Philippe Wang, Vice-Président Exécutif de Huawei Northern Africa
Aux lendemains du Mobile World Congress de Shanghai (Chine) du 28 au 30 juin, Huawei, l’un des acteurs majeurs de la tech, réaffirme déjà son engagement à créer des cadres de concertation entre les acteurs de l’écosystème numérique. Non moins fier de la réussite de ce premier grand événement après la Covid-19, Philippe Wang, Vice-Président Exécutif de Huawei Northern Africa a déjà le regard tourné vers l’avenir et évoque au micro de Cio Mag, les perspectives post-MWC et les technologies futures qui impacteront l’Afrique. Interview.
Propos recueillis par : Michaël Tchokpodo
Cio Mag : Quel est le positionnement voulu par Huawei à travers cette édition du MWC en Chine ?
Philippe Wang : Chaque année, c’est un honneur d’être en première ligne pour observer les dernières avancées technologiques à l’occasion du MWC à Shanghai. Pour cette édition, Huawei a tenu à présenter au public l’étendue de ses activités et solutions de transformation numérique sous le thème « GUIDE to the intelligent World ». Des réseaux 5G intelligents, aux réseaux OptiX en passant par les innovations de la 5GigaGreen pour conjuguer performance économique et énergétique. L’ensemble de ces solutions permettent in fine à nos clients d’accroître leur efficacité, de faire des économies d’énergie, de réduire les coûts, mais aussi d’améliorer sensiblement l’expérience client.
À travers cette édition, les participants ont eu l’occasion de découvrir « Digital Shanghai », un espace dédié aux infrastructures et services technologiques les plus impressionnants déployées dans la ville de Shanghai (i.e hôpital Zhongshan, hôpital Huashan, ou encore la Shanghai International Automobile City). Cela a permis de mettre en lumière les impacts positifs en termes de développement économique, d’amélioration du niveau de vie des citoyens et d’efficacité des opérations de la ville grâce aux TIC de nouvelle génération. Ce sont des scenarios types que nous étudions sur un temps long et que nous sommes en mesure d’adapter dans tous nos pays d’implantation.
« Poursuivre la coopération en faveur du déploiement pérenne de la 5G et de commencer à préparer l’ère 5.5G »
En participant au MWC Shanghai, nous réitérons notre engagement de nourrir, sans cesse, le dialogue entre tous les acteurs de l’écosystème. Dans cette optique, nous avons organisé de nombreuses tables rondes avec la participation d’opérateurs internationaux, de partenaires industriels et d’experts afin de poursuivre la coopération en faveur du déploiement pérenne de la 5G et de commencer à préparer l’ère 5.5G de sorte qu’elle soit créatrice de valeur pour tout l’écosystème.
Quelles sont, selon vous, les technologies qui vont impacter les prochaines années et sur lesquelles vos actions porteront en Afrique ?
L’émergence numérique en Afrique aura des impacts significatifs et sans précédent dans tous les secteurs de l’économie. Chez Huawei, nous aimons d’ailleurs parler d’économie numérique. Dans ce contexte, je crois fermement que l’innovation technologique sera avant tout déployée pour répondre à une double urgence à laquelle fait face le continent : accélérer l’accès à l’énergie pour les populations et accroître la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique en Afrique – tout en réduisant la dépendance à l’égard des énergies fossiles. Huawei travaillera avec ses partenaires pour fournir des produits et des solutions de réseaux innovants, intelligents, sécurisés et fiables aux opérateurs de télécommunications pour répondre à ces défis, mais aussi à d’autres industries en demande telles que le transport ou encore la manufacture.
Afin de participer à la valorisation des énergies renouvelables sur le plan international, Huawei continue d’investir dans sa division « Digital Power », qui couvre actuellement plus de 170 pays et régions – soit un tiers de la population mondiale. Nous mettons notre technologie au service de l’énergie verte. Au total, à la fin de l’année 2022, nos solutions créées et portées par notre unité « Digital Power » ont permis à nos clients de produire 695,1 milliards de kWh d’électricité à partir de sources renouvelables tout en faisant des économies à hauteur de 19,5 milliards de kWh – donc une réduction des émissions de CO2 de 340 millions de tonnes. C’est comme avoir planté 470 millions d’arbres. Des performances mesurables et non négligeables pour répondre à ces impératifs climatique et environnementaux. Chez Huawei, nous voulons, et surtout nous accompagnons, l’objectif neutralité carbone 2050 de l’ONU.
Chez Huawei, nous voulons, et surtout nous accompagnons, l’objectif neutralité carbone 2050 de l’ONU.
