L’intelligence artificielle générative (IAG) s’impose aujourd’hui comme un catalyseur de transformation pour les directions financières (DF) des entreprises. Aux côtés de cette technologie, l’intelligence artificielle analytique, qui exploite les données massives pour affiner les analyses et les prévisions, complète cette révolution. Loin d’être un simple effet de mode, cette double évolution redéfinit en profondeur les pratiques, les compétences et même la structure des départements financiers. À travers l’éclairage de Yawo-Messah Amoudji, consultant expérimenté en transformation numérique des fonctions financières, cet article décrypte les enjeux, les défis et les opportunités de cette mutation.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon une étude McKinsey d’août 2023, 25 % des cadres dirigeants utilisent déjà des outils d’IA générative dans leur quotidien professionnel, et 40 % des entreprises prévoient d’augmenter leurs investissements dans ce domaine. « Dans un monde où l’IA se déploie de manière omniprésente, les directions financières sont à l’aube d’une révolution majeure », analyse MeltOne, cabinet de conseil en management.
Cette vague technologique ne se limite pas à l’automatisation de tâches répétitives. Elle bouleverse également l’organisation interne, les compétences attendues et le rôle même du directeur financier (CFO). Les entreprises doivent dorénavant composer avec de nouveaux impératifs : maîtrise des algorithmes, éthique, sécurité des données et conformité réglementaire, tout en exploitant le potentiel de l’IA générative et analytique pour optimiser la prise de décision.
L’IA générative : accélérateur de productivité et d’expertise
Pour Yawo-Messah Amoudji, l’impact de l’IA générative est « indéniable, mais doit être abordé avec lucidité » même si les premiers retours d’expérience, principalement dans les grandes entreprises, sont prometteurs : « On observe des gains de productivité significatifs, jusqu’à 30 % de temps gagné, une automatisation des tâches répétitives et des opportunités pour les collaborateurs de monter en compétences sur des sujets à plus forte valeur ajoutée.»
Loin de se limiter à la réduction des coûts ou à l’accélération des processus, l’IAG enrichit la fonction financière. Elle permet notamment d’affiner les analyses, d’améliorer la qualité des prévisions et de personnaliser les rapports en temps réel, grâce à l’intégration continue de données actualisées. « Résultat? Une gestion plus précise des ressources et une stratégie plus réactive, mieux alignée avec les enjeux du moment », souligne le consultant.
Un défi avant tout humain
Si la technologie est prête, le principal obstacle reste humain. Les directions financières doivent désormais attirer et former des talents capables de naviguer entre finance, data visualisation et compréhension des enjeux de l’IAG. « Le défi des DAF ne sera pas technologique mais humain », insiste Yawo-Messah Amoudji.
Selon lui, la pénurie de compétences, la fuite des talents et le cloisonnement entre équipes IT et financières complexifient la transformation. « Les entreprises sont confrontées à une conjoncture économique complexe, à une nouvelle génération (génération Z) avec laquelle il faut apprendre à collaborer, et à un rythme d’innovation technologique qui dépasse parfois les métiers traditionnels », rappelle-t-il.
Le CFO, un rôle en pleine mutation
Dans cette évolution rapide de la direction financière, il sera intéressant de voir aussi la transformation du profil du CFO. Sera-t-il plus visionnaire et gardien de la prise de décision dans l’entreprise ? « Le rôle du CFO devient plus central dans la prise de décision stratégique. Mais il ne s’agit plus du CFO “classique”, affirme Yawo-Messah Amoudji. Avec l’arrivée de l’IA et des outils digitaux, le CFO de demain devra conserver une solide expertise financière tout en développant une vraie culture technologique. »
Dans la grisaille, un nouveau métier émerge : celui du Directeur des systèmes d’information financiers (DSIF), à la croisée de la finance et de l’IT. Ce professionnel hybride sera garant de systèmes d’information efficaces, capables de piloter la performance et d’éclairer les décisions stratégiques.
Big Data, IA et valeur ajoutée
En ce qui concerne l’exploitation des données massives (Big Data) couplée à l’intelligence artificielle analytique (Machine Learning, modèles prédictifs, etc.), elle constitue un levier de performance majeur. « Ignorer la “data”, c’est renoncer à l’un des actifs les plus précieux du 21e siècle », prévient le consultant. Toutefois, il met en garde : « Ces projets nécessitent des investissements conséquents, en temps, en compétences et en technologie. »
Les IA génératives, bien intégrées, offrent un bon rapport coût/efficacité pour répondre à des besoins ciblés. Mais une implémentation globale requiert une stratégie claire et des ressources adaptées. « Lorsqu’ils sont bien structurés, poursuit Yawo-Messah Amoudji, ces outils peuvent devenir des atouts majeurs pour la performance et la résilience financière des entreprises. »
Des enjeux multiples à surveiller
Cela dit, l’utilisation de l’IAG en finance ne se limite pas à l’optimisation interne. Selon le consultant, les directions financières doivent rester vigilantes face aux évolutions externes telles que le changement climatique, les mutations du secteur agricole, les décisions politiques et les réformes fiscales, juridiques et sociales. « Pour exploiter tout le potentiel de l’IA dans les décisions financières, il faut surveiller ces grands enjeux qui structurent le cadre économique », soutient Yawo-Messah Amoudji.
Autant le dire : l’IA générative s’impose comme un atout incontournable pour les directions financières. A condition d’être intégrée dans une démarche stratégique globale. Automatisation, réduction des erreurs, analyses enrichies, prévisions personnalisées : les bénéfices sont nombreux. Mais la réussite de cette transformation dépendra avant tout de la capacité des organisations à accompagner le changement humain et à développer de nouveaux profils hybrides.
Comme le résume Yawo-Messah Amoudji : « L’IA générative représente une véritable opportunité pour les directions financières. Elle permet de réduire les erreurs humaines, d’automatiser les tâches répétitives et d’accélérer la production des rapports. Mais son intérêt va bien au-delà de l’efficacité opérationnelle : elle enrichit aussi la prise de décision grâce à des analyses plus fines et plus rapides. »
L’avenir de la fonction financière s’écrit donc à la croisée de la technologie et de l’humain, avec l’IA comme moteur d’une nouvelle ère de performance et de résilience.
