La 13è édition des Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA) s’est tenue les 20 et 21 novembre à Abidjan (Côte d’Ivoire) sur le thème : Alliance Cloud/IA, quelles perspectives pour l’Afrique ? Entre panels, keynotes et talk la délégation béninoise composée exclusivement de femmes dirigeantes de startups, a pris une participation active aux assises.
(Cio Mag) – Selon un rapport de Disrupt Africa publié en août 2024, parmi les 2 786 start-ups africaines actives au 1er juin 2024, seules 483, soit 17,3%, ont été fondées ou cofondées par des femmes. Une légère hausse par rapport à 2023 où ce taux était de 14,6%, preuve d’une progression vers une parité dans l’écosystème numérique.
Elles étaient moins d’une dizaine de femmes à prendre part à cette mission organisée par le Ministère du numérique et de la Digitalisation du Bénin, avec l’appui technique et financier du Centre de transformation digitale (CTD) du Bénin, à travers le projet BeninInnovation.
« […] les femmes africaines au cœur de cette transformation »
« IA inclusive ou sexiste ? » Ce sujet a suscité un débat entre d’éminents acteurs du numérique en Afrique. Au tour de cette table, Élodie Akotossodé, entrepreneure béninoise engagée, et fondatrice de Women in Tech Bénin. Avec ses douze années d’expériences dans le secteur, elle a son mot à dire : « l’intelligence artificielle peut transformer nos sociétés, mais seulement si elle inclut toutes les voix. Mon engagement, à travers mes responsabilités, est de garantir que les femmes africaines soient au cœur de cette transformation, non seulement comme utilisatrices, mais également comme conceptrices de solutions innovantes. »
Dans son développement, elle a mis en lumière des initiatives phares telles que Women IA & Data Academy, un programme destiné à former les femmes dans les métiers du Big Data et de l’intelligence artificielle, ainsi que les Clubs Girls In Tech, qui encouragent les jeunes filles à explorer les métiers du numérique dès le plus jeune âge.
En termes de retombées au retour des ATDA, Elodie Akotossode évoque , plusieurs axes d’amélioration pour optimiser l’organisation de la prochaine édition du Salon des Femmes dans l’Entrepreneuriat et le Numérique (SAFEN), afin d’en maximiser l’impact et l’efficacité et des connexions stratégiques établies avec des expertes féminines en technologie, ouvrant la voie à des collaborations et à des participations futures en tant qu’intervenantes ou partenaires. »
Première femme béninoise à intégrer le programme e-trade for Women de la CNUCED en 2019, un réseau mondial d’entrepreneures numériques, Élodie a aussi présenté la plateforme www.womenintech.bj développée avec le soutien de la GIZ et du CTD Bénin. Cet outil d’orientation, d’information, de formation et de mentorat s’adresse non seulement aux filles et femmes béninoises, mais également à celles de l’Afrique francophone.
« Au cours des ATDA 2024, j’ai appris énormément de choses sur l’IA, cet outil très puissant qui est à la fois un levier de croissance tout comme une arme de destruction, qu’il faudrait donc commencer à réguler dès aujourd’hui en Afrique. J’ai pu découvrir l’existence de plusieurs hébergeurs africains, installés au Bénin et des spécialistes en Intelligence Artificielle. C’était aussi une bonne opportunité pour moi de promouvoir ma solution, mes innovations et l’Association des E-Commerçants du Bénin. En marge de cela, j’ai rencontré des acteurs de le Tech ivoirienne qui m’ont vraiment impressionné, à l’exemple de MSTUDIO », a rapporté Elsa Lesly Guirendou Mourambou, experte et consultante en e-commerce.
Même si elle juge trop tôt les retombées de sa participation aux ATDA, Elsa Guirendou Mourambou, sous la casquette de porteuse de projet du drone Zangbéto annonce : « les retombées sont très prometteuses puisque j’ai identifié des entreprises avec lesquelles je pourrais collaborer notamment sur le projet de drone Zangbéto sur lequel je travaille et ma solution de livraison e-commerce KOLISEL qui a bien été appréciée par les acteurs que j’ai rencontrés. »
La délégation béninoise aux ATDA, Abidjan 2024
La sélection en 2015 au programme WHISPA, initié par Etrilabs et TEKXL a été un véritable coup de pouce pour Hadjara Ahouantchede, titulaire d’un master en architecture logicielle, et passionnée par l’entrepreneuriat. En 2021, elle crée Mara Academy, une plateforme numérique qui permet aux utilisateurs d’accéder à des formations en ligne dans diverses filières d’étude, notamment le marketing digital, le social media manager, etc. son ambition est d’offrir à chaque africain, une expérience d’apprentissage unique pour être compétitif sur le marché de l’emploi. Mara Academy est la réponse au chômage des jeunes en Afrique. Sa participation aux ATDA a été une occasion pour partager son modèle économique et la manière dont Mara Academy contribue à créer des emplois durables dans des domaines comme celui de l’Intelligence Artificielle.
Former les femmes aux compétences numériques
Pour ouvrir la voie à des opportunités pour la gent féminine, notamment les startups, il faut les former. C’est cela qu’a rappelé Gloria Ahonoukoun, lors de son panel sur « l’avenir du travail en Afrique à l’ère de l’intelligence artificielle et du cloud » : « Former les femmes aux compétences numériques et technologiques du futur leur permet de saisir les opportunités offertes par ces innovations et contribuer activement au développement de leurs communautés et de leurs pays », va-t-elle insister.
Dans le panel « regards croisés » sur l’Intelligence artificielle, la tropicalisation des cas d’usage, les enjeux et les solutions à porter par le contexte et les données africaines, Hermione Denakpo, doctorante en IA tranche : « tropicalisation et local content vont de pair. » Non sans plus, elle a abordé la stratégie mise en place au Bénin pour faire de l’IA un levier de croissance stratégique ainsi que l’approche hybride à adopter en matière d’IA.
Comme leurs homologues, Corinna Loco et Clarisse Sero Tamou ressortent de cette expérience des ATDA enrichies de belles rencontres et avec le désir de continuer à pleinement s’engager pour le développement de solutions technologiques plus inclusives en réponse aux défis de nos sociétés.
Les échanges techniques et le réseautage ont été clôturés par une visite d’immersion dans l’écosystème numérique de la Côte d’Ivoire. La délégation béninoise s’est rendue à l’incubateur Mstudio, du VITIB S.A. et a rencontré la communauté des Abidjanaises In Tech afin de réfléchir aux synergies possibles. Rendez-vous au Salon de l’entrepreneuriat numérique et de l’intelligence artificielle (SENIA) 2025 pour poursuivre les échanges passionnants autour de l’IA et d’autres questions numériques.