Conférences ministérielles de CIO Mag : lancement des E-Conf Challenge avec le Burkina Faso

Covid-19 : Au Burkina Faso, le numérique au cœur du dispositif d’Etat

L’apparition et la propagation du Covid-19 dans le monde bouleversent les relations humaines et freinent toutes les activités. L’administration publique, le secteur privé, le commerce, les transports… tout tourne au ralenti. Les échanges commerciaux en mode B2C ont cédé la place au B2B via le digital. C’est pour l’heure la meilleure alternative pour préserver les relations humaines et maintenir les entreprises à flot pendant cette crise. Tous les secteurs d’activité sont concernés.

C’est dans ce contexte que Cio Mag, le média de référence sur les questions numériques en Afrique, a décidé de lancer ses E-Conf Challenge avec les ministres africains du numérique. L’objectif de ces rencontres virtuelles est de démontrer que le digital accélère le développement de l’économie.

L’initiative a reçu l’adhésion des médias partenaires tels que Radio France International (RFI), La Tribune Afrique, les Editions Multimédia et Africa Presse. Ils se sont joints à Cio Mag pour animer la première séance, le 17 avril, avec Hadja Ouattara Sanon, ministre du Développement de l’Economie numérique et des Postes du Burkina-Faso. Les prochaines sessions s’effectueront avec les ministres du Numérique du Bénin, du Sénégal, du Maroc et du Rwanda, ou encore avec les dirigeants du réseau Smart Africa.

Par Souleyman Tobias

(CIO Mag) – Lors d’un échange par visioconférence initiée par Cio Mag, Hadja Ouattara Sanon est revenue sur les actions du gouvernement du Burkina Faso dans la lutte contre le Covid-19. Des actions dont la ministre du Développement de l’Economie numérique supervise le volet digital. Elle a rappelé l’organisation, en partenariat avec le ministère de la Santé et en lien avec le Gouvernement, de la première édition du Webinar, le 10 avril. Ce séminaire web a été l’occasion de fédérer les initiatives des startups. Et à les coordonner et les rendre visibles pour que ces outils bénéficient aux populations.

L’écosystème numérique mobilisé

Dès l’apparition du premier cas confirmé de Covid-19 au Burkina Faso, l’écosystème numérique s’est spontanément mobilisé. Les acteurs de la scène Tech du pays des hommes intègres se sont rapprochés du ministère du Développement de l’Economie numérique avec des propositions d’action. « Les premiers jeunes burkinabè à nous avoir sollicités ont participé au “Hack for Wuhan”, dans la ville à l’épicentre de la pandémie », a fait remarquer Hadja Ouattara Sanon. Depuis, les initiatives se succèdent. Pour les canaliser et aider à la concrétisation des projets les plus aboutis, un hackhathon a été organisé. Les porteurs de projets sont invités à développer leurs innovations. La démarche permet aussi aux partenaires techniques et financiers, disposés à accompagner ces projets, de s’impliquer dans la sélection des solutions viables.

Parmi les initiatives proposées pour la lutte contre le Covid-19, plusieurs ont d’ores et déjà retenu l’attention des responsables du numérique. Certaines solutions permettent de pré-diagnostiquer le virus, d’autres consistent à développer des projets de respirateurs made in Burkina ou à produire des visières imprimées en 3D. « Nous allons soutenir ces initiatives, voire les implémenter », a assuré Hadja Ouattara Sanon. Elle s’est félicitée de l’accompagnement financier des partenaires pour la réalisation de ces projets. A commencer par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui accordera une enveloppe d’un montant de 10 000 dollars à chaque projet retenu. La coopération belge et celle d’autres pays sont aussi parties-prenantes.

« Nous allons fédérer ces initiatives de sorte que l’utilisation des plates-formes s’effectue via un point d’entrée unique. Et qu’elles viennent en appui au programme déployé par le gouvernement pour accroitre la visibilité et la gestion de cette crise ». Un site d’information sur la pandémie, qui cartographie la propagation du virus dans le pays, a ainsi été développé par les autorités burkinabè.

Plate-forme de service public

Le confinement imposé par la crise sanitaire a favorisé le recours aux solutions numériques. Pour accéder aux services publics, le ministère de l’Economie numérique recommande l’utilisation de la plate-forme https://www.servicepublic.gov.bf/. « Si le contexte n’est pas très favorable, le recours à ces infrastructures est une opportunité appréciable. Elles peuvent être utilisées à bon escient en attendant d’endiguer ce mal », confirme la ministre de l’Economie numérique. Quant aux chercheurs, aux journalistes et aux startups, ils sont invités à utiliser le portail d’opendata http://data.gov.bf/ , lequel dispose de nombreuses données.

Le gouvernement burkinabé n’a pas attendu la crise sanitaire pour effectuer son saut numérique. Il a été précurseur en initiant, il y a plus de cinq ans, son premier e-Conseil des ministres, avec une version améliorée de la plate-forme dédiée aux réunions gouvernementales.

La demande émise par des dirigeants africains d’annuler la dette publique devrait permettre à ce pays sahélien d’Afrique de l’Ouest d’investir encore davantage dans le secteur du numérique. Hadja Ouattara Sanon est d’avis que le moratoire de paiement des dettes africaines est une bouffée d’oxygène. « Le Burkina Faso mettra une partie des ressources disponibles dans la promotion de l’éducation à distance ». Mais tout ne réside pas uniquement dans le numérique. Pour faire face à la pandémie, le Burkina va se lancer dans la production industrielle de masques à base de tissus locaux. L’idée est de doter chaque personne d’au moins deux masques de protection.

Infrastructures numériques

Depuis le début de la crise du Coronavirus au Burkina Faso, les conseils des ministres, les rencontres au sein des cabinets, les conseils d’administration et les réunions publiques et privées s’effectuent en ligne. Le séminaire de Smart Africa, qui a réuni des participants d’institutions internationales, s’est également déroulé par visioconférence. Pour la ministre de l’Economie numérique, ce qui aurait été inenvisageable par le passé a pu s’effectuer en ligne et à moindre coût. Cette réunion de haut niveau a ainsi pu se dérouler en dépit des contraintes de distanciation sociale et des restrictions des déplacements.

Pour Hadja Ouattara Sanon, la crise sanitaire démontre que son pays a fait les bons choix en investissant dans les infrastructures numériques. Et si elle convient que tout n’est pas tiré au cordeau, elle se félicite des progrès déjà accomplis. « Nous confirmons que le digital est la bonne option. Après la crise, nous n’allons pas relâcher nos efforts », martèle la ministre de l’Economie numérique. Et d’ajouter que les Etats ont compris que le numérique est source d’économie et qu’il est important d’investir dans les infrastructures. « Cela permet aussi de réduire les dépenses de nos pays. Nous devons approfondir ce sujet et accentuer les projets de digitalisation qui sont sources d’efficience ».

Souleyman Tobias

Journaliste multimédia. L’Opendata, la transformation digitale et la cybersécurité retiennent particulièrement mon attention. Je suis correspondant de Cio mag au Togo.

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