Cocoa4future : l’intégration technologique, levier de durabilité socio-économique de la filière cacao ouest-africaine

L’atelier de clôture du projet Cocoa4future à Abidjan (2 – 3 décembre 2025), a mis en lumière l’intégration de l’innovation technologique et de l’agroforesterie pour transformer durablement la filière cacao ouest-africaine. Ce projet assure ainsi performance économique et résilience climatique aux producteurs.​

(CIO Mag) – La cacaoculture, pilier essentiel de l’économie de Côte d’Ivoire et du Ghana, se trouve à la croisée des chemins. En Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, la filière représente 30% du PIB et 40% des recettes d’exportation. Cependant, ce secteur vital fait face à des menaces existentielles : perturbations climatiques (sécheresse, mauvaise répartition des pluies), déforestation, volatilité des prix mondiaux, et surtout l’émergence de maladies et ravageurs, comme le Cacao Swollen Shoot Virus (CSSV).​

Selon le Pr Bamba Aboudramane, du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), le CSSV constitue une préoccupation majeure, avec une réduction de 30 à 40% de la production de cacao en Côte d’Ivoire, générant d’importantes pertes pour l’État. Patrick Jagoret, agronome au CIRAD et coordonnateur du projet Cocoa4future, résume la situation : « On est un peu à la croisée des chemins en Côte d’Ivoire et au Ghana. Un des grands enjeux, c’est de continuer à produire du cacao au niveau actuel… mais de façon beaucoup plus durable ».​

Une réponse partenariale et pluridisciplinaire

Financé par l’initiative européenne DeSIRA (6 millions d’euros de l’UE et 1 million de l’Agence française de développement – AFD), Cocoa4future répond à cette crise de durabilité en plaçant l’humain et l’environnement au cœur de la cacaoculture de demain. Le projet a été mené en Côte d’Ivoire et au Ghana, entre 2020 et 2025, en partenariat avec plusieurs institutions de recherche.

Il s’est concentré sur deux objectifs liés : diffuser des systèmes agroforestiers cacaoyers performants et adaptés aux attentes des producteurs, et promouvoir la durabilité socio-économique des exploitations.​

Comment allier performance économique, respect des écosystèmes et conformité aux normes internationales ? Cet enjeu est d’autant plus pressant avec le règlement européen anti-déforestation. Un alignement salué au cours de cet atelier par Laura Desmoulin, représentante de l’UE en Côte d’Ivoire : « Cette initiative s’aligne parfaitement avec la stratégie Global Gateway de l’Union européenne, qui vise à promouvoir des investissements durables et à combattre la déforestation. Cocoa4future est un laboratoire d’innovation agronomique et un vecteur pour préparer la filière aux normes internationales.»

Innovations et perspectives

Le projet a intégré technologies et agroécologie pour contrer le CSSV via des outils de prévision des risques et des méthodes alternatives à l’arrachage systématique.

Aussi, le MESRS priorise l’agriculture de précision par les sciences numériques et spatiales, vision que Cocoa4future incarne pleinement.

​Cocoa4future a démontré, en outre, des pratiques diversifiant les revenus, renforçant la résilience climatique et préservant les ressources, comme l’a rappelé Mme Desmoulin. Les systèmes agroforestiers améliorent ainsi la qualité organoleptique du cacao, favorisant sa valorisation sur les marchés internationaux.

Les résultats probants ouvrent une phase de déploiement : renforcement des politiques publiques, mobilisation du secteur privé et soutien aux producteurs pour une filière résiliente et prospère.

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
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