par ce canal au Nigeria. Tola Fadugbagbe est un de ces entrepreneurs qui a trouvé son salut grâce à cette innovation. «Je suis en train de construire une grande ferme en vue d’une exploitation. J’avais fait de longues recherches auparavant. Depuis, je me suis renseigné puis j’ai démarré mes premiers investissements avec 100-200 US Dollars», se souvient-il.

Les ICO ont le vent en poupe

Le phénomène est bien connu des entreprises. Les ICO sont ces levées de fonds réalisées avec de la cryptomonnaie. L’entreprise émet alors des tokens que les investisseurs achètent. C’est ce procédé qu’a utilisé la messagerie Telegram qui a réalisé 500 millions de dollars en pré-vente. Ce mode de financement a dépassé les 6 milliards de dollars ces dernières années selon Statista. Pour l’heure, il est cependant bien compliqué de déterminer la proportion d’entreprises africaines qui ont recours à ce type de financement à l’exception du Nigeria. Mais c’est pour l’heure aux Etats-Unis et en Chine où le procédé est le plus utilisé par les entreprises.

La sécurité pose question

Pour les entreprises, les enjeux de sécurité sont cruciaux. «L’objectif est de faire en sorte qu’aucune entité étrangère ne puisse avoir accès au compte de cryptomonnaie. Plusieurs verrous sont à poser avec des codes spécifiques», expliquent les spécialistes des entreprises Ledger et Fireblocks. Ces entreprises, dont le chiffre d’affaires dépasse les 100 millions de dollars annuel, se montrent très confiantes sur l’avenir des cryptomonnaies en Afrique. Celles-ci favorisent l’intégration monétaire pour les ménages et entreprises, servant de rempart contre l’hyperinflation constatée dans de nombreux pays dont le Nigeria ou encore le Zimbabwe. Enfin, la stabilité de sa valeur est sujette à beaucoup de débats. Preuve en est avec le Bitcoin qui a dévissé de 10% en un week-end en raison des différentes mesures prises à son égard récemment par la Turquie et la Chine. Celui-ci s’établit désormais à 55 000€. L’investissement n’est jamais, encore faut-il le rappeler, un long fleuve tranquille et c’est sur la durée qu’il faut miser pour espérer atteindre un retour sur investissement acceptable relatif aux objectifs fixés.

Rudy Casbi

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