ATDA 2022 : le digital, un levier de compétitivité

La deuxième session ministérielle des Assises de la Transformation Digitale en Afrique (ATDA) a été consacrée au rôle digital comme levier de développement et de compétitivité. Les ministres en charge du numérique à Madagascar, au Niger et aux îles Comores ont partagé leurs points de vue sur les stratégies de digitalisation dans leurs pays respectifs ainsi que les défis liés à la lutte contre la fracture numérique des populations.

(Cio Mag) – Les notions d’insularité et d’enclavement ont été mises en avant lors de cette session ministérielle pour initier les discussions, définir les problématiques et avancer des pistes de réflexion, en vue de réaliser l’émancipation digitale des pays du continent. En effet, le constat partagé est qu’une grande partie de la population africaine est complètement exclue des politiques publiques d’inclusion par le digital. Aujourd’hui, à peine 25% de la population africaine dispose d’un accès à internet. « La fracture numérique au niveau du continent est une réalité. L’Afrique reste à la traine en matière d’internet bien qu’elle offre un grand potentiel en termes de développement et de pénétration du numérique », a déclaré Kamalidini Souef, ministre des postes, des télécommunications et de l’économie numérique de l’Union des Comores, dans une vidéo diffusée au début des discussions. Un constat sans appel qui oblige les décideurs à agir rapidement pour généraliser l’accès à internet aux profits des citoyens, tout en améliorant la qualité des services publics via le numérique.

Réduire la fracture numérique

L’insularité qui caractérise Madagascar et les îles Comores représente un défi logistique de taille pour ces pays dans le cadre du développement de leurs connectivités. Néanmoins, Tahina Michel Razafindramalo, ministre du développement numérique, de la transformation digitale, des Postes et télécommunications de Madagascar a souligné les efforts réalisés dans son pays par les opérateurs télécoms au cours des dix dernières années. « Aujourd’hui, nous avons plusieurs arrivées en fibre optiques via des câbles sous-marins. Un quatrième est en cours de réalisation, la livraison est prévue pour l’année prochaine », a-t-il affirmé.

Concernant le défi du désenclavement de la population via le numérique, le ministre a identifié une problématique liée à l’éducation. Car si en matière de connectivité les choses commencent à se mettre en place, la difficulté rencontrée à Madagascar concerne les digital skills. « A Madagascar, 65% de notre population est en dessous de 25 ans. C’est la raison pour laquelle nous déployons d’énormes efforts dans l’éducation pour promouvoir l’inclusion des jeunes », a-t-il souligné. Ensuite, le ministre a relevé le rôle prépondérant de l’Etat dans la réduction de la fracture numérique de la population, à travers le réseau national de la Poste. « Grâce à l’étendu du réseau à Madagascar, la Poste est utilisé comme un guichet unique de tous les services. Cela concerne aussi bien l’inclusion financière que l’éducation ainsi que tous les autres services publics. »

Améliorer l’accès et l’usage des TIC

Représentant le Niger en tant que ministre de la poste et des nouvelles technologies, Hassane Moussa Baraze a estimé que la lutte contre la fracture numérique en Afrique doit se faire à travers deux leviers importants et indissociables ; à savoir l’amélioration de l’accès et de l’usage des TIC par les populations. Dans ce sens, le ministre a souligné que dans certains territoires, malgré la disponibilité de la connectivité à internet, l’usage de la technologie reste limité à cause de l’analphabétisme de la population.

Par ailleurs, Hassane Moussa Baraze a énuméré quelques recommandations qui, selon lui, permettraient aux pays africains de réduire considérablement la fracture numérique dans leurs territoires. « D’abord, je pense qu’il est nécessaire de disposer d’un cadre juridique et institutionnel qui puisse permettre d’attirer les investissements publics et privés. Ensuite, il faut promouvoir les investissements dans le numérique et développer parallèlement les compétences numériques. Enfin, les pays doivent veiller à développer et renforcer la confiance numérique vis-à-vis des usagers », a-t-il déclaré.

Enfin, le ministre a partagé avec l’audience certains projets initiés au Niger dans le cadre de la stratégie numérique du pays, notamment celui de villages intelligents, financé à hauteur de 5 millions de dollars par la banque mondiale. « Grâce à ce projet, nous sommes en train de connecter plus de 2000 villages sur les cinq prochaines années », a-t-il précisé.

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