Pourquoi célébrer la protection des données importe-t-elle aujourd’hui plus que jamais ? Comment marquer le coup ? Alors que le monde de la tech vit la 16ème édition internationale de la journée de la protection des données, des experts africains interrogés par Cio Mag situent le bienfondé de ce thème particulier.
(Cio Mag) – « Il est plus que jamais important de la célébrer parce qu’aujourd’hui, on représente tous des données. Principalement dans le contexte africain, nous avons nos données qui se retrouvent tellement collectées par d’autres instances, d’autres filiales ou d’autres branches, à tel point qu’un évènement pareil permet de prendre conscience que nous représentons une valeur », commente Didier Simba, président et fondateur du Club d’experts de la sécurité de l’information en Afrique (CESIA).
Pour l’expert gabonais en sécurité des systèmes d’informations, cette journée est indispensable pour éveiller les consciences sur ce qu’est une donnée, ce qu’elle représente et son objectif. « On ne peut pas célébrer quelque chose qu’on ne comprend pas », dit-il, avant de marquer sa désolation quant au fait que cette prise de conscience n’est pas encore effective en Afrique.
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« La moitié de population africaine a moins de 25 ans et accède régulièrement à internet. Ce qui veut dire que la moitié de nos jeunes y est connectée et pourtant ces jeunes ne sont pas conscients qu’ils donnent énormément d’informations via toutes les plateformes auxquelles ils accèdent », argumente Didier Simba.
Karim Ganame est docteur burkinabè en cybersécurité et créateur de Streamscan, une innovation du domaine. Cette journée représente pour lui une occasion de rappeler l’importance des données personnelles afin que les gens comprennent les défis liés à leur protection et qu’ils s’instruisent sur les mesures de protection nécessaires.
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Selon Karim Ganame, l’évolution des cyber menaces permet de réaliser à quel point les données personnelles peuvent permettre de causer du tort aux utilisateurs. « Des crimes peuvent être organisées grâce aux vols d’identités. Du côté médical également un accès non autorisé aux données peut avoir des conséquences » illustre le spécialiste.
Pour la Camerounaise Belona Sonna, spécialiste des solutions d’Intelligence artificielle (IA) dans la sphère de la santé, la valeur de cette journée se trouve dans la nécessité de conscientiser les populations afin qu’elles aient une présence en ligne plus regardante et responsable. Cela, dans un contexte où la plupart des personnes qui produisent des données ne comprennent pas encore en quoi elles sont utiles ou encore moins à quoi elles seront destinées. Pour elle, cette protection est aussi un facteur de développement pour les pays africains.
« La célébration de cette journée dans le contexte africain où la plupart des pays ne possèdent pas encore de lois et/ou d’agences de protection des données est une opportunité de penser une stratégie de gestion et de protection des données avantageuses pour le développement de nos pays car, je crois fermement que les sciences de données sont un potentiel de développement pour nos pays », explique-t-elle.
Constatant les progrès faits au quotidien pour la sécurité des banques de données et la préservation de la confidentialité des données par les applications d’IA, elle pense qu’entre autres, la Blockchain est un moyen efficace pour protéger les données.
Alerte permanente et planification
Notant la sécurité et la confidentialité des donnée comme deux piliers fondamentaux de l’éthique de l’intelligence artificielle, elle rappelle la nécessité de concevoir des modèles intelligents qui ne divulguent pas ces informations personnelles et ne discriminent pas des groupes de personnes en se basant sur ces informations.
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L’experte note par ailleurs qu’il reste beaucoup à faire sur la régulation de la collecte et de l’utilisation des données. Aussi considère-t-elle cette journée comme une occasion de tenir des conversations autours des problématiques et proposer des solutions.
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« L’aspect primordial de la célébration doit être la sensibilisation. C’est la clé. Une journée c’est bien mais il le faut tout au long de l’année. Les gens doivent toujours être en alerte. Baisser la garde, c’est s’exposer aux cybercriminels », affirme Karim Ganame. Un élan que rejoint également Didier Simba. Il ajoute que chaque instance en charge de la protection des données dans chaque pays doit définir les activités marquantes de cette célébration afin d’optimiser son importance et son impact au profit de toutes les forces vives. Cela, par le biais des moyens de communication permettant de toucher et conscientiser le plus grand nombre de personnes.