Pour Sidi Mohamed Kagnassi, l’autonomie stratégique doit être le cœur du développement de l’IA en Afrique

  • Par CIO MAG
  • 31 octobre 2025
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Devenir un acteur majeur de l’IA : cette ambition guide plusieurs États d’Afrique. Pour y parvenir, ils doivent bâtir un écosystème associant la recherche, la formation, l’entrepreneuriat technologique et la puissance de calcul. Pour l’entrepreneur Sidi Mohamed Kagnassi, il leur faut surtout s’appuyer sur un socle technologique souverain. Déjà engagés dans cette voie, plusieurs pays renforcent actuellement leurs infrastructures nationales de calcul haute performance. Panorama d’un secteur stratégique pour l’avenir de l’Afrique.

« Ce datacenter est un symbole de ce que l’Afrique peut accomplir. Il porte un message d’espoir : les technologies de pointe – en particulier l’IA – peuvent s’épanouir sur notre continent ». Observateur avisé du secteur numérique ouest-africain, l’entrepreneur Sidi Mohamed Kagnassi salue la récente inauguration d’un datacenter à Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire.

En moins de huit mois, l’opérateur ivoirien ST Digital a bâti ce centre de données de niveau Tier 3, capable de répondre aux exigences des modèles d’IA les plus avancés. Pour Anthony Same, fondateur et DG de ST Digital, cet équipement « écoresponsable » va « renforcer significativement la souveraineté numérique » de la Côte d’Ivoire. « Il offre au pays une infrastructure conforme aux standards internationaux, capable d’héberger données et applications en toute sécurité, dans le respect strict des réglementations nationales », a-t-il précisé lors de l’inauguration.

Chaque pays africain doit « disposer de ses propres datacenters, soumis à ses propres lois » (Sidi Mohamed Kagnassi)

Ce datacenter est une illustration parmi d’autres de la volonté de nombreux pays africains – Afrique du Sud, Nigeria, Maroc, Ghana, Kenya… – d’investir dans les hautes technologies de rupture, en priorité l’IA. « Cette technologie est une opportunité majeure pour l’Afrique. Les talents et la volonté existent. États et entreprises doivent investir dans la recherche, la formation, l’innovation. Mais, pour faire du continent un bastion mondial de l’IA, le nerf de la guerre reste la puissance de calcul », témoigne Sidi Mohamed Kagnassi.

Le marché mondial du cloud est dominé par les hyperscalers américains (AWS, Microsoft Azure, Google, Oracle) et, dans une moindre mesure, chinois (Alibaba, Tencent). Dans ce contexte, « avoir nos propres infrastructures est devenu une nécessité impérative », pointe Anthony Same. Sidi Mohamed Kagnassi va plus loin : « la souveraineté doit être le cœur du développement de l’IA en Afrique. Sans refuser les partenariats technologiques, nous devons éviter le piège de la vassalité numérique vis-à-vis des États-Unis ou de la Chine. Dépendre du bon vouloir d’acteurs extérieurs, rester sous la menace d’une ingérence étrangère dans nos données les plus stratégiques n’est pas acceptable. À terme, chaque État africain doit disposer de ses propres datacenters, soumis à ses propres lois ».

La souveraineté numérique, priorité politique en Afrique

De nombreux gouvernements africains ont d’ailleurs placé la souveraineté numérique en haut de leur agenda politique. Début octobre 2025, le président ghanéen John Dramani Mahama a ainsi appelé à développer une « souveraineté numérique africaine ». Cette question est également au cœur du « New Deal Technologique » présenté par le Sénégal en février 2025, du plan numérique 2030 de la Côte d’Ivoire ou des lois de protection stricte des données nationales en Algérie et au Kenya. Elle sous-tend aussi la volonté partagée par l’Afrique du Sud, géant continental des infrastructures numériques, et le Nigeria de développer des datacenters locaux neutres, en imposant la localisation nationale des données.

Le continent dispose déjà de plusieurs centres de données souverains, gérés par l’État ou par des acteurs privés engagés, comme ceux de Dataxion en Tunisie et de l’UM6P au Maroc, le datacenter national de Diamniadio, au Sénégal, ou le futur « Centre national des données » de Côte d’Ivoire. L’Afrique du Sud et le Nigeria font figure de locomotives, avec plusieurs infrastructures indépendantes des hyperscalers américains, déjà en service ou en projet.

Les serveurs de dernière génération de ces datacenters souverains autorisent l’exécution des modèles d’IA les plus exigeants, ouvrant la voie à une révolution numérique. « Ces initiatives étatiques visant à garantir un cadre souverain aux futurs modèles d’IA devraient faciliter la convergence des talents et des expertises. Dans la course mondiale à l’IA, l’Afrique doit jouer toutes ses cartes, sans tarder », conclut Sidi Mohamed Kagnassi.

CIO MAG

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