Législatives au Bénin : 24h de restriction d’accès à Internet ce dimanche 28 avril

(CIO Mag) – Au Bénin, les abonnés au data mobile via les réseaux GSM n’ont pas pu accéder à la connexion Internet ce dimanche 28 avril, jour du scrutin pour les élections législatives. Un fait inédit qui intervient dans un contexte politique où les partis d’opposition sont exclus du processus électoral.

« L’accès à un Internet sûr et abordable est un droit de l’homme. La coupure de cet accès est une violation inacceptable des libertés fondamentales. Les autorités du Bénin veulent faire taire la population un jour d’élection en coupant totalement l’accès à Internet. Mais ils n’y arriveront jamais », alerte sur sa page Facebook, Maurice Thanthan, Président de l’Association des blogueurs du Bénin. En effet, impossible de se connecter à Internet au Bénin ce dimanche 28 avril via les deux principaux opérateurs GSM. Utilisant pour la plupart ce service, les Béninois ont dû attendre au matin de ce lundi pour jouir à nouveau de ce droit universel.

Le dimanche 28 avril, ils étaient invités aux urnes pour choisir leurs représentants à l’Assemblée nationale. A quelques jours du scrutin électoral, les leaders de l’opposition appelaient au boycott des élections avec pour mot d’ordre : « Pas d’élection sans l’opposition. » Ils ont incité le peuple « à la résistance » pour réclamer des élections inclusives. Car, seules les candidatures des deux partis au pouvoir ont été validées par la Commission électorale nationale autonome (CENA) et ont pu participer aux élections.

Aucune raison officielle

Ce matin, c’est la furie sur les réseaux sociaux, chacun y va selon son analyse. Pendant que certains activistes du web dénoncent avec virulence cette restriction d’Internet, d’autres ironisent sur cette mesure pour laquelle ils pointent d’un doigt accusateur le gouvernement. A l’heure actuelle, aucune raison officielle n’est évoquée pour justifier cette coupure d’Internet. Encore moins une explication de la part des réseaux GSM. « Nous avons une panne momentanée. Nous vous informerons dès rétablissement de la situation », tente d’expliquer un opérateur call-center du principal réseau mobile du pays, contacté dans l’après-midi d’hier.

Alors que certains défendent l’option de la préservation d’un climat de paix, Komi Mawubévi Agboguin, entrepreneur culturel et victime de cette restriction, regrette une perte de temps et d’opportunité. « Je travaillais sur un dossier de résidence d’artiste que je devais acheminer sur les Etats-Unis, hier. Je voulais d’abord faire quelques vérifications avant de mettre en ligne. C’est en voulant envoyer après minuit que j’ai remarqué qu’il n’y avait plus de connexion. C’était le dernier délai et j’ai raté cette opportunité. Ça m’a beaucoup frustré. »

Transformation numérique : un vœu pieux ?

Dès son avènement, le régime en place a mis l’économie numérique au cœur de son action. En témoigne la création de la Cité internationale de l’innovation et du savoir Sèmè City pour faire du Bénin, le quartier numérique de l’Afrique. Cette vision part d’une volonté politique affichée du chef de l’Etat Patrice Talon à travers son Programme d’actions du gouvernement (PAG). Dans le point lié à la croissance économique, il est clairement mentionné que « le Gouvernement ambitionne d’utiliser les TIC comme catalyseur de dynamique économique et de modernisation du Bénin pour l’accélération de la croissance économique et l’inclusion sociale d’ici à 2021 ».

Malgré cela, en septembre 2018, une taxe avait été fixée avant d’être suspendue, suite à la mobilisation de la société civile béninoise. Par la suite, une nouvelle tarification de connexion à Internet est actuellement imposée dans le pays. Entre atteinte à la démocratie à travers les présentes élections législatives et coupure d’internet, les Béninois perdent à feu doux, leur fierté.

Michaël Tchokpodo, Bénin

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