1ère édition du Hack4NGO : trois solutions pour sécuriser les ONG dans l’humanitaire

hack4Ngo

En 24 heures, au centre d’innovation de l’Université Mohammed VI Polytechnique à Startgate, Benguérir, au Maroc, des dizaines de jeunes africains se sont livrés à une compétition d’innovation sans précédent. Le challenge était de proposer des solutions viables et robustes pour sécuriser les données des organisations non gouvernementales, comme SOS Village d’Enfants du Maroc. Trois solutions ont émergé et ont été primées par le jury.

(Cio mag) – Cio Mag et ses partenaires ont relevé le défi, celui de prouver que la jeunesse africaine est innovante et capable de trouver des solutions adaptées aux difficultés du continent. La première édition du hackathon ‘’Hack4Ngo’’ a fait ses preuves en dégageant trois solutions innovantes qui seront développées au profit d’ONG sur le continent. Organisé par Cio Mag, en marge du Gitex Africa au Maroc, et soutenu par la CNDP, Huawei, Deloitte, l’UM6P, ce cadre d’expression de la créativité des jeunes africains est appelé à se pérenniser.

Trois champions du hacking éthique

La première solution primée de 10.000 euros est une initiative d’un groupe de deux jeunes dames. Oumaima Fisaoui et sa collègue Leila El M’ghazli ont proposé une solution à intégrer à la plateforme de SOS Village d’enfants Maroc pour crypter les données. L’étudiante à l’1337 Khouribga a expliqué que « l’idée est de renforcer la sécurité du site de l’ONG en y intégrant de multiples technologies, principalement une technologie de cryptage ». Le but, poursuit Fisaoui est « d’éviter la fuite des données, pour sécuriser à la fois la plateforme et les données des donateurs, lorsqu’ils font les donations dans le but d’aider les enfants. »

L’expérience a été enrichissante pour ces jeunes étudiantes. « C’est l’une des meilleures expériences pour nous et une opportunité de rencontrer des personnes très ingénieuses et merveilleuses. Ce n’est que le début et nous allons poursuivre l’expérience pour plus d’innovation », a promis la jeune lauréate au nom de son équipe.

La deuxième solution portée par Aymane Kricha veut renforcer la sécurité de la plateforme de SOS Village d’Enfants Maroc et faciliter le contact avec les donateurs volontaires. Doctorant à la faculté des sciences médicales à l’UM6P, Kricha et son équipe ont aussi pensé à implémenter une solution pour permettre à l’ONG de suivre l’évolution des bénéficiaires de leurs programmes et aides. Remportant le deuxième prix, Aymane Kricha a expliqué que « le domaine de la cybersécurité appliqué aux ONG est sa passion ». Le doctorant en médecine estime que « c’est un honneur de remporter ce prix au terme de 24 heures de travail non-stop ». A peine le Hack4Ngo terminé, il annonce vouloir challenger d’autres défis dans le domaine de la neuroscience et la data.

Saeb Jemali, Wissal Elkasri et Yawo Edo Kegloh sont les lauréats du troisième prix. Pour décrocher ce sésame, coup de cœur du jury, ils ont travaillé sur application pour sécuriser les données des bénéficiaires des ONG. La démarche qui a séduit le jury, explique Saeb Jemali, c’est que « notre équipe s’est mise dans la posture des hackers pour imaginer comment ils attaquent les sites ». Pour lui, se mettre dans la tête des hackers permet de prendre conscience des enjeux de la cybersécurité. « Il est obligatoire d’avoir des notions en cybersécurité parce qu’on va en avoir besoin pour protéger nos données personnelles », estime l’élève ingénieur à l’EMINES. Sa collègue Wissal Elkasri n’est justement pas une geek. Mais participer à ce hackathon était pour elle une opportunité de découvrir les enjeux de la cybersécurité. « Je suis étudiante en management, sans grande connaissance dans ce domaine. Ce hackathon a été une belle occasion pour moi de développer mes connaissances et d’avoir une idée sur les enjeux de la cybersécurité », témoigne-t-elle.

Au-delà des prix, les lauréats et l’ensemble des participants sont répartis en renforçant leurs compétences et leur confiance en soi. Pour Cio Mag et ses partenaires, c’est un projet plein d’avenir.