Ces initiatives sont d’ailleurs déployées en grand nombre sur le continent – ce sont, entre autres, nos axes prioritaires d’actions. Huawei a, par exemple, lancé en 2018 les solutions RuralStar et RuralStar Pro, révolutionnant la couverture réseau dans les zones rurales reculées d’Afrique. En outre, cette station de base a été conçue de façon à pouvoir être construite rapidement, à moindre coût sur des poteaux en bois et autoalimentée en énergie, tout en réduisant sa consommation énergétique. Grâce à cette révolution, plus de 5 000 villages et 20 millions de personnes ont eu accès à une connectivité fiable tout en garantissant un moindre impact environnemental.
Aujourd’hui, nous sommes en mesure d’apporter des réponses concrètes pour que le numérique soit une des réponses les plus efficaces pour lutter contre le changement climatique. Je souhaite mentionner une autre solution que nous avons lancée en Éthiopie poursuivant le même objectif. À ce jour, nous avons déployé plus de 400 sites solaires dans le pays en utilisant des solutions dites « Advanced Hybrid Power » ainsi que des Micro Grids intelligents (Smart Micro Grids) afin d’alimenter les stations de communication en énergie propre. Ces fermes photovoltaïques permettent d’économiser plus de 12 millions de litres de carburant diesel par an, de réduire les émissions de carbone de 2 850 de tonnes chaque année, et de résoudre le problème d’approvisionnement en énergie verte dans des territoires reculés.
La formation reste tout de même la pierre angulaire de la transformation numérique !
Avec le rayonnement du numérique en Afrique, le rôle et la place de la formation, et particulièrement celle des jeunes, est une question fondamentale. Ces talents d’aujourd’hui seront les ressources compétentes de demain. Ils ont une valeur inestimable dans la réussite de la transformation numérique du continent. C’est pourquoi nous appelons à fédérer l’ensemble des acteurs de l’écosystème autour d’un objectif unique : créer la force numérique africaine de demain.
Cette jeunesse dynamique et ambitieuse est dotée d’un esprit de créativité et d’innovation incroyables. Désormais, le système éducatif doit répondre aux nouveaux besoins sur le marché du travail, avec des financements et engagements forts dans les filières techniques et numériques. L’implication des entreprises est aujourd’hui indispensable pour aider à l’intégration de ces jeunes travailleurs sur le marché de l’emploi.
Dans cette perspective, chaque année, Huawei réitère son programme de formation phare à travers le continent. Par exemple, depuis 2014, le programme Seeds For The Future vise à développer des talents locaux qualifiés dans le domaine des TIC et à établir une communication entre les pays et les cultures – fin 2022, ce programme bénéficiait déjà à plus de 4 100 jeunes de 37 pays. L’investissement dans le capital humain encourage également la création d’entreprises attractives et compétitives (sur les marchés nationaux, régionaux et même internationaux) – ceci contribuant de manière significative à la création d’emplois et au rayonnement économique et social.
Quelles sont les perspectives de Huawei en Afrique, post-MWC ?
Cela fait plus de 20 ans que Huawei s’efforce de connecter les populations dans plus de 50 pays en Afrique. Notre mission reste inchangée en dépit des défis grandissant auxquels fait face le continent, en matière de démographie notamment – la population en Afrique devant doubler d’ici le milieu du siècle. Dans les villes surtout. En effet, les projections des Nations Unies et de la Banque africaine de développement sont spectaculaires : malgré un taux de croissance urbain en constant ralentissement sur le siècle, la part de la population urbaine africaine mondiale devrait doubler d’ici moins de quarante ans, passant de 11,3% en 2010, à 20,2% en 2050. Le taux d’urbanisation de l’Afrique augmenterait lui-même de 50%, pour passer d’environ 40% en 2010 à 50% vers 2035, voire à près de 60% en 2050, – environ 1,2 milliards d’urbains.
« Les défis sont nombreux mais le potentiel est immense »
Ainsi, en termes d’aménagement du territoire, d’éducation et de formation, ou encore de construction d’infrastructures essentielles, les défis sont nombreux mais le potentiel est immense. J’observe sur le continent une combinaison de nombreux facteurs qui nourrit mon optimisme : un taux de croissance de la population urbaine donc, mais aussi une classe moyenne émergente et une attractivité grandissante pour l’entrepreneuriat. C’est pourquoi nous nous tenons prêts à accompagner les autorités publiques dans ces nouvelles perspectives qu’offrent ces dynamiques – notamment en matière d’industrialisation et de transition énergétique.
Enfin, je voudrais souligner que le numérique est avant tout un outil au service du bien commun – ce faisant, il permettra de libérer l’immense potentiel du continent pour le hisser en première ligne des secteurs d’avenir stratégiques et ainsi accompagner ces révolutions en accordant une place majeure aux impératifs climatiques.