Côte d’Ivoire : le Guichet unique du commerce extérieur vers un Port Community System (PCS) inclusif et conforme aux normes internationales

Cet atelier visait à renforcer la coopération entre tous les acteurs clés de la chaîne logistique du commerce extérieur pour un déploiement complet et efficace du PCS.

Le mardi 16 septembre 2025, Abidjan a accueilli un atelier d’échange organisé par le Guichet unique du commerce extérieur de Côte d’Ivoire (GUCE-CI), en partenariat avec l’Union des consignataires et armateurs de Côte d’Ivoire (UCACI) et les opérateurs de terminaux portuaires. Cette rencontre s’inscrit dans la dynamique de déploiement complet d’un Port Community System (PCS) moderne et performant. Plateforme technologique essentielle pour tous les acteurs, le PCS vise à digitaliser et fluidifier les échanges logistiques et commerciaux dans le pays. Explications.

(CIO Mag) – Le Port Community System est une plateforme numérique intégrée qui facilite l’échange d’informations entre les différents acteurs intervenant dans les opérations portuaires. Selon Touré Abdoulaye, directeur des études et du développement au GUCE-CI, le PCS vise à interconnecter les consignataires, les armateurs, les terminaux et autres intervenants logistiques — notamment dans les aéroports — par un point unique d’échange d’informations. L’objectif principal est de gagner du temps et d’optimiser les procédures portuaires et commerciales. Le PCS permet surtout d’éviter la surestimation des coûts des marchandises, ce qui bénéficie directement à la population ivoirienne en réduisant les coûts additionnels.

e-Voyage, e-Manifeste et e-Deo : les modules du PCS

M. Sidibé, expert au GUCE-CI, ajoute que le PCS est une solution structurante qui accélère la digitalisation des procédures de dédouanement. Cette initiative repose sur trois applications clés, chacune correspondant à un module du PCS.

e-Voyage, le premier module lancé, gère l’annonce des moyens de transport, tels que les navires acheminant les marchandises, avant leur entrée dans les eaux ivoiriennes. Il permet d’obtenir en ligne les autorisations nécessaires. Le deuxième module, e-Manifeste, est la dématérialisation complète du manifeste, le document douanier principal qui identifie et trace les marchandises. Ce système est interconnecté aux armateurs internationaux pour un suivi en temps réel de la marchandise, ce qui facilite la déclaration en douane. Enfin, le module e-Deo (Delivery Order), qui sera bientôt mis en exploitation, était l’objet principal de l’atelier. Ce module assure l’interaction entre les consignataires et les armateurs pour faciliter la sortie des marchandises des terminaux et garantir la fluidité des opérations à la gare portuaire.

98 % des opérateurs satisfaits

Franck Hervé Gbalou, président de l’UCACI, est intervenu au cours de cet atelier pour insister sur l’importance du déploiement complet du PCS. Il s’est dit satisfait de l’utilisation actuelle d’e-Manifeste par 98 % des opérateurs, ce qui marque une étape cruciale dans la digitalisation des opérations.

Selon lui, tous les acteurs souhaitent fermement la transition vers un système totalement digitalisé d’ici le 1ᵉʳ janvier. Elle permettra de réduire significativement les coûts liés aux pénalités dues aux retards et à la paperasse. M. Gbalou a rappelé que pour un port aussi stratégique qu’Abidjan, avec ses deux grands terminaux à conteneurs, il est essentiel d’être à la pointe de la digitalisation pour renforcer sa position de hub régional compétitif.

Pratiques fragmentées et lourdeurs administratives

Avant le lancement des deux premiers modules (e-Voyage et e-Manifeste) du PCS, les acteurs de la chaîne portuaire étaient confrontés à des pratiques fragmentées et manuelles. Chaque entité, qu’il s’agisse de la douane, des autorités portuaires ou des autres administrations, disposait de systèmes isolés. Cela obligeait les opérateurs à multiplier les déplacements d’un bureau à l’autre pour soumettre les documents nécessaires. Cette fragmentation compliquait la traçabilité des marchandises et rallongeait considérablement les délais de traitement.

Ces pratiques, découlant d’un manque d’intégration des systèmes d’information, illustraient la faible digitalisation des procédures. En conséquence, les opérateurs étaient contraints par des processus papier lourds et chronophages. Cette situation entravait la fluidité de la chaîne logistique et exposait les acteurs à des risques institutionnels et financiers. La lenteur des procédures accentuait la complexité de la situation et pouvait entraîner une surestimation des coûts des marchandises. Les délais prolongés généraient un surcoût injustifié pour les importateurs et, in fine, pour la population consommatrice qui devait supporter ces charges supplémentaires.

Accélérer la digitalisation des procédures

Pour sortir de cette impasse, le GUCE-CI met en œuvre un Port Community System inclusif et moderne en Côte d’Ivoire, au bénéfice de toutes les parties prenantes du commerce extérieur ivoirien. La première phase du projet a consisté en un atelier avec les consignataires et les armateurs. Ce second atelier a intégré les terminaux afin de mieux comprendre les échanges documentaires et d’identifier les besoins spécifiques liés à la digitalisation. L’objectif est de renforcer la coopération entre tous les acteurs clés de la chaîne logistique du commerce extérieur et d’assurer une large participation des terminaux et des consignataires au déploiement complet et efficace du PCS.

Lire aussi » Côte d’Ivoire : le Port Community System, une nouvelle ère d’innovations pour la chaîne logistique du commerce extérieur

Ce projet, au-delà de ses bénéfices pour le commerce et la logistique, vise à apporter un gain de temps, une réduction des coûts et une meilleure compétitivité aux acteurs économiques et à la population.

Ce faisant, le GUCE-CI, sous la direction de son directeur général, M. Kitifolo Kignman-Soro, continue d’accompagner cette transition digitale irréversible. En ligne de mire de cette initiative, il s’agit également de positionner le Port autonome d’Abidjan comme un hub régional incontournable, à la hauteur de ses ambitions après 75 ans d’excellence opérationnelle.

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
En savoir plus

View All Posts

Pin It on Pinterest