Cameroun/Téléphone mobile : l’impact de la portabilité va mettre fin aux tracasseries des abonnés

  • 17 juillet 2017
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(CIO Mag) – La révolution dans les télécommunications au Cameroun avance à grand pas. L’innovation n’est pas une denrée rare. La preuve, il est désormais possible pour un abonné de conserver son contact téléphonique même s’il change d’opérateur de téléphonie mobile. C’est ce que les professionnels de télécommunications appellent « portabilité (ou portage) des numéros mobiles ».

Après la lecture de l’arrêté du 10 juillet 2017 signé par la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng qui définit ce que c’est la portabilité, il s’agit selon elle « de la possibilité pour un abonné d’utiliser le même numéro d’abonnement, indépendamment de l’opérateur ou de l’exploitant du réseau auquel il est abonné et même dans le cas où il change d’opérateur ou d’exploitant ». En clair, un abonné camerounais  pourra dorénavant quitter un opérateur pour migrer vers un autre mais tout en  conservant son numéro de départ. La portabilité permettra selon une source au ministère des Postes et Télécommunications, aux différents utilisateurs de ne plus être obligés d’avoir plusieurs numéros de différents opérateurs pour bénéficier des offres en cours. Le texte de Minette Libom  Li Likeng présente  ainsi les conditions de portabilité. D’abord, celle-ci est assortie d’une demande de la part de l’utilisateur adressée à l’opérateur qu’il souhaite quitter (art.4). Après réception de ladite demande, l’exploitant du réseau est tenu de notifier à l’utilisateur que la demande a bel et bien été prise en compte par voix de SMS. Et dans les six heures qui suivent, il doit à nouveau prendre attache avec le demandeur pour l’informer de «  son éligibilité, de la date de portage effectif, ainsi que de la plage horaire à laquelle son numéro sera mis hors service ». Par ailleurs, l’opérateur donneur – celui qui perd l’abonné – doit tenir informé l’opérateur receveur des différentes démarches de portabilité dans un délai de 24 heures. Au bout de l’opération se trouve un « bon de portage matérialisant son acceptation ou son refus assorti, le cas échéant, des motifs précis de son refus ».

Cependant, pour une raison quelconque, il peut  arriver que la demande de portabilité soit rejetée. Dans ce cas, l’abonné doit en être notifié dans un bref délai avec motifs qui ont conduit à cette décision. Ce dernier peut aussi lui-même souhaiter voir sa demande annulée. L’on peut enfin assister à ce que l’arrêté appelle un « retour arrière ». Il s’agit d’une « procédure exceptionnelle consistant à remettre l’abonné dans la situation où il était avant un portage effectué à tort ».

Au sujet des coûts justement, les opérateurs ont un délai de 2 mois pour trouver un accord de portabilité des numéros. Après approbation de l’Agence de Régulation des Télécommunications(ART), cette entente permettra aux exploitants de réseau de statuer notamment sur le portage des coûts de portabilité. En ce qui concerne l’effectivité de la mesure, le texte du ministère des Postes et Télécommunications explique que les opérateurs disposent d’un délai d’un an pour adapter leurs contrats d’abonnements pour la fourniture des services de communications électroniques mobiles. Et ce n’est après cette adaptation que la portabilité entrera en vigueur. Un rapport annuel et mensuel sur les activités de portage adressé à l’LART est également exigé. Mais le flou semble persister quant à l’impact sur les prix des appels téléphoniques mobiles et des offres internet.

Ceci explique que les opérateurs seront amenés à revisiter leurs offres tarifaires. Et l’ingénieur de conception en réseaux et télécommunications, Clément Fokam estime que « l’implémentation de la portabilité ne touchera pas véritablement l’infrastructure physique ou matérielle, bien que les équipements utilisés doivent être mis à jour. Pour son implémentation, c’est la couche logicielle qui est impactée car la portabilité se configure comme un service. Face à une situation de concurrence dans laquelle vit les opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun, le client s’oriente très souvent vers le plus offrant, pendant que l’opérateur lui, bataille pour avoir le meilleur service au meilleur coût. Face à une telle situation, c’est le client qui en sortirait gagnant parce que très probablement la qualité du service serait améliorée. Lorsque vous changez d’opérateur, les services à valeurs ajoutés restent et le client souscrit à de nouveaux services auprès du nouvel opérateur. En conclusion, les services comme le Mobile Money ne sont pas transférables ».

Jean-Claude NOUBISSIE, Cameroun

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