(Cio Mag) – Parallèlement à l’éclosion d’un environnement numérique dynamique au Bénin, les béninois de la diaspora font preuve d’innovation technologique et contribuent au développement des e-solutions dans leur pays d’accueil. Adam Amoussou, béninois de 28 ans, vivant en Afrique du Sud en est un exemple.
Son parcours d’entrepreneur chevronné commence à Cotonou, mais pas encore dans le numérique. De 2015 à 2018, il a fondé Amosconsult Group, une multinationale spécialisée dans la logistique import-export basée à Cotonou et ayant des entrepôts à Abidjan, Accra et Lomé. Grâce à cette entreprise familiale, Adam Amoussou acquiert « des compétences en négociations internationale, logistique et transport maritime. »
En 2018, il était présent au classement Forbes Africa U30 et lauréat du prix All Africa Business Leaders Awards (AABLA). Un an plus tard, Adam Amoussou est élu Curator du Global Shapers Community Cotonou Hub pour le mandat 2019-2020. Il conduit ainsi un réseau de plus de 400 Hubs urbains, développés et gérés par des jeunes leaders de 20 à 30 ans souhaitant mettre leur potentiel de leaders au service de la société.
Collecte et gestion des déchets
Bien plus tôt, il part en Afrique du Sud pour ses études supérieures. C’est au pays de Nelson Mandela qu’il décroche son National Diploma, l’équivalent d’un Bac+3 en science économique à l’University of South Africa (UNISA). Adam Amoussou transcende les problèmes de xénophobie et d’insécurité reconnus à l’Afrique du Sud, en opportunité. Dans le bidonville de Tembisa à Johannesburg, il crée Mahouna pour fournir des e-solutions de collecte d’ordures ménagères et de recyclage à la municipalité d’Ekurhuleni.
Comment fonctionne Mahouna ? « Les usagers s’inscrivent sur la plateforme de la municipalité d’Ekhuruleni et reçoivent un code identifiant. Avec ce code, ils envoient un sms au “3 13 14” dès que leurs conteneurs d’ordures est plein. Les camions passent alors pour la collecte », détaille-t-il. Pour intervenir dans la chaîne de ramassage, Adam Amoussou n’emploie que des mères célibataires. Il souhaite ce faisant, les sortir de la précarité, leur offrir de meilleures conditions de vie et réduire l’insécurité dans les townships.
« Faire découvrir le Bénin et sa culture »
Désormais à Johannesburg, la communauté n’a plus besoin d’attendre les jeudis avant de se voir vider les ordures. Ainsi, la municipalité ne déplace les camions que pour les ménages ayant envoyé un sms. Un gain qui facilite l’obtention de données sur le nombre d’utilisateurs, le tonnage d’ordures et un suivi plus effectif du recyclage. Grâce à Mahouna, aussi bien les bidonvilles que les townships d’Afrique du Sud sont faciles d’accès. La messagerie n’étant pas gratuite, son coût est reversé par la municipalité à des ONG et associations de jeunes des townships.
En développant sa solution numérique en Afrique du Sud, Adam Amoussou veut « faire découvrir le Bénin et sa culture. Pour conquérir, il faut être unique. A chaque fois qu’un Sud-Africain essaie de prononcer Mahouna, c’est tout un désastre. Et à leurs multiples questions sur la prononciation et l’origine du nom, je leur fais tout un cours de géographie et d’histoire sur le Bénin. » Pour s’imposer dans l’un des écosystèmes numériques les plus compétitifs et exigeants du continent, Mahouna n’hésite pas à compétir avec des géants de l’Afrique, faire face à la concurrence déloyale mais surtout gérer le mal du pays et les chocs émotionnels.
Michaël Tchokpodo, Bénin