(CIO Mag) – C’est lundi 3 septembre 2018 que les élèves du primaire et du secondaire du Cameroun reprendront le chemin de l’école, après trois mois de bonnes vacances. Cette reprise pour l’année scolaire 2018/2019 va se faire avec des nouvelles mesures du ministre des Enseignements secondaires, Mme Nalova Lyonga (photo) qui a décidé introduire un nouveau mécanisme visant à sécuriser les finances dans les établissements publics. Il s’agit tout simplement depuis le 23 août dernier, à apporter une révolution en introduisant désormais le payement des frais par voie électronique.
Déjà en juin dernier le ministre des Enseignements secondaires annonçait dans son concept « Clean school », que le paiement des contributions exigibles et frais d’examens des établissements secondaires publics se fera par voie électronique auprès des opérateurs de téléphonie mobile et de transfert d’argent. Objectifs : assurer la transparence et la traçabilité dans la gestion financière des établissements scolaires publics. La mise en œuvre de cette révolution ou de cette réforme restée jusqu’ici méconnu par le système éducatif à finalement été dévoilée au cours de la réunion de concertation portant entre autres sur la préparation de la rentrée scolaire 2018 /2019.
En effet, cette nouvelle procédure fait intervenir trois acteurs en l’occurrence, l’élève, le parent et l’agent financier. L’élève ou le parent de l’élève se rapproche de l’opérateur de son choix muni du quitus ou fiche de renseignements. Une fiche qui doit contenir les informations suivantes : noms et prénoms, et code spécifique au paiement numérique de l’établissement, le nom et la date de naissance de l’élève, la classe fréquentée, le motif de paiement (contribution exigée ou frais d’examen) et le montant.
« Lorsque la base des données des établissements scolaires est disponible électroniquement, les formalités ci-dessus ce génère automatiquement et se déroulent à partir d’une boîte de dialogue dans un téléphone portable ou tout autre support électronique. A l’issue de l’opération de paiement, l’opérateur génère un lien ou un reçu selon le cas qui en plus des informations contenues dans le quitus, contient la date de paiement, le numéro d’identification de l’opérateur et son code », renseigne Léopold Djomnang Tchatchhouang, chef de la division des affaires juridiques au ministère des Enseignements secondaires.
Des informations qui peuvent être consultées en temps réel aussi bien par les services du ministère que par les établissements scolaires disposant d’une connexion internet. Le montant des sommes encaissées est néanmoins mis toutes les 72h par l’administrateur de la plateforme sur demande, aux établissements sans connexion internet. « Toutes les sommes perçues par les opérateurs sont automatiquement portées au crédit du compte de l’établissement ouvert auprès du Trésor public », affirme Léopold Djomnang Tchatchouang.
Tous les élèves sont astreints de payer la somme de 100fcfa qui représente les frais d’envoi. « Ces 100 fcfa ne représentent rien quand on évalue l’argent dépensé dans le transport pour se rendre au lycée lors du paiement de la scolarité. Il s’agit des frais symboliques liés au service obtenu », lance une source au ministère des Enseignements secondaires l’on a tendance à banaliser ces frais, d’aucuns pensent qu’au vu du nombre d’élèves et des candidats aux examens officiels que compte le ministère, c’est une grosse occasion de se faire beaucoup d’argent.
L’idée de numérisation du paiement des frais exigibles et des frais d’examens nait du constat d’un ensemble de dérives observées dans la gestion des ressources financières des établissements scolaires publics. A la division des affaires juridiques du ministère, l’on déplore notamment : la dissimulation des fonds, l’établissement de doubles quittances, les malversations financières, la perception des frais indus, la distraction des frais d’examen, la maitrise approximative des effectifs des élèves, la fausse déclaration des effectifs ainsi que le non respect de la législation et de la réglementation en matière de gestion des ressources financières des établissements scolaires.
Toutes ces dérives, apprend-on, impactent de façon négative le fonctionnement desdits établissements. C’est afin de mettre un terme à cette situation qui ternit l’image de marque du système éducatif camerounais d’une part, et d’améliorer la gouvernance scolaire par l’arrimage au numérique et à la digitalisation d’autre part, que le ministre des Enseignements secondaires a conclu un partenariat avec certains opérateurs de téléphonie mobile et de transfert de fonds. L’on apprend également que la nouvelle approche favorisera une réduction significative de la circulation des faux timbres, la sécurisation des droits de timbre, leur traçabilité dans le trésor public, l’optimisation des recettes des droits de timbres de l’État.
Jean-Claude NOUBISSIE, Cameroun