
En marge à la commémoration de la journée mondiale de la liberté de presse ce 3 mai, Amnesty International, Reporters sans frontières (RSF) et Internet sans frontières ont signé un communiqué de presse conjoint dans lequel elles évoquent l’urgence de protéger la liberté de la presse au Bénin.
(Cio Mag) – Le communiqué rappelle que depuis le début de l’année, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a suspendu « jusqu’à nouvel ordre » deux journaux, trois sites Internet d’information et un compte d’information Tik Tok. Une vague de sanctions qui fait suite à une série de mesures similaires prises en 2023 et 2024.
Pour Amnesty International, Reporters sans frontières et Internet sans frontières, « ces suspensions contreviennent aux normes produites par le Comité des droits de l’homme des Nations unies, qui stipulent clairement que les interdictions générales de fonctionnement de certains sites et systèmes ne sont pas compatibles avec le droit à la liberté d’expression, pas plus que l’octroi de licences par l’État pour autoriser le travail des journalistes, comme le prévoit la législation béninoise. »
« Aucun des motifs légitimes de restriction de la liberté d’expression prévus par le droit international n’est invoqué dans ces cas de censure [au Bénin]. Les sanctions de la HAAC menacent également la survie économique des médias et de leurs employés. Il s’agit d’une atteinte intolérable à la liberté de la presse », a déclaré Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de Reporters sans frontières.
« Le Code du numérique contient des dispositions qui permettent les atteintes à la liberté d’expression observées ces derniers mois. Sa révision est l’occasion d’inverser cette tendance inquiétante et de protéger davantage la liberté de la presse », a déclaré Dieudonné Dagbéto, directeur exécutif d’Amnesty
International Bénin. Qemal Affagnon, coordinateur régional pour l’Afrique de l’Ouest d’Internet sans frontières, a indiqué que « la HAAC s’appuie sur l’actuel Code du numérique pour punir tous ceux qui
commettent des actes délictueux […] Il est essentiel pour garantir la liberté d’expression et l’indépendance de la HAAC. »
Suite à ces avis argumentés, le communiqué a rappelé les recommandations formulées par Amnesty International au Bénin lors du 4ème cycle de l’Examen Périodique Universel, lesquelles stipulent notamment la révision du Code du numérique. Le Bénin avait donné un avis favorable à plusieurs recommandations visant à garantir l’indépendance de la HAAC et à réviser le Code du numérique, en
particulier l’article 550 qui restreint indûment le droit à la liberté d’expression en prévoyant des
peines d’emprisonnement pour des infractions telles que la diffusion de fausses informations et
le harcèlement par le biais de communications électroniques.