Des partenaires acquis pour la cause / viviers de talents à révéler…

Depuis plus d’une décennie, Cio Mag fait ses preuves comme catalyseur d’un écosystème numérique viable en Afrique. Le média, témoin privilégié de la transformation digitale en Afrique, reste constant dans sa vision, celle de créer des plateformes d’intelligences partagées sur le continent dans le numérique. Devenue une préoccupation au cœur de la transformation digitale, la cybersécurité doit susciter des initiatives à l’échelle du continent. C’est donc en homme convaincu des capacités de la jeunesse africaine que, Mohamadou Diallo, PDG de Cio Mag a lancé l’idée de ce hackathon en marge du 1er Gitex qu’accueillait l’Afrique au Maroc. Au terme de 24 heures, les résultats ont donné raison à ce rêve devenu réalité. Le Hack4Ngo s’est révélé être un vivier de compétences africaines.

Ce résultat a séduit l’ensemble des partenaires de l’évènement qui ont appelé à sa pérennisation. La CNDP, Huawei, Deloitte, Atos ; les experts de l’encadrement et des associations comme le CESIA ont annoncé différentes mesures pour accompagner l’initiative et particulièrement les lauréats de cette 1ère édition.

L’initiative « fait partie du développement de l’écosystème. Cette première édition est une réussite et je pense qu’il faut continuer à organiser ce type d’initiative sur l’ensemble du continent », a estimé Youssef Ait Kaddour, Chief Cybersecurity and Privacy Officer chez Huawei Maroc. Il est convaincu que « ces jeunes représentent la clé de développement de l’Afrique et se sont eux qui peuvent défendre les intérêts du continent dans le futur.» Youssef Ait Kaddour pense qu’à travers cette initiative, « on peut découvrir des talents qui seront demain des leaders dans l’écosystème du numérique et de la cybersécurité ». Et il en veut pour preuve la capacité des participants au Hack4Ngo à proposer des solutions toutes innovantes en 24h.

Omar Seghrouchni, Président de la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) et Président du jury s’est félicité de cette initiative qui va permettre d’avoir des citoyens du numérique et non seulement des consommateurs. Et pour cela, il faut « former et sensibiliser au numérique », a insisté le Président de la CNPD. Aussi, appelle-t-il à encourager le renforcement de l’expertise sur le continent. Omar Seghrouchni espère que le prochain Hack4Ngo permettra de trouver des solutions pour « lutter contre le plagiat à l’ère de la montée en puissance de l’IA. » Pour lui, « la protection des données personnelles doit être vue comme la protection des citoyens dans le cyberespace. » Le Président du jury a estimé que la cybersécurité est gage de confiance, laquelle permettra d’avancer dans le digital sans peur. Raison pour laquelle l’initiative de Cio Mag a été jugée pertinente par la Commission. « Nous recevrons les trois équipes vainqueures pour voir ce qu’il faut faire ensemble mais aussi tous les participants qui le souhaiteraient pour avancer ensemble », a promis le Président de la CNDP.  M. Seghrouchni a lui aussi souhaité la pérennisation de l’initiative.

« Ce concours de hacking organisé en marge du Gitex Africa Morocco est une belle initiative qui doit être maintenue dans le temps. C’est une belle réponse africaine pour les africains à la problématique de manque de compétences qui est de plus en plus identifiée par les professionnels en cybersécurité », a déclaré Didier Simba, Expert en Cybersécurité et Président du CESIA. «  Mettre en place un concours comme celui-là permet d’identifier des talents, de ressortir l’esprit talentueux qui se trouve dans chacun de ces étudiants ou chacune des personnes qui participent à ce genre d’initiative et derrière de les accompagner dans leur formation et les mettre à disposition des entreprises ou des Etats pour protéger les Etat ou protéger nos systèmes d’information africains », ajoute-t-il ; tout en estimant que les talents identifiés dans ce type de rendez-vous comprennent mieux les problématiques du continent et sauront apporter les réponses adaptées.

Pour Cio Mag, l’initiative entre dans une responsabilité sociétale. Mohamadou Diallo, PDG de Cio Mag estime qu’il s’agit de « rendre la monnaie de l’expérience acquise pour apporter des solutions à des préoccupations mondiales mais aussi donner des solutions à des organisations qui n’ont pas assez de moyen comme les ONG ». Mohamadou Diallo compte sur les partenaires du média pour en faire davantage. « L’idée est d’institutionnaliser la démarche pour apporter une réponse africaine aux défis africains », ajoute-il. Avec le Hack4Ngo, « les jeunes ont démontré leurs capacités à innover avec des solutions très avancées », fait remarquer Mohamadou Diallo. La suite, c’est l’accompagnement de ces projets pour leur implémentation. « L’idée, c’est de vraiment produire les applications, de les tester et une fois concluent, les partager avec d’autres associations africaines en communiquant autour », promet le manager de Cio Mag.

Souleyman Tobias

Journaliste multimédia. L’Opendata, la transformation digitale et la cybersécurité retiennent particulièrement mon attention. Je suis correspondant de Cio mag au Togo.

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