(CIO Mag) – Le Cameroun n’est pas épargné de la cybercriminalité. Cet ogre ravageur ne laisse pas les autorités camerounaises indifférentes, et tout est mis en œuvre pour stopper au plus vite l’avancée de ce phénomène. C’est pourquoi entre 2013 et 2017, 14 milliards de FCFA ont été débloqués pour combattre ce fléau.
En 2014, selon les sources de l’ANTIC, les opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun avaient déclaré des pertes de 7 milliards de FCFA, dues aux fraudes à la Simbox. Cette annonce avait eu le don d’alimenter la curiosité des consommateurs sur un phénomène jusque-là très peu médiatisé : la cybercriminalité.
Depuis lors, les fraudes et autres transgressions de la loi via Internet – c’est comme cela qu’il faut décrire de manière prosaïque la cybercriminalité – ont pris de l’ampleur. Les stratégies communément utilisées par les hackers (cyber pirates) sont l’escroquerie financière sur la toile (le « scamming »), la fraude à la carte bancaire (« le skimming »), la modification frauduleuse des pages d’accueil d’un site (le « web defacement »), l’usurpation d’identité (le spoofing »), la facturation des prestations téléphoniques internationales au prix national, plus connu sous l’appellation fraudes à la Simbox…
L’étendue des dégâts causés par ces pratiques sur l’économie n’a d’égale que l’importance des chiffres avancés par l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (Antic) et le ministère des postes et télécommunications qui multiplie les initiatives pour protéger les consommateurs.
A ce sujet, il est rapporté qu’entre 2013 et 2017, le Cameroun a subi environ 12 800 cyberattaques. Selon les chiffres de l’ANTIC en 2017, les attaques de type dit conventionnel (extorsions de fonds, fraudes liées à la carte de crédit, fraudes commerciales, abus de confiance, usurpations d’identité, menaces diverses, détournements de mineurs), ont causé environ 3,5 milliards de FCFA de pertes par payements électroniques aux banques ; 3 milliards évadés par escroquerie entre 2010 et 2015 ; 4 milliards perdus par l’État, etc.
Dans le même sillage, il est rapporté que 17 sites web officiels ont été victimes de modifications non autorisées entre 2010 et 2015 ; 3 000 défaillances ont été détectées lors de récents audits des institutions gouvernementales. Quelques génies du mal se sont particulièrement illustrés dans cette pratique, notamment 62 d’entre eux dont les cibles étaient des étrangers. Ils ont fait l’objet d’une demande d’identification formelle à l’ANTIC et Interpol. Sans pour autant que la situation au Cameroun soit aussi grave que dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, il convient tout de même de tirer la sonnette d’alarme.
Il n’en a pas fallu tant pour que le gouvernement camerounais prenne des mesures de contrôle et de résorption de ce fléau aux tentacules planétaires. La création en 2002 de l’ANTIC, aux côtés de l’ART (le régulateur) en fait partie. De même, on peut citer l’adoption de trois lois visant à réglementer, à contrôler et à sanctionner les dérives liées à l’usage du cyberespace national.
Face à son caractère récalcitrant et à l’ampleur que prend le phénomène de la cybercriminalité au Cameroun, les officiels du ministère des postes et télécommunications n’excluent d’ailleurs pas de renforcer le dispositif réglementaire par des mesures de surveillance plus draconiennes.
Jean-Claude NOUBISSIE, Cameroun