[Article modifié] Pour la 4e édition de son E-Conf Challenge sur « l’impact du coronavirus sur la digitalisation des entreprises et des administrations africaines », CIO Mag reçoit Mme Aurelie Adam Soule Zoumarou, ministre béninoise de la du Numérique et de la Digitalisation, Sedric Degbo, CEO de la startup Rema Medical Technologies, et Haifa Ben Salem, responsable du projet Fasttracktech Benin. Ils s’expriment, entre autres, sur l’apport du numérique dans la lutte contre le coronavirus, les relations entre le Benin et les Tech entrepreneurs pour maîtriser la pandémie, et la gestion de la période post-Covid.
Par Aurore BONNY
Comme lors des précédentes éditions, de nombreux internautes repérés depuis les quatre coins du monde assistent à ce rendez-vous et y participent. Animée par Mohamadou Diallo, fondateur & directeur général de CIO Mag, la conférence se tient à l’accoutumée sur un jeu de questions-réponses. L’occasion pour la ministre béninoise Aurelie Adam Soule Zoumarou de parler du portail national de service public lancé le 30 mars dernier. Celui-ci regroupe les services publics et les informations sur les fonctions pas encore dématérialisées. Ce portail dispose d’une soixantaine de services directement consommables et sept nouvelles assistances qui n’étaient pas digitalisés. Il s’agit, entre autres, du registre de commerce et du certificat de nationalité : deux documents parmi les plus demandés par les populations. Lesquelles populations sont à 75% localisées au Bénin, le reste se trouvant partout ailleurs dans le monde.
Le lancement de ce portail n’avait pas prévu la pandémie. Pourtant, elle épouse bien les conditions de distanciation sociale imposant un fort recours au digital dans ce pays comme dans d’autres. D’après la ministre, ce portail en ligne vient faciliter la vie des citoyens et des entreprises qui interagissent avec l’administration publique. Il vise aussi à optimiser le temps d’opération pour les administrateurs, et par la même occasion, répondre au souhait de modernisation du Chef d’Etat béninois.
Ce pas important a rencontré l’adhésion des citoyens car il répond véritablement à leurs préoccupations. De ce point de vue, le portail national de service public constitue un réel motif de satisfaction pour le gouvernement, à en croire Adam Soule Zoumarou. Elle en veut pour preuve les centaines de personnes qui ont suivi la cérémonie de lancement en direct. Sans compter les milliers qui l’ont vue en replay. « La chose la plus déterminante encore, a été le nombre de visites en 24 heures. Soit environ 4000 », a-t-elle précisé.
S’exprimant sur la cherté de la connexion internet au Bénin, autre sujet abordé lors de cette e-conférence, la gouvernante du domaine réfute les résultats d’un classement international qui accorde une place peu élogieuse à son pays. Pour elle, certains organismes sont mieux placés que d’autres pour dresser des classements.
« On est en droit de s’interroger sur la méthodologie employée et la rigueur sur l’emploi des données initiales ainsi que le calcul des indicateurs. Nous ne réfutons pas tous les classements internationaux. Il y en a qui ont une renommée certaine et dont on est sûr des méthodologies, de la qualité des données et des sources employées comme l’UIT, l’E4IA, Smart Africa et d’autres », commente-t-elle.
Quoique, son pays ne lésine pas sur les moyens pour démocratiser l’accès à internet. Ce, en investissant dans le développement des infrastructures de télécommunications (comme la fibre optique de 2000 km) et les points digitaux communautaires installés dans 40 communes. Il s’agit d’endroits équipés d’ordinateurs connectés à l’internet haut débit où les populations peuvent profiter des e-services, avec l’assistance des personnes aptes à les aider au besoin. La ministre Soule Zoumarou cite aussi des endroits publics équipés de wifi en accès libre avec un fournisseur qui propose de la connectivité pour les entreprises et les administrations. Sans oublier les centres d’accès communautaires aux TIC installés dans les agences postales au profit des populations.
Relation avec les startups
Au cours de cette conférence, la parole est donnée à la tunisienne Haifa Ben Salem pour parler du projet FastTrackTech Benin porté par le Centre du commerce international (ITC), une agence conjointe de l’organisation mondiale du commerce des Nations unies. Ladite agence opère sur les marchés émergeants. Objectif : renforcer la compétitivité des petites et moyennes entreprises dans plusieurs secteurs d’activité, à travers une assistance technique et une approche d’écosystème. Cette équipe se focalise spécifiquement sur le renforcement du secteur numérique avec plusieurs projets dans les pays d’Afrique subsaharienne.
Au Benin, l’ITC appuie 27 startups dans différents domaines. Dans ces temps bouleversés par la pandémie à Coronavirus, le centre digitalise complétement ses offres. Il organise des webinaires pour remplacer la formation de groupe et ainsi limiter les risques de contagion. Le centre met également l’accent sur le coaching personnalisé, tout en apprenant aux entrepreneurs les méthodes inhérentes à la gestion de crise et le développement des stratégies de continuité post-coronavirus. Des initiatives saluées par Ben Salem. Elle souligne à juste titre le développement des services numériques financiers via les fintech qui offrent des services permettant de soutenir les PME affectées via des plateformes de paiement. De cette expérience, Haifa Ben Salem tire une conclusion : « Il y a une forte capacité d’innovation dans l’adaptation au Benin (…) la pandémie ne met pas tout le monde à genoux ; elle permet à certains de rebondir ».
Autre invité à cet e-Conf Challenge, le docteur béninois Sedric Degbo, CEO de Rema Medical Technologies, présente cette plateforme mobile de collaboration médicale à distance. Dédiée aux médecins exerçant en Afrique, Rema Medical Technologies veut remédier au faible ratio de médecins par habitant sur le continent. A distance, plus de 6000 médecins ont pu résoudre des milliers de cas médicaux, selon Dr Degbo. Pour s’adapter à la situation de crise sanitaire actuelle, il rend gratuit les services en ligne de cette solution. D’autres pays comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal utilise également cette plateforme dans la riposte contre la Covid-19.
« C’est une grande fierté pour nous de voir ce médecin qui a décidé d’utiliser le digital pour faire encore plus que ce qu’il peut en tant que médecin. Nous le suivons de près parce que nous savons que sa startup va prendre de l’ampleur », apprécie la ministre du numérique. Le portrait des startups béninoises dressé par Haifa Ben Salem est aussi une fierté pour la ministre qui saisit cette opportunité pour en citer quelques-unes.
Il ressort également de cette conférence que le Benin compte intensifier ses actions vers les startups à travers un fonds d’appui à l’entreprenariat numérique. Ce financement s’ajoute à un certain nombre d’activités qui seront bientôt disponibles.
Selon la ministre Aurelie Adam Soule Zoumarou, ce travail et ce fonds permettront de créer d’autres synergies hors rapport avec le coronavirus, ce qui permettra à l’écosystème d’éclore davantage. Elle ajoute que le pays dispose d’une Task Force qui veille à ce que les solutions numériques proposées et les soutiens financiers obtenus soient mis à disposition des communautés.
D’autres questions importantes, un sondage et un jeu de questions réponses entres les internautes et les invités sont à revoir en intégralité dans notre vidéo ci-dessous.