La Banque mondiale a présenté son rapport intitulé « Connecter l’Afrique par le haut débit, une stratégie pour doubler la connectivité d’ici 2021 et atteindre l’accès universel d’ici 2030 ». C’était au cours d’une conférence tenue mardi 17 octobre à Washington.
(CIO Mag) – « Dans le présent rapport, nous proposons une feuille de route et un plan d’actions pour une connectivité large bande universelle, abordable et de bonne qualité en Afrique, combinant les besoins d’investissement, les réformes sectorielles et la stimulation de la demande nécessaire pour progresser sur un marché numérique unique. » Telle est la description faite par Kristalina Georgieva, la directrice générale de la Banque mondiale en préface dudit rapport.
Il s’agit d’un document de 140 pages ayant nécessité plusieurs collaborations, au cours de plusieurs réunions, sur la base des contributions et des idées. Il estime qu’un investissement de 100 milliards de dollars sera nécessaire pour réaliser l’accès universel à internet en Afrique d’ici 2030. Il quantifie aussi le coût de la réduction de la bande passante, en fournissant un plan pour atteindre la connectivité universelle sur le continnent dans le délai fixé.
Selon la directrice générale de l’institution financière, la mise en œuvre de ce plan repose sur l’approche du Fonds de la mobilisation du financement du développement (MFD) du Groupe de la Banque mondiale. Laquelle approche « consiste à exploiter systématiquement toutes les sources de financement, les compétences et les solutions pour soutenir la croissance durable des pays en développement ».
Pour quels impacts et comment?
L’engouement derrière le déploiement effectif du large bande en Afrique est une véritable aubaine selon de nombreux observateurs. Les intervenants présents au cours de ce rendez-vous ne disent pas le contraire. Il s’agit notamment, (de gauche à droite sur la photo), Lerato Mbele, journaliste modératrice du panel, d’Amani Abou Zeid, commissaire à l’infrastructure et à l’énergie de l’Union Africaine (UA), Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour les infrastructures, Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Doreen Bogdan Martin, directrice du Bureau de développement des télécommunications de l’Union internationale des télécommunications (UIT), Aurelie A.S. Zoumarou, ministre du numérique et de la digitalisation du Benin. Mais aussi de Peter Ib le directeur général de Bluetown.
Pour Kristalina Georgiva, « l’accès universel à une technologie de communication haut débit abordable et à large bande aidera les systèmes de santé à fournir des soins de meilleure qualité et mieux adaptés aux patients, en particulier dans les zones rurales et isolées, en donnant aux agents de santé accès à des outils leur permettant de faire plus et de tirer parti des ressources auparavant uniquement disponibles dans grands les centres urbains ».
Plusieurs constats sur l’état de la connectivité en Afrique ont aussi été émis ce jour. Par exemple, « les plus pauvres sont souvent dépourvus des compétences numériques indispensables à l’utilisation d’internet », a remarqué Doreen Bogdan Martin. Tout en notant que les pays africains mènent une politique ambitieuse en termes de connexion Internet très haut débit. La preuve, 83% du continent est sur la route du haut débit.
La ministre béninoise a, quant à elle, regretté que 70% de la population africaine vit encore dans un monde 2G. Mais c’est sous un ton plutôt optimiste que les intervenants ont énoncé les précautions à prendre pour atteindre les nécessaires objectifs numériques. Notamment, fournir des incitations appropriées aux investisseurs y compris en adaptant la fiscalité et la réglementation tel que conseillé par Makhtar Diop.
Selon lui, les 100 milliards de dollars d’investissement nécessaires dans ce domaine, doivent bénéficier de la participation de « tout le monde » et du changement des habitudes. D’ailleurs, l’organisme qu’il co-administre s’est engagé à fournir 25 milliards de dollars dans quelques priorités. A savoir : la réduction des taxes et des impôts via les investissements incitatifs pour le haut débit et le financement des compétences numériques pour préparer la population à la mise en place des infrastructures.
Pour Doreen Bogdan Martin, « les gouvernements peuvent aider avec les politiques favorisant les nouvelles technologies, les nouveaux modèles commerciaux et les placements susceptibles d’inciter le secteur privé à construire des substructions ».
« Pour répondre aux besoins en internet des Africains, le développement rapide de la production d’électricité est indispensable », a aussi déclaré Abou Zeid.
Pour sa part, la ministre béninoise a encouragé l’intégration des femmes et des jeunes. Car ils ont « besoin d’être connectés et entendus ». « Il faut combler le fossé numérique entre les hommes et les femmes dans les pays en développement », a t-elle déclaré.
Dans un même élan, Achime Steiner, l’administrateur du PNUD a préconisé d’effectuer un travail de base afin de créer un écosystème soutenant cette connexion. Cela, pour qu’elle se traduise par des emplois et des opportunités économiques pour tous les Africains.
Aurore Bonny