ATDA 2022 – Protection des données en Afrique : l’équation des infrastructures et de la législation

La protection des données se pose avec acuité et n’épargne aucun pays. Les cyberattaques sont légion. Une étape tournante dans la transformation digitale se joue. Le stockage des données et la législation s’avèrent cruciaux, selon des experts présents aux Assises de la transformation digitale en Afrique (Atda) qui se sont tenues en Suisse, du 15 au 16 décembre.

(Cio Mag) – La transformation digitale s’impose désormais à tous. En Afrique, on semble en avoir pris conscience mais l’on se heurte encore à certaines contraintes qu’il semble urgent de lever pour ne pas rater le virage du numérique. Pour Mamadou Niane, qui co-animait un panel à l’occasion des Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA) autour du thème « Le stockage des données, une nouvelle forme de souveraineté pour l’Afrique ? »

Le Secrétaire Permanent de la commission de protection des données personnelles au Sénégal (Cdp) estime que le premier problème de l’Afrique, c’est qu’elle n’a pas assez d’infrastructures pour stocker ses données. Or, dit-il, la souveraineté, c’est d’abord exercer un contrôle sur des données. La localisation des données appelle à identifier les lieux où les données seront stockées. L’Afrique a encore besoin de stockage. La problématique du stockage c’est aussi une question d’option. Il ne s’agit plus de stockage physique. On parle d’Adn. Ce sont autant de facteurs qu’il faut mettre sur la table, a-t-il dit. Même s’il estime que l’Afrique a les moyens d’accéder à la souveraineté, il faut la concevoir comme centre d’intérêt.

« Il peut s’agir de l’état civil, de la santé… Il faut définir quelles sont les données souveraines et définir les modalités de stockage. Parce qu’à chaque modèle de souveraineté correspond un modèle de stockage », a-t-il insisté.

Pour Me Lina Fassi Fihri, Avocate-Barreau de Paris, déléguée à la Protection des Données (Dpo)-Maroc, il est important de comprendre que la protection des données, est un enjeu stratégique qui passe par des infrastructures et des normes législatives. « L’Afrique doit éviter des écueils en pensant que la protection des data c’est de faire du copier-coller. Il faut une approche globale. Dans cette politique, il faut prévoir la sensibilisation », a-t-elle plaidé. Mais pour Omar Seghrouchni, Président – Cndp Maroc, la souveraineté ce n’est pas forcément le stockage. Selon lui, ce dont a besoin l’usager, c’est qu’en cas de litige, d’être en mesure de trouver un dispositif légal pour être rétabli. « Le citoyen n’a pas forcément besoin de savoir exactement où se trouvent ses données », a-t-il souligné.

Youssef Ait Kaddour, Chief cybersecurity and privacy officer (CSO) – Huawei Morocco voit les enjeux d’un autre œil. Pour lui, avec les changements qui sont en train d’être opérés dans nos modes de vie, il est presque risqué d’occulter les enjeux de la cybersécurité et la protection des données. « C’est même un préalable, un prérequis pour des résultats. Les objets connectés vont générer plusieurs données. On doit penser à leur sécurité. Il serait suicidaire pour un pays de penser qu’il peut à lui tout seul, arriver à résoudre ces questions. Il faut une approche globale », a-t-il suggéré.

Mamadou Diop

Correspondant au Sénégal

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