A Abidjan, les ATDA 2024 s’ouvrent sous le signe d’une « nouvelle étape dans la transformation numérique » de l’Afrique

Mohamadou Diallo, fondateur des ATDA

La messe des Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA) a encore été dite cette année. C’est Abidjan, la capitale de la république de Côte d’Ivoire, qui a accueilli les porte-voix et acteurs de l’écosystème africain du numérique pour échanger autour d’un thème assez évocateur pour cette 13è édition à savoir : « alliance Cloud/IA : quelles perspectives pour l’Afrique ? »

(Cio Mag) – « Depuis bientôt 15 ans, les ATDA sont devenues bien plus qