La révolution Blockchain, IoT, IA : les technologies disruptives qui n’épargnent aucun secteur (1ére Partie : l’agriculture)

La pertinence de l’utilisation des technologies décentralisées ou blockchain dans l’agriculture devient de plus en plus évident et se dévoile davantage avec l’émergence de startups comme FarmShare, Filament, Skuchain ou encore Provenance…

Plusieurs domaines d’application ont été identifiés et plusieurs projets ont vu le jour, approximativement la plupart d’entre eux sont en phase de test avec une proof of concept (POC). Certains chercheurs pensent que dans le domaine de l’agriculture la technologie blockchain serait particulièrement plus utile dans la gestion de la chaîne de distribution.

Qu’est-ce que la Blockchain

Considéré comme la «seconde révolution Internet» la Blockchain ou the trust machine part du principe que tout le monde est susceptible d’être truand, on dit qu’elle est trustless. Ainsi la blockchain permet à internet d’atteindre son objectif premier pour lequel il a été crée : permettre à tout le monde et à tout moment où qu’ils soient de communiquer et faire des affaires malgré les barrières culturelles et territoriales. Elle promet des perspectives sans précédents et un potentiel d’innovation énorme.

La Blockchain, un ensemble de concepts et de technologies qui a réussi à poser les bases d’un écosystème de l’internet de la valeur où peut transiter désormais des actifs financiers sans possibilité de double dépense tel que l’argent et les titres de propriétés. C’est également un outil de certification, d’authenticité et de garantie d’intégrité. elle est défini comme une technologie de stockage et de transmission de données. La blockchain se comporte comme un grand livre de compte ouvert, sécurisé, infalsifiable, décentralisé et répliqué autant de fois qu’il existe d’acteurs.

La technologie Blockchain permet le transfert de valeurs et d’informations, sans tiers de confiance, il fourni les outils pour relever avec succès le défi de créer des plates-formes et des instruments financiers qui sont transparents, efficaces et inclusives.
Au-delà de cette sémantique, il existe sous deux formes: les blockchains publiques comme Bitcoin fidèle aux travaux de Satoshi Nakamoto ou encore Ethereum et les blockchains privées ou blockchain de consortium tel que Ripple et R3.

Aujourd’hui l’agriculture est l’un des secteurs que la Blockchain pourrait fortement impacter et révolutionner.

Blockchain et agriculture

Si certains arguent que seule la grande exploitation agricole et les grands exploitants agricoles en profiteront il faut préciser que les petites exploitations et les entreprises agricoles de taille moyenne seront aussi en mesure de suivre leurs transactions et leurs obligations contractuelles avec les acheteurs, les fournisseurs et les autres parties prenantes.

La Blockchain rationalise davantage les canaux de distribution et rend possible un monitoring plus performant des flux entre les acheteurs de produits de base et les agriculteurs.

Cette technologie minimise la fraude, amplifie la transparence à un niveau maximal et garantit la satisfaction de chaque maillon de la chaîne d’approvisionnement. Tout récemment Louis Dreyfus Company en collaboration avec la Société Général a testé une plateforme blockchain pour numériser et automatiser la vente et le transport d’un chargement de soja de l’Amérique du sud à la chine, tout le processus a été pris en charge. Du contrat de vente à la vérification du chargement, en passant par l’émission et la confirmation de la lettre de crédit par les banques ou encore le contrôle sanitaire. Tout a été numérisé dans la blockchain et automatisé via des smart contracts.

Le chargement a battu tous les records en gain de temps et d’efficience. Les résultats issus de ce test est tout simplement surprenant. Face à cette prouesse la réaction de Gonzalo Ramirez Martiarena, CEO de Louis Dreyfus Company a été sans équivoque : “une chose est claire : la révolution numérique transforme le secteur des matières premières. Les technologies de registre distribué (DLT) ont évolué rapidement, apportant davantage d’efficacité et de sécurité à nos transactions et d’immenses bénéfices pour nos clients ainsi que tous ceux qui participent à la chaîne logistique.”

Le secteur agricole l’un des secteurs de l’économie qui favorise malheureusement le plus grand fossé entre le producteur et le distributeur détaillant, l’application des technologies blockchain dans ce secteur permettra aux agriculteurs de pérenniser leurs situations financières et de garder l’autonomie de décision en négociant de meilleur prix. L’adaptation de la blockchain peut avoir un impact bénéfique sur les contrats, notamment dans les contrats de couverture et les préventes.

La connaissance de l’origine du produit va être un facteur déterminant de confiance dans l’approvisionnement et la vente sur le marché agricole, mais aussi permettra aux consommateurs finaux d’identifier son producteur et avoir une traçabilité sur toute la chaîne.

A un niveau encore plus sensible, la certification de la qualité des graines par les agronomes via une blockchain va constituer une révolution non négligeable chez le producteur agricole, cela renforce les chances d’une meilleure campagne agricole et améliore la productivité et le rendement car éliminant l’incertitude dans le processus choix au moment de l’achat des semences. Et d’un point de vue scientifique on pourrait suivre l’évolution de la qualité et des caractéristiques d’une graine dans le temps et par génération grâce à la traçabilité qu’offre cette technologie.

Blockchain, Big Data et IA pour “disrupter” les modèles agricoles

Un autre facteur à grand impact dans la progression des sciences, des techniques et de bonnes pratiques agricoles, est l’utilisation du Big Data. Le traitement de la data dans l’agriculture ne peut pas être l’affaire d’un groupe ou d’un petit nombre d’agriculteurs.

Cela exige une grande quantité de données sur toute la chaîne de valeur qu’un seul producteur isolé ne sera pas capable de fournir, dès lors il devient impératif d’adapter des politiques de partage de données avec une nécessaire collaboration entre acteurs (mêmes concurrents parfois), d’où la nécessité de s’appuyer sur une blockchain pour apporter plus de transparences et de sécurité.

Combiné au IoT (Internet of Things), une des utilisations les plus avantageuses de la blockchain se trouve dans la collecte de la data agricole. Cela permet aux agriculteurs de relever de la data en temps réel afin d’organiser et de planifier leurs espaces de production plus efficacement et maximiser le taux de réussite et la qualité de la production agricole.

Aujourd’hui les techniques et procédés agricoles ont une répercussion directe dans la sécurité alimentaire, une certification enregistrée sur la blockchain peut constituer une solution révolutionnaire et permettra aux consommateurs de vérifier l’authenticité des produits bio par exemple, ou encore de vérifier si c’est tel produit d’un producteur est certifié.

Il ne serait pas prétentieux de considérer que l’application la plus révolutionnaire de la Blockchain dans le milieu agricole reste la collaboration à grande échelle autour de projets à grande envergure avec des producteurs (concurrents ou non) se réunissant pour l’exécution des projets agricoles à très forte valeur ajoutée comme la robotisation et l’utilisation l’IA (Intelligence artificielle). Cela permettra par exemple à un groupe de producteurs d’acquérir un matériel agricole complet et moderne (trop chère à acheter et à maintenir pour un seul producteur) et automatiser l’usage et la gestion via un smart contract enregistré sur une blockchain.

« Dernière révolution internet », « Technologie d’une ampleur inédite », « Innovation de rupture sans précédent », dans les différents médias et la presse ; les superlatifs ne cessent de s’accumuler. Devant ce buzz médiatique et la promesse de nouveaux modèles économiques, bon nombre d’investisseurs et de sociétés mobilisent dès à présent, des ressources financières énormes pour se positionner comme acteurs de cette « disruption », afin de ne pas manquer ces nouveaux virages historiques. Cette « révolution Blockchain » a fini de « disrupter » les banques, mais aussi les notaires, les avocats, les agents immobiliers, le monde de l’énergie, la santé, la culture, les administrations, l’agriculture ; car ses usages semblent illimités.

Par ailleurs la Blockchain est un sujet passionnant mais qui demande du temps et un investissement important afin d’en tirer toute la quintessence face aux multiples freins sur le plan juridique mais aussi sur le plan de la gouvernance. A cause de ses multiples axes d’amélioration, la Blockchain doit arriver à rassurer sur les deux « vides » juridiques concernant la responsabilité et la régulation.

Aboubacar sadikh Ndiaye
Consultant/Expert en Transformation digitale
Babacar Lo
Expert ingénierie logicielle/Blockchain consultant
Mamby Camara
Expert en ingénierie logicielle

 

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