Le marché camerounais est encore récent en termes de Datacenter mais la main d’œuvre locale peut déjà profiter de l’expertise internationale pour se développer. C’est l’objectif de CAP DC CEMAC, une entreprise locale dirigée par l’ingénieur français Vincent Duchateau.
(CIO Mag) – L’inauguration du premier Datacenter d’Orange Cameroun en 2017 a marqué l’Afrique Centrale. Une telle réalisation a nécessité une main d’œuvre aguerrie. Mais pouvait-on parler d’expertise locale dans un marché désert, où ce type d’infrastructure s’impose à peine ?
La réponse est oui. Pour la petite histoire, Vincent Duchateau venu, au Cameroun pour monter un bureau d’études techniques dans le bâtiment généraliste s’est retrouvé embarqué dans ce chantier aux côtés de COREX Dakar, un cabinet d’ingénierie BTP et de CAP DC spécialiste international de la réalisation de Datacenter. Une opération dont ces parties prenantes ont profité pour faire du cabinet de Vincent le nouveau COREX CM et le nommer également directeur général de CAP DC pour la zone CEMAC.
En quatre ans, cette alliance s’est établie sur plusieurs projets à l’instar du Datacenter d’Orange Cameroun à Douala. Elle a également effectué toutes les études architecturales et techniques sur un Datacenter stratégique pour un service d’Etat à Yaoundé. Sans oublier les salles informatiques de la société des Aéroportuaires du Cameroun, à Nsimalen.
D’après Vincent Duchateau, cette alliance veut pouvoir profiter de la proximité de l’ingénierie locale. « Nous sommes une entreprise qui construit des Datacenter professionnels et nous nous associons avec des ingénieries africaines (joint-ventures) pour développer cette compétence sur le continent africain », a également précisé Olivier Labbe, co-fondateur de CAP DC, en France.
Selon le Dg de CAP-DC-CEMAC, il est question « d’apporter de l’expertise sur l’ingénierie du datacenter qui est une infrastructure de pointe très complexe, incluant la sécurisation des salles informatiques et une criticité très exigeante dans le bâtiment ».
Inexpérience et manque de financement
« L’idée est d’apporter toute cette branche qui n’existe pas du fait de la jeunesse et du peu de maturité du marché camerounais dans ce domaine et même en Afrique. Alors qu’en Europe par exemple une plus grande expertise a été développée depuis plus d’une vingtaine d’années », a-t-il ajouté.
Ses partenaires et lui veulent permettre aux ingénieurs africains de s’expérimenter et de pouvoir développer leurs compétences techniques dans les métiers du Datacenter. Afin qu’ils s’autonomisent grâce aux connaissances reçues.
À travers ces projets, les équipes locales exploitent non seulement leur expertise en bâtiments complexes mais selon Vincent, elles progressent en partageant l’expérience des experts de Cap DC, acquise depuis longtemps sur les marchés Datacenter européens.
De ce fait, leur apport en Afrique est d’après lui inédit et idéal pour les maîtres d’ouvrages. Lesquels s’accompagnent d’habitude exclusivement d’une main d’œuvre experte contractée à l’étranger, à cause du manque de spécialistes locaux. Tout en s’exposant à l’absence de proximité de ces ingénieurs et à des coûts très élevés.
« L’offre inédite est donc de proposer au maître d’ouvrage de contracter avec une société de droit national et de bénéficier d’une équipe camerounaise, tout en profitant de l’expertise internationale et sans renchérir le coût de la mission », a expliqué Vincent Duchateau à Cio Mag.
Pour lui, leur modèle d’opération ne consiste pas à « rapatrier le chiffre d’affaires en Europe mais bien au contraire de pouvoir au maximum bénéficier de l’expertise française au profit du développement des compétences camerounaises dans ces métiers complexes ».
Concernant l’immaturité du marché camerounais, il se trouve que le chemin est le même que la plupart des pays d’Afrique. « Ces pays ont un retard sur les données numériques. Le marché du digital y est beaucoup moins intense et développé que dans d’autres continents. Ainsi, il y a eu beaucoup moins de besoins en Datacenter jusqu’à présent », a-t-il affirmé.
L’ingénieur français a également remarqué que l’État camerounais manque de moyens financiers pour réaliser ce type d’opérations relativement coûteux. Il ajoute à cela le manque d’entreprises d’hébergement (colocateurs) parce que la demande n’est pas encore très marquée.
Cependant, il est convaincu qu’une telle infrastructure favorise la transformation digitale et qu’elle a besoin d’investissements financiers pour se développer dans le pays. Ainsi avec son équipe ils s’allient à des partenaires financiers pour participer à ce développement.
Aurore Bonny, Cameroun