Réussir sa Transformation Numérique : Des pistes opérationnelles, rapides, pour l’Afrique

Et si les pays africains étaient les mieux placés pour réussir, rapidement, leur Transformation Numérique ? C’est à cette question que répond, positivement, cet article.

Je vous propose d’aborder les points suivants :

  • Les technologies numériques sont en avance sur les usages professionnels, dans tous les pays du monde.
  • Les meilleures solutions du monde sont disponibles dans les Clouds Publics, y compris pour les pays africains.
  • Le modèle d’analyse B I S, Business, Infrastructures, Support, que j’ai proposé en 2015 peut être mis en œuvre efficacement en Afrique.
  • Les conditions du succès d’une Transformation Numérique en Afrique.

Technologies en avance sur les usages professionnels

En 2007, de nombreux usages de l’informatique étaient limités par les technologies existantes.

Entre 2007 et 2017, des progrès spectaculaires ont été réalisés dans l’offre de solutions ; celles qui ont eu le plus d’impacts sont :

  • Les smartphones : le premier smartphone, l’iPhone 1, est arrivé en 2007.
  • Les solutions d’IaaS, Infrastructures as a Service : AWS, Amazon Web Services, leader mondial du IaaS, est né en 2007.
  • Les offres de solutions applicatives SaaS, Software as a Service : Google Apps, la première messagerie professionnelle dans le Cloud, est arrivée en 2007.
  • Les réseaux mobiles rapides, 3G et 4G : la 4G a commencé à se déployer en 2009.

Aujourd’hui, en 2018, les usages professionnels dans les entreprises, publiques ou privées, grandes ou petites, n’ont pas suivi cette évolution ; le décalage entre ce qu’il est possible de réaliser et l’offre de solutions est devenu très grand.

Je vous propose de… “positiver ce décalage” ! Les contraintes techniques liées aux solutions numériques ont disparu : la probabilité de ne plus pouvoir répondre à une demande par suite de contraintes techniques ou financières est proche de zéro.

En résumé : une DSI n’a plus le droit de dire “non” à une demande exprimée par les métiers et ses clients, externes ou internes.

Meilleures solutions du monde disponibles en Afrique

Que ce soit pour les infrastructures ou les usages, les meilleures solutions numériques du monde sont disponibles dans toutes les régions du monde, y compris l’Afrique. Ceci permet aux gouvernements et aux entreprises africaines d’utiliser les mêmes solutions, disponibles à San Francisco ou à Paris. Quelques exemples :

  • Les trois grands acteurs industriels du IaaS, AWS, Google et Microsoft peuvent être utilisés immédiatement ; il suffit d’un accès internet à haut débit. En octobre 2018, AWS a annoncé la création d’une nouvelle zone en Afrique du Sud ; ceci améliorera les performances en réduisant la latence pour les clients africains.
  • Tous les logiciels SaaS sont disponibles dans le monde entier, au même prix. Je peux proposer à une PME marocaine la même bureautique G Suite à 40 € /an/personne qu’à une multinationale aux Etats-Unis.
  • Une entreprise africaine peut acheter à coût raisonnable des objets d’accès modernes, smartphones, tablettes ou Chromebooks. Il existe des objets de très bonne qualité à prix “raisonnables” : un smartphone Android à 200 €, un Chromebook à 300 € sont de remarquables outils, suffisants pour l’immense majorité des personnes. Il n’est pas nécessaire d’équiper tout le monde d’un iPhone à 1 500 € !

En résumé : de remarquables solutions, à des prix raisonnables, sont disponibles, aujourd’hui, dans tous les pays africains : la technologie et les budgets ne sont plus des contraintes.

Le modèle B I S, une démarche innovante et performante

Début 2015, je propose la démarche B I S, un modèle simple, innovant et pragmatique permettant de mettre œuvre avec succès les solutions numériques existantes. Ce modèle est maintenant utilisé avec succès par des dizaines d’entreprises dans tous les secteurs d’activité.

Les trois composants de cette démarche B I S sont :

  • B = Business : les applications cœur métiers.
  • I = Infrastructures : les fondations du SI.
  • S = Support : les applications correspondant à des usages transverses et universels.

I – Infrastructures

Les infrastructures représentent des briques essentielles d’un SI moderne, mais elles sont “invisibles” pour les clients internes et externes du SI. Pour réussir sa Transformation Numérique, les choix sont aujourd’hui clairs et pérennes :

  • Des objets d’accès mobiles, équipés d’un navigateur.
  • Des réseaux d’accès sans fil, haut débit, 3G, 4G et WiFi.
  • Des serveurs en externes, chez les grands industriels du IaaS déjà cités.

Ces infrastructures peuvent être déployées, immédiatement, partout en Afrique. Problème réglé!

S – Usages Support

Les usages support sont ceux que l’on trouve dans toutes les organisations : messagerie, gestion des ressources humaines, budget, gestion commerciale…

En 2018, la situation est claire : 99 % des usages Support sont disponibles en SaaS. Il existe plus de 20 000 applications SaaS de qualité sur le marché. Toutes ne sont pas encore disponibles dans les pays africains, mais l’essentiel est présent. Ceci permet aux entreprises africaines d’avoir, immédiatement, les meilleures applications du monde pour tous leurs usages support. Problème réglé !

B – Usages “Business”, cœur métier

Ce sont les applications spécifiques d’une activité : bancaire, industrielle ou d’un ministère.

Les organisations innovantes ont compris qu’il fallait reprendre la main sur ces usages porteurs de compétitivité et d’efficacité et… réinternaliser des développements sur mesure réalisés par des équipes internes. Des outils remarquables PaaS, Platform as a Service, existent chez les grands acteurs des Clouds Publics. Devops, containers, Serverless… toutes ces démarches innovantes permettent aujourd’hui de construire en quelques semaines des applications métiers de haute qualité, ergonomiques et performantes. Problème réglé !

Le modèle B I S a un autre avantage majeur ; il est compréhensible par les dirigeants et les équipes informatiques ; il permet un dialogue apaisé et efficace entre ces deux populations, ce qui n’était pas toujours le cas auparavant.

Les conditions du succès d’une Transformation Numérique en Afrique

Les paragraphes précédents ont montré que toutes les conditions techniques et financières sont réunies pour permettre aux entreprises africaines de réussir rapidement leur Transformation Numérique. Dans mes missions de conseil et de sensibilisation menées récemment dans des pays africains, j’ai rencontré les mêmes défis, organisationnels, culturels et humains que dans le reste du monde.

Il y a quelques défis spécifiques à l’Afrique sur lesquels je souhaite attirer l’attention.

Eviter les erreurs commises en Europe

Il serait dommage de ne pas analyser les erreurs commises en Europe et de les répéter en Afrique. Un nationalisme numérique sans avenir : la France a lancé en 2012 un programme de Clouds “souverains”, CloudWatt et Numergy ; cela a mené à un échec total dès 2015. Je rencontre trop de pays africains qui ont la même tentation : nous allons construire, dans notre pays, des infrastructures clouds performantes. N’essayez pas, vous n’avez aucune chance de réussir, vous allez perdre un temps précieux et beaucoup d’argent.

Accepter, positiver les difficultés actuelles de l’Afrique.

La majorité des pays africains n’ont pas encore atteint la maturité numérique des autres continents et souffrent de retard dans de nombreux domaines : prenons quelques exemples :

  • Des réseaux électriques pas toujours très fiables : construire des centres de calcul en Afrique est une très mauvaise idée. S’appuyer sur les grands industriels du Cloud Public, AWS, Google, Microsoft ou Alibaba est la seule piste raisonnable.
  • Des réseaux télécoms en grand progrès, mais pas encore disponibles partout. C’est une priorité absolue. De nouvelles solutions, en particulier avec les nouveaux réseaux de microsatellites qui arrivent, permettront une couverture à 100 % du continent africain avant la fin de l’année 2021 à des vitesses supérieures à 100 Mb/s.
  • Des compétences limitées en sécurité et confidentialité des données : il faut accepter le fait que Microsoft, Google ou Amazon sont les mieux placés pour protéger les données des entreprises, des états et des citoyens africains.

Pragmatisme et réalisme.

Il est tentant d’imaginer un monde numérique “idéal” où tout serait possible en Afrique ; ce n’est pas le cas. Il n’y a pas de grand acteur africain du Cloud Public, et il n’y en aura jamais. C’est la même situation en Europe, même si certains gouvernements font semblant de croire le contraire. Il faut mieux accepter la situation actuelle de l’offre numérique moderne, s’appuyer dessus pour améliorer rapidement et durablement les services rendus à toutes les entreprises et tous les citoyens africains.

Pour terminer, je vais utiliser le mot clef qui est à la base du succès ou de l’échec de toute Transformation Numérique : courage !

Le courage de regarder la situation telle qu’elle est, le courage d’affronter les réticences aux changements de toutes les personnes qui vont voir leurs métiers changer, le courage de résister aux discours alarmistes des fournisseurs historiques qui jouent sur la peur légitime de l’innovation, le courage de dire non aux politiques qui poussent des solutions nationales irréalistes.

La Transformation Numérique de l’Afrique est possible, rapidement ; ces quelques lignes l’ont montré. Je vous souhaite à tous bon… courage pour la réussir dans votre pays.

Rappel

Je viens de publier un livre, coécrit avec le PDG d’une entreprise française, qui aborde ces sujets dans un langage compréhensible par tous les dirigeants ; son titre :

Dirigeants, Acteurs de la Transformation Numérique

Il est disponible sur Amazon.fr

Par Louis Naugès – Directeur Général DHASEL Innovation

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