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L’Afrique de l’Ouest franchit une nouvelle étape majeure dans le développement de ses infrastructures de connectivité grâce à l’expansion d’un réseau de fibre optique transfrontalier, qui relie désormais Abidjan à Monrovia. Cette nouvelle dorsale, construite par CSquared, vient s’ajouter à l’infrastructure déjà existante entre Accra et Lagos, et s’inscrit dans un ambitieux projet d’interconnexion régionale impliquant également le Burkina Faso, la Sierra Leone, le Mali, la Guinée, le Sénégal et le Niger.
(CIO Mag) – C’est une initiative qui vise à bâtir ce que CSquared qualifie de « super autoroute » ouest-africaine : une infrastructure de connectivité à la fois de très haute disponibilité et de haute capacité, qui offrira une alternative essentielle aux réseaux de câbles sous-marins traditionnels.
En effet, la connectivité sous-marine achemine actuellement plus de 99% du trafic Internet mondial. Bien qu’elle soit vitale, cette infrastructure présente des points de défaillance uniques. En cas de panne ou de dommages – comme lors du récent black-out Internet ayant paralysé plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest le 14 mars 2024 –, les câbles sous-marins peuvent entraîner une véritable coupure numérique dans des zones entières, freinant ainsi la croissance, l’accès aux services et les échanges économiques.
C’est pourquoi Ian Paterson, directeur général de CSquared, insiste sur la dimension stratégique de cette infrastructure de connectivité terrestre qui « représente bien plus qu’une simple fibre ». Selon lui, il s’agit de bâtir une base numérique plus solide pour l’avenir de l’Afrique de l’Ouest. « En améliorant la connectivité régionale et en intégrant les capacités sous-marines, dit-il, nous fournissons l’infrastructure dont les gouvernements, les opérateurs et les communautés ont besoin pour prospérer dans un monde numérique. »
Renforcer la résilience des pays enclavés
L’enjeu est d’autant plus crucial pour les pays enclavés de la région, qui souffrent d’un accès limité à une connectivité transfrontalière fiable. En fournissant des itinéraires alternatifs à faible latence et mieux répartis géographiquement, ce réseau de fibre optique transfrontalier entend renforcer la résilience face aux aléas techniques ou géopolitiques susceptibles d’affecter la connectivité sous-marine. Ainsi, cette super autoroute de fibre optique permettra non seulement de réduire la dépendance aux câbles sous-marins, mais aussi de stimuler les échanges intra-régionaux.
Selon le directeur technique, Samuel Owusu Yeboah, le modèle d’accès ouvert adopté par CSquared facilite l’intégration, encourage la collaboration transfrontalière et favorise l’émergence de nouveaux services numériques qui soutiennent à la fois les économies nationales et le commerce régional.
“Dernier kilomètre” terrestre
Déjà opérateur en tant que partenaire principal d’atterrissage du câble sous-marin Equiano au Togo, CSquared ambitionne de jouer un rôle clé dans le “dernier kilomètre” terrestre, en étendant la capacité sous-marine au cœur des territoires, assurant ainsi une connectivité durable et souveraine.
Cette infrastructure exploite en outre des technologies optiques avancées et ouvertes, permettant de multiples points d’interconnexion avec des réseaux régionaux, des centres de données et des stations d’atterrissement.
En définitive, ce réseau transfrontalier de fibre optique promet de transformer profondément la manière dont les pays ouest-africains se connectent entre eux et avec le reste du monde, en minimisant les risques liés aux points de défaillance uniques des câbles sous-marins.