Helmut Reisinger, CEO d’Orange Business Services : « En Afrique, OBS promet aux entreprises des services digitaux de classe mondiale »

En concentrant les compétences pour toutes les activités B2B du Groupe Orange, Orange Business Services fournit des solutions pour les entreprises. Une nouvelle stratégie qui place l’IA et les données au cœur de son modèle d’innovation. En Afrique et au Moyen-Orient, cela se traduit par l’accélération de la stratégie d’opérateur multi services et de digitalisation du monde B2B. Helmut Resinger, CEO d’OBS décline la stratégie et donne sa vision de la maturité digitale des entreprises.

Propos recueillis par Mohamadou DIALLO

CIO Mag : Comment se portent les activités d’OBS en ce début d’année ?

Helmut Reisinger : Nous avons réalisé un CA de 7,8 milliards d’euros en 2019 soit une croissance de 1% par rapport à 2018. Ce CA regroupe principalement trois grandes catégories de clients, les PME et les grands comptes en France ainsi que les grandes multinationales. C’est un bon chiffre quand on se compare à nos concurrents. Cela nous laisse espérer de belles perspectives pour l’avenir. La contribution d’Orange MEA, première zone de croissance du Groupe et qui bénéficie d’une croissance à deux chiffres, ainsi que l’implantation du siège à Casablanca nous conforte dans cette perspective.

Pour rentrer plus en détail sur les chiffres, notre croissance est poussée par l’IT notamment et l’intégration de services digitaux (+ 6,5% de croissance du CA), le cloud (+19%) et la sécurité (+24%). Ces belles performances confirment notre position de leader sur le marché B2B avec une volonté marquée par l’ambition de dépasser le seul marché des télécoms d’entreprise.

Justement, en tant que leader du marché du B2B, comment définissez-vous le niveau de maturité digitale des entreprises et des organisations ?

Pour définir le niveau de digitalisation d’une entreprise, il faut tenir compte de quatre paramètres : l’hyper connectivité, l’approche « drivé par les données », l’explosion de l’adoption du cloud et la cyber sécurité de bout en bout. Ils illustrent l’environnement dans lequel nous évoluons et nous poussent à dire que nous sommes entrés dans l’ère de l’Internet des Entreprises. Ce nouvel écosystème global est porté par la data qui rend possible une connectivité totale entre les personnes, les sites et les objets intelligents et processus nourris par l’IA, créant plus de valeur pour nos clients. Par exemple, certaines données doivent être agrégées au niveau du site industriel sans pour autant passer par le site principal. Le cloud apparaît souvent comme l’option logique pour déplacer l’informatique à la limite du réseau (ou edge computing, une autre tendance IT que nous observons pour 2020). Mais il existe aujourd’hui des systèmes qui permettent un traitement local à la périphérie du réseau offrant des « mini-cloud ».

« … les entreprises sont de plus en drivées par les données, ce n’était pas le cas il y a cinq ans, et la tendance va se renforcer. »

Dans ce contexte, porté par l’Internet des Entreprises, j’insiste sur le fait que les entreprises sont de plus en drivées par les données, ce n’était pas le cas il y a cinq ans, et la tendance va se renforcer. D’ici 2025, on estime que 60% des données seront directement générées par les entreprises. C’est pourquoi Orange Business Services continue de recruter des data analysts ou data scientists afin d’aider ses clients à tirer profit de la donnée.

Et l’Afrique dans tout cela ?

L’Afrique joue un rôle important au niveau mondial particulièrement sur trois grandes tendances La première étant la globalisation. 70% des chaines de valeur de n’importe quelle entreprise étant multi-pays, mais aussi multi-continentales, le continent africain a une carte à jouer au niveau mondial grâce à son dynamisme entrepreneurial notamment. Notre rôle en tant qu’entreprise de services numériques est d’accompagner nos clients, quelle que soit leur localisation, à accélérer leur transformation numérique.

Deuxième grande tendance, la digitalisation. Les entreprises ont des chaînes de valeur qui étaient de plus en plus digitalisées avec des publics variés (collaborateurs, partenaires, clients, etc.) et localisés sur toutes les plaques géographiques. Par exemple, des multinationales basées aux Etats-Unis ou en Europe produisent au Maroc et doivent digitaliser toute leur chaine de valeur. Cela démontre l’importance grandissante de l’internet des entreprises qui connecte des personnes à des sites, des objets, des entreprises, etc. L’internet des entreprises, c’est non seulement – comme c’est le cas de l’internet Grand public- partager les émotions, mais c’est surtout partager les savoir-faire. C’est vraiment un « écosystème play » dans son intégralité. Dans les grandes mines en Afrique, en Australie, nous travaillons avec différents partenaires pour fournir des solutions adaptées à la fois pérennes et intégrées.

