Les fonds d’investissements en capital-risque lorgnent vers l’Afrique

Les sociétés cotées en bourse sont nombreuses à incorporer des fonds d’investissements dédiés aux startups en Afrique. Orange ne déroge pas à la règle et le géant français des télécommunications ne masque pas ses ambitions dans le domaine.

Par Rudy Casbi

Les startups africaines explosent le compteur des levées de fonds. Selon une étude réalisée par Partech Ventures, 128 levées de fonds ont permis à 124 start-up africaines spécialisées dans les nouvelles technologies d’engranger 560 millions de dollars en capital. «Nous constatons que les investissements dans ce domaine sont en hausse de 53% par rapport à 2016 », nous détaille Tidjane Deme, cofondateur du fonds d’investissements Partech Africa. Mais il tempère aussitôt : « Cependant, nous pensons avec mon associé Cyril Collon qu’il n’y a pas assez de fonds d’investissements sur le continent. On en dénombre une dizaine seulement », dit-il en prenant à contrepieds la tribune publiée par le fondateur d’Ashanti Ventures, Naofal Ali. Ce dernier estimait qu’l ne manquait pas de fonds d’investissement mais que le problème résidait dans la qualité des innovations provenant des porteurs de projets.

Orange entre dans la danse

Si le débat fait rage sur la capacité de financement des startups africaines, il n’en demeure pas moins que le nombre de fonds d’investissements à destination du continent ne cesse de croître. L’an dernier, Orange a décidé de franchir le pas. «Nous avons décidé de nous lancer avec une dotation de 50 millions d’euros. Notre objectif est d’accompagner les startups africaines dans le domaine des technologies et plus globalement du digital », nous explique Marième Diop – investisseur chez Orange Ventures Digital Africa. Le géant français des télécommunications suit ainsi une stratégie bien rôdée. «Dans chaque société dans lesquelles nous investissons, nous prenons des participations minoritaires », affirme Marième Diop. Puis elle ajoute : « nous investissons des montants variables jusqu’à 3 millions d’euros par tour d’investissement », précise-t-elle. Cette stratégie a commencé à porter ses fruits. Orange Digital Ventures a annoncé récemment une prise de participation dans la société kenyane Africa’s Talking, spécialisée dans les nouvelles technologies.

Les investissements en capital-risque : une folie ou une réalité prometteuse ?

Selon Marième Diop,  l’avenir des fonds d’investissement en capital-risque s’annonce positif sur le continent africain. « Le continent africain vit une période très riche et propice pour ce type d’investissements », estime-t-elle. Cependant, des différences subsistent dans l’approche et les comparatifs avec d’autres écosystèmes. « Nous ne sommes souvent interpellés sur la questions des licornes africaines. Mais d’abord définissons ce qu’est une licorne qui est une société  souvent technologique dont la valorisation a atteint un milliard de dollars assez rapidement. C’est un mot qui nous vient des Etats-Unis et il n’est peut-être pas adapté à un référentiel ou imaginaire africain. Je ne suis sûre pas qu’il soit pertinent de transposer tel quel le modèle américain au continent africain », indique-t-elle. Puis Marième Diop poursuit : « L’écosystème des startups n’en est qu’à ses débuts alors qu’il a fallut une quarantaine d’années à la Sillicon Valley pour mettre au point un écosystème favorable à l’émergence des licornes. Chaque chose en son temps », conclut-elle.

Paru dans CIO Mag N°54, Septembre/Octobre 2018

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