Côte d’Ivoire : la contribution des VTC au rajeunissement du parc automobile, un phénomène discret mais majeur

Le vendredi 22 août 2025 à Abidjan, le premier module du programme Breakfast with Yango, consacré à « L’Économie des plateformes numériques », a mis en lumière un phénomène discret mais majeur qui transforme la mobilité urbaine ivoirienne : la contribution des Voitures de transport avec chauffeur (VTC) au rajeunissement du parc automobile national. Porté par les plateformes numériques et leurs partenaires, ce mouvement s’inscrit dans un contexte de forte croissance des ventes de véhicules neufs.

(CIO Mag) – Le marché automobile ivoirien connaît une dynamique notable. Entre 2017 et 2018, le nombre de véhicules vendus est passé d’environ 8 000 à 11 400 unités, selon le Groupement des concessionnaires. Par ailleurs, entre 2023 et 2024, le nombre de véhicules neufs immatriculés a encore augmenté, passant de 20 192 unités en 2023 à plus de 27 000 véhicules neufs enregistrés en 2024.

Cette envolée s’explique notamment par deux décisions politiques majeures. D’une part, l’interdiction des importations de véhicules d’occasion âgés de plus de cinq ans, mise en œuvre depuis 2018, a considérablement limité l’arrivée massive de voitures vétustes, souvent importées via des pays voisins comme le Bénin. D’autre part, la politique de restriction des motos-taxis à Abidjan depuis 2019 a déplacé une grande partie de la clientèle vers les voitures, dopant ainsi la demande pour des véhicules personnels et des VTC.

Conséquence directe de cette réglementation, les véhicules neufs prennent progressivement le pas sur les véhicules d’occasion, contribuant ainsi efficacement au rajeunissement de la flotte automobile ivoirienne.

Le rôle déterminant des VTC

Dans ce contexte en pleine mutation, les plateformes de VTC occupent une place centrale. Contrairement aux taxis traditionnels souvent vieillissants, les VTC tels que Yango (fer de lance de l’activité depuis 2018) exigent des véhicules généralement neufs ou récents, ce qui pousse leurs chauffeurs à acquérir des voitures modernes. En particulier, les modèles produits par Suzuki — notamment les populaires Maruti Suzuki DZire, S-Presso et Alto — sont massivement adoptés par les chauffeurs VTC.

Pour les acteurs du transport, cette exigence d’un parc récent poursuit plusieurs objectifs : renforcer la sécurité routière, réduire la pollution et améliorer la qualité du service offert aux clients.

Sensibilisation et sécurité

Au-delà de l’investissement matériel, les plateformes de VTC accordent une importance capitale à la formation et à la professionnalisation de leurs chauffeurs. Ce premier module du programme Breakfast with Yango a mis en exergue les leviers d’une mobilité plus sécurisée. Sabine Djokoto-Ayité, responsable des relations publiques pour l’Afrique francophone chez Yango, a notamment insisté sur la collaboration avec l’Office de Sécurité Routière (OSER), qui offre aux chauffeurs VTC des formations approfondies sur la sécurité au volant et le respect du code de la route.

Par ailleurs, elle a évoqué la formation aux premiers secours dispensée en partenariat avec la Croix-Rouge ivoirienne, visant à renforcer la sécurité de tous les usagers de la route. Enfin, des contrôles de santé gratuits sont régulièrement réalisés pour les chauffeurs afin de s’assurer de leur aptitude à conduire en toute sécurité.

Largement soutenu par l’expansion des VTC, le renouvellement du parc automobile devrait s’intensifier grâce à l’amélioration continue des infrastructures numériques et à l’acquisition progressive de véhicules écologiques, notamment électriques ou hybrides, intégrant ainsi les exigences croissantes en matière de développement durable. En 2019, Business France estimait la taille du marché ivoirien à plus de 600 000 véhicules.

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
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