« L’IA est comme l’uranium, si on ne la régule pas et qu’on ne l’utilise pas de la bonne manière, elle peut détruire l’humanité ! » Ces mots de Dr Youssef Mazouz, Secrétaire général du Centre africain de la cybersécurité, en disent long sur l’anxiété due à l’utilisation de l’intelligence artificielle à grande échelle. Expert en technologie et en gouvernance numérique, Dr Youssef Mazouz a travaillé sur plusieurs initiatives visant à promouvoir l’utilisation responsable de l’IA en Afrique. Dans cet entretien, il s’adresse aux gouvernements, aux entreprises et aux citoyens.
CIO Mag : Comment pensez-vous que les gouvernements africains peuvent se préparer à l’introduction d’une législation sur l’IA ?
Dr Youssef Mazouz : Les gouvernements africains doivent tout d’abord s’informer sur les différentes approches réglementaires, car les défis liés à l’IA varient d’une région à l’autre et nécessitent des stratégies appropriées. Après cela, les gouvernements doivent commencer à aligner leurs stratégies avec les meilleures pratiques mondiales, en impliquant toutes les parties prenantes concernées telles que les experts en technologies, les universitaires, la société civile, les entreprises et les citoyens pour la mise en œuvre d’une loi africaine de l’IA sous l’égide de l’Union Africaine.
Quid des entreprises qui utilisent l’IA en Afrique ? Comment peuvent-elles se préparer en conséquence à de futures lois et réglementations ?
Les entreprises doivent adopter une approche proactive en matière de conformité. Elles doivent comprendre les exigences réglementaires dès maintenant, investir dans la formation de leurs employés pour garantir que leur utilisation de l’IA est éthique et transparente, et surveiller bien sur activement les développements réglementaires pour s’assurer qu’elles restent conformes à toutes les exigences législatives.
Les citoyens ordinaires aussi utilisent l’IA. Comment les impliquer dans le processus de mise en place de la législation sur l’IA en Afrique ?
Les citoyens doivent être informés sur les implications de l’intelligence artificielle et de ses utilisations potentielles, en particulier sur les questions éthiques et les questions de confidentialité des données. Les gouvernements doivent engager les citoyens dans le processus d’examen et de modification des projets de loi et de réglementations relatives à l’IA, pour prendre en compte leurs préoccupations et leurs besoins légitimes.
Pour conclure, comment voyez-vous l’avenir de l’IA en Afrique ?
Je pense que l’IA jouera un rôle de plus en plus important en Afrique dans les années à venir, en particulier avec la transition vers une économie numérique. Cependant, pour que l’IA puisse améliorer véritablement le développement socio-économique de la région, il est essentiel de mettre en place une législation réglementant son utilisation, tout en garantissant la protection des droits des citoyens et la promotion d’une utilisation éthique et responsable, enfin je peux dire que l’IA est comme l’uranium, si on ne la régule pas et qu’on ne l’utilise pas de la bonne manière, elle peut détruire l’humanité !