Diane Audrey Ngako : « Internet a redéfini les relations entre les marques et les consommateurs »

  • 16 mars 2017
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La lauréate du prix tourisme des Adicomdays en France parle de son site Visiterlafrique.com dédié au tourisme en Afrique.

(CIO Mag) – Diane Audrey Ngako (photo) est une entrepreneure créative, âgée de 25 ans seulement, partagée entre Omenkart, son agence de communication, sa passion pour la photographie et son site Visiterlafrique.com. En mai 2016, le magazine Forbes, l’a classée parmi les 30 jeunes de moins de 30 ans les plus influents du continent africain. Elle a commencé sa carrière en tant que responsable éditoriale de Roots Magazine, un magazine papier dédié à la culture afro-caribéenne, distribué en Île de France et présent en ligne. Après quelques années au Monde et chez TV5 Monde, elle a décidé, en 2016, de rentrer vivre chez elle, au Cameroun. Diane Audrey Ngako détient un Master 2 de communication stratégique (ISEFAC Paris).

Vous venez de remporter le trophée des Adicomdays. Quel est le commentaire que vous pouvez nous livrer après cet important trophée?

C’était un beau pari porté par Totem expérience et Hopscotch Africa, deux agences de conseil en communication spécialisées sur l’Afrique. Vous savez, la thématique de la communication digitale en Afrique reste peu abordée. J’ai adoré que l’on parle beaucoup de créativité car je viens de créer une agence créative au Cameroun. C’est selon moi, la qualité incontournable d’une bonne communication digitale. Cependant, les marques peinent encore à faire confiance aux agences. L’événement qui traitait d’Afrique aurait peut être dû commencer sur le continent au lieu de Paris, mais comme annoncé, en 2018, l’événement sera à Abidjan. Les agences africaines comme Voodoo, leur bureau ivoirien étaient présents. J’ai trouvé dommage de ne voir aucune agence camerounaise.

Que peut-on retenir de cet événement qui distingue les acteurs de la communication digitale en Afrique ?

J’y étais invitée en tant qu’influenceur et tant que tel, je pense que les entreprises camerounaises devraient plus travailler avec nous. C’est-à-dire, développer des concepts à notre image sans nous brider car c’est ainsi qu’elles pourront attirer notre communauté vers elles. Internet a redéfini les relations entre les marques et les consommateurs. Elles doivent apprendre à dialoguer et créer du lien avec une génération d’internaute productrice d’information : Les influenceurs. Vous allez me demander la définition de ce mot que l’on voit partout. Pour moi, comme pour le plus grand nombre, l’influence est la capacité de faire bouger les opinions, susciter des réactions et faire passer un message auprès d’une communauté ciblée, sans manipulation. L’influenceur modifie les croyances de sa communauté. Je dis souvent aux marques, qu’il ne faut pas tout de suite chercher le gros « influenceur », c’est- à- dire, celui qui a le plus d’abonnés sur sa page Facebook ou son compte Twitter. Il faut prioriser la qualité à la quantité et surtout créer une relation avec celui-ci. Plus il grandira, plus l’entreprise gagnera.

Qu’est-ce que cette récompense va apporter à vos activités?

Une joie immense! Cette récompense était surtout pour mon équipe qui travaille dessus depuis 3 ans. Ce projet a débuté dans un petit studio avec mon ami, Boris Tefo, qui était le webdesigner de la première version du site. Aujourd’hui, nous avons une communauté d’environ 150 000 personnes. C’était aussi un honneur de recevoir ce prix des gens du secteur. Nous allons accompagner Air France dans leurs campagnes digitales tournées vers l’Afrique. Aujourd’hui, comme depuis 3 ans, VisiterLAfrique.com reste une plate-forme numérique, interactive et collaborative, dédiée au tourisme et à la culture sur le continent africain. Cependant nous souhaitons de plus en plus sortir du online pour aller vers du Offline. En mai, nous sortirons un livre de photographie. Il s’agit de 100 photos sélectionnées par la talentueuse Koyo Kouoh.

“La communication digitale représente indiscutablement en Afrique, un enjeu de présent et d’avenir.”

Quelle est la place qu’occupe la communication digitale en Afrique selon vous?

Aujourd’hui, la communication digitale rivalise avec les outils du marketing classique. De plus en plus, les entreprises ou institutions gouvernementales se laissent séduire par ce moyen de communication. Le taux de pénétration d’internet est en forte progression et une culture digitale dynamique, illustrée par plus de 126 millions d’utilisateurs Facebook sur le continent, s’installe. La communication digitale représente indiscutablement en Afrique, un enjeu de présent et d’avenir.

Vous apportez une nouvelle vision du tourisme avec « Visiter l’Afrique ». Parlez-nous de ce concept?

“Visiter l’Afrique” est une plate-forme numérique, interactive et collaborative, dédiée au tourisme et à la culture sur le continent africain. Des voyageurs y publient leurs carnets de bord. Des habitants racontent leur quotidien et nous font découvrir leur village, leur ville et leur pays. Tous partagent leurs bons plans ! Pour moi, l’Afrique est surtout représentée par des non-Africains et via les médias. Ils nous vendent toujours une Afrique misérabiliste, où seuls famine, guerres et autres conflits règnent. Je voulais créer une plate-forme qui mettrait en avant l’autre facette de l’Afrique sans nier ses réalités. Visiter l’Afrique veut montrer une Afrique sans filtres.

“Paris n’est pas devenue une “No go zone” malgré les deux attentats que la capitale française a connu en 2015″

Le tourisme est aujourd’hui confronté au phénomène du terrorisme. Ce secteur est-il porteur d’avenir au regard de cette situation?

C’est vrai, raison pour laquelle les Etats doivent encore plus communiquer sur ce qu’ils font afin de rassurer les touristes. Aujourd’hui, Paris n’est pas devenue une “No go zone” malgré les deux attentats que la capitale française a connu en 2015, tout simplement parce que la France a su montrer à la terre entière qu’elle comptait redoubler d’efforts concernant la menace terroriste. Nos Etats doivent apprendre à communiquer, déjà chez eux, en rassurant leurs citoyens et ensuite les touristes à travers les médias par exemple.

Le Cameroun accueille la Coupe d’Afrique des Nations en 2019. Comment le pays devrait s’organiser pour en tirer profit sur le plan touristique à travers les TIC?

Depuis 2016 je n’ai pas l’impression que le Cameroun a travaillé sur son image sur le plan touristique. En janvier 2016, Visiterlafrique.com était à Investour (Un Forum d’investissement touristique pour l’Afrique) à Madrid. Nous avons vu l’équipe du Cameroun qui nous a expliqué que suite aux évènements liés à Boko Haram, ils avaient vu leur budget réduit. Et c’est bien dommage! Nous sommes en février, je propose au Cameroun et son ministère du tourisme, de me contacter et que l’on travaille, ensemble, sur différentes stratégies. Ces deux événements majeurs doivent être une opportunité pour le pays appelé “l’Afrique en miniatures” d’être dans le TOP 10 des destinations africaines.

Par Jean-Claude NOUBISSIE

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