Enfin, la troisième tendance que nous observons consiste à favoriser l’ouverture de l’entreprise digitale en transformant les processus tout en gardant la partie opérationnelle. Aujourd’hui, le digital est très confiné à la partie administrative du DSI.

« Une entreprise qui est vraiment digitale utilise le digital soit pour se différencier dans l’expérience client, soit pour améliorer son efficacité interne et ainsi gagner en productivité. »

En effet, si l’analytique intelligente et le contrôle direct des périphériques physiques ou des processus profitent de l’évolution des offres de connectivité et d’intégration, la multiplication des connexions et des appareils en réseau entraînent une augmentation des risques de failles de sécurité. Bien que les équipes IT et OT (Operational Technology) aient toujours traité la sécurité comme une priorité sur les systèmes traditionnels, ces systèmes en réseau présentent de nouveaux scénarios et profils de risques pour les deux mondes. Aujourd’hui, l’IT doit commencer à penser comme l’OT et vice versa. En France, il n’y a que 30 % de cette partie opérationnelle qui est connectée. Aux Etats-Unis, la base installée sur la partie opérationnelle a plus de 20 ans déjà. Une entreprise qui est vraiment digitale utilise le digital soit pour se différencier dans l’expérience client, soit pour améliorer son efficacité interne et ainsi gagner en productivité. Chez Orange Business Services, nous nous transformons dans ce sens et avons fait évoluer notre positionnement en tant que société de services digitaux née dans le réseau.

Qu’est-ce qui change alors dans votre positionnement avec le Plan Engage2025 ?

La partie télécommunication, le cœur historique de notre métier, a connu un changement fondamental du fait de l’émergence du software defined network (SDN). Ainsi, nous transformons progressivement les réseaux de nos clients en les digitalisant et en virtualisant certaines de leurs fonctions. Cette évolution technologique majeure apporte une plus grande souplesse et réactivité dans l’implémentation et l’adaptation des besoins en capacité des réseaux. Aujourd’hui, les services IT & Intégration représentent 37% de nos revenus. Orange Business Services a donc fait évoluer son positionnement pour devenir une entreprise de services digitaux née du réseau. Nous collectons, protégeons et innovons pour la croissance durable de nos clients, et notre ambition est de contribuer à l’innovation au cœur des entreprises, et de la construire ensemble. La 5G va arriver, il faut dès maintenant innover avec les entreprises et co-construire l’entreprise en temps-réel. Et pour finir de caractériser une entreprise digitale, c’est aussi et avant tout une entreprise qui n’oublie pas ce qu’on appelle le digital humain. J’appelle ça la « Human touch ». Si l’entreprise n’intègre pas la dimension humaine et une volonté d’intégrer les collaborateurs, dès le départ, ce projet est voué à l’échec. La transformation digitale nécessite de mettre les femmes et les hommes au cœur de l’entreprise.

Comment considérer le positionnement d’OBS en Afrique ?  

Orange Business Services concentre les compétences pour toutes les activités B2B à l’échelle du Groupe Orange. Orange Business Services fournit des solutions pour les entreprises et collabore étroitement avec les équipes Orange MEA. Ces dernières assurent une présence locale et sont en contact direct avec les entreprises pour proposer les innovations et solutions d’Orange Business Services avec un focus sur le digital, par exemple dans les projets de Smart Cities. D’ailleurs, Orange a un centre de compétences en Smart Cities basé aux Emirats Arabes Unis qui couvre la zone MEA. La force d’Orange Business Services est d’être capable de proposer des services digitaux, en plus du réseau, notre cœur de métier. Ces services digitaux couvrent le multi-cloud, l’intégration et la gestion des données incluant l’IoT, l’analytics et la cybersécurité pour protéger tous les actifs des entreprises. Alioune Ndiaye, Directeur Général d’Orange MEA, donne des orientations, que je partage, pour introduire les innovations aussi bien dans les secteurs du cloud, de la cybersécurité ou encore du digital. Il existe d’ailleurs un pôle d’innovation pour le Moyen-Orient et l’Afrique dans plusieurs pays comme en Egypte par exemple.

Les récentes acquisitions de Business & Décision et SensePost (filiale de Secure Data) renforcent cet engagement sur le continent africain avec des équipes présentes au Maghreb et en Afrique du Sud. Orange Business Services détient également deux centres de services clients au Caire et à l’Île Maurice, qui font partie d’un réseau de cinq centres répartis sur le globe. 1 800 personnes aux compétences multiples travaillent au Caire, et environ 700 personnes à l’Île Maurice, répondent principalement aux clients francophones vu la proximité avec la langue. Je suis épaté par le niveau linguistique de nos équipes, leur passion et leur volonté de servir au mieux les clients.


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