CFO 4.0 Transformation Digitale de la fonction Finance au Maroc

CFO, le début d’une nouvelle ère ?

La fonction finance, souvent considérée comme la plus « traditionnelle » en entreprise, fait face à de nouveaux défis à la fois internes et externes : nouvelles opportunités, nouvelles méthodes de travail et nouveaux défis pour le business.

BearingPoint a mené une enquête auprès d’une trentaine de CFO et managers Finance d’entreprises marocaines de différentes tailles et de divers secteurs d’activités. Cette étude avait pour but d’évaluer l’avancement de ces entreprises en termes de transformation digitale de leur fonction finance.

Le CFO 4.0 est au cœur d’une révolution digitale massive qui réinvente la fonction financière pour en faire une source de création de valeur au sein des organisations.

Afin de mesurer la maturité digitale de la fonction finance, BearingPoint s’appuie sur une matrice composée de 3 « vagues » – #1 Efficience opérationnelle, #2 « Business Partner » et #3 « Catalyseur de transformation » – et couvrant l’ensemble des dimensions de la transformation digitale – Stratégie, Processus & Technologies et Culture Digitale.

La première vague se concentre sur l’optimisation de l’efficience opérationnelle et l’automatisation des tâches manuelles de la fonction finance. L’efficience est améliorée à travers la redéfinition des processus et l’utilisation de technologies modernes telles que la robotisation des processus automatisés (RPA) l’apprentissage automatique (Machine learning) ou la reconnaissance optique de caractères (OCR).

Après l’étape d’amélioration de l’efficience opérationnelle, l’attention de la fonction finance se tourne davantage vers ses clients internes. Les CFO voient leurs fonctions s’élargir au rôle d’appui / partenaire des métiers et autres fonctions transverses de l’entreprise. La fonction finance devient un pôle incontournable d’analyse, de prévision et de diffusion de la culture financière à travers la mise à disposition de données en temps réel et d’outils de visualisation de ces données en accès libre. En redéfinissant les modèles de pilotage opérationnels et financiers, la fonction finance permet une meilleure coopération entre les métiers, les ventes et les opérations. Ainsi, la fonction finance vulgarise les données financières pour les autres parties prenantes de l’organisation et facilite par là même la prise de décision.

Au niveau de la troisième vague, la fonction finance joue un rôle de catalyseur de la transformation de l’entreprise grâce à : l’automatisation et l’interconnexion des processus opérationnels et financiers, la réinvention des chaînes de valeur de l’entreprise. Le CFO voit donc sa fonction prendre un axe plus stratégique et moteur dans cette transformation, créatrice de valeur pour toute l’entreprise. Cette dernière vague n’est pas qu’une affaire de nouvelles technologies mais aussi de culture organisationnelle et d’ouverture à une nouvelle façon de collaborer.

Selon une étude BearingPoint réalisée au Maroc[1], il ressort plusieurs enseignements sur la maturité digitale des directions financières marocaines sur l’ensemble des dimensions Stratégie, Processus & Technologies et Culture Digitale.

–          Stratégie 

  • Vers plus de valeur ajoutée

Confrontés à un environnement à la fois mouvant et complexe, les directeurs financiers doivent s’adapter à des mutations qui vont influer sur l’exercice de leur métier. Les résultats de l’étude mettent en évidence que la majorité des directions financières interrogées jouent aujourd’hui un rôle de contrôleur financier essentiellement. Toutefois, elles  projettent une évolution majeure de leur rôle au sein de l’entreprise vers des activités à plus forte valeur ajoutée. Dans un futur proche, le rôle de Business Partner est clairement revendiqué et projette le directeur financier en garant de l’accompagnement des métiers et de l’alimentation de la réflexion stratégique globale de l’entreprise. : 62% estiment que leur rôle devra être demain celui d’un véritable « Business Partner » alors que seuls 12% des CFO estiment avoir ce rôle aujourd’hui.

  • Un sponsorship de la transformation digitale au plus haut niveau

En matière de gouvernance, les projets de digitalisation de la fonction finance apparaissent principalement sponsorisés par la Direction Générale, ce qui témoigne de leur caractère stratégique pour l’entreprise. Le sponsor peut également être la direction administrative et financière elle-même, un centre d’excellence, ou le département SI dans une moindre mesure.

  • Des investissements croissants

Au fur et à mesure que les directions financières élargissent leurs rôles, elles intègrent une plus forte composante technologique : environ 80% des CFO interrogés prévoient d’investir un montant supérieur ou égal à leur investissement actuel en termes de digital dans les 3 années à venir.

–          Process et technologie 

  • Une digitalisation des processus transactionnels en avance par rapport aux processus décisionnels et prévisionnels

L’étude démontre que les systèmes d’information mis en place à date ne couvrent pas de façon homogène tous les domaines de la fonction finance : si la comptabilité, la trésorerie et le reporting sont couverts pour environ 80% des répondants, la planification l’est beaucoup moins.

Ce constat se révèle de manière quasi identique en matière de digitalisation de processus : les processus autour de la comptabilité fournisseurs « Procure to Pay » (P2P) et clients « Order to cash » (O2C) viennent en tête des processus les plus digitalisés au sein des directions financières marocaines. A contrario, les processus de reporting, d’analyse et de planification (budgets et forecasts) n’ont, en majorité, pas encore pris le virage de la digitalisation à ce jour.

  • Plusieurs initiatives digitales basées sur les nouvelles technologies mises en place ou en cours de développement

Sur la base de nos analyses, les technologies numériques aussi variées soient elles trouvent leur place dans l’écosystème SI des entreprises marocaines mais à des horizons différents :

Près de 46% des répondants déclarent avoir mis en place ou sont en cours de mise en place de projets basés sur les technologies Advanced Analytics. Cela démontre que les directions financières sont de plus en plus « data driven » et mettent l’accent sur l’exploitation des données.

– La robotisation des processus (RPA) arrive en seconde place : près de 30% des répondants déclarent avoir mis en place ou sont en cours de mise en place de projets RPA.

– En troisième position, on retrouve la reconnaissance optique de caractères (OCR) pour des fins de lecture optique de documents ou encore de scan de factures fournisseurs : les factures sont directement chargées par le fournisseur sur le portail extranet de l’entreprise puis scannées en passant par la technologie OCR. La comptabilisation devient ensuite automatique pour mise en paiement si les données de la facture sont conformes à celles de la commande et que la réception a bien été faite.

Près de 25% des répondants déclarent avoir mis en place ou sont en cours de mise en place de l’OCR.

-Enfin, d’autres technologies innovantes suscitent l’intérêt des responsables financiers interrogés comme la Blockchain, l’intelligence artificielle (AI) et le Process Mining : elles apparaissent comme des technologies encore peu utilisées mais envisagées dans un futur proche par près de 60% des répondants.

–          Culture digitale

  • De nouveaux mindsets à adopter

Au Maroc, la fonction finance ne se considère toujours pas à l’affût des nouvelles tendances technologiques. Seulement 18% des directeurs financiers se considèrent aujourd’hui comme pionniers en termes d’adoption du Digital. Néanmoins, ils estiment que cette tendance va s’inverser dans le futur avec une adoption accélérée leur permettant de se positionner comme de véritables « Early adopters » : les directions financières sont à 70% confiantes sur leur capacité à s’adapter à la révolution digitale en cours.

Les compétences techniques ne sont pas perçues comme les compétences les plus critiques pour la performance de la fonction finance : celle-ci repose davantage selon les répondants sur la volonté des employés d’expérimenter et de prendre des risques, de conceptualiser des innovations et sur leur volonté de partager et de collaborer. En ligne avec le positionnement en tant que « Business Partner », la performance de la fonction finance est désormais davantage une question de « soft skills »

—› Les directions financières marocaines interrogées sont donc globalement encore à la 1ère vague de digitalisation « efficience opérationnelle » et amorcent un passage vers la 2ème vague pour se focaliser davantage sue le rôle de business partner.

Jean-Michel Huet, Partner, Ouafaa Jrondi, Senior Manager, Marwane El Boukfaoui, Manager et Yassine Diouri, Senior Consultant, BearingPoint

[1] Bearingpoint, CFO 4.0 : Transformation digitale de la fonction finance au Maroc, 2021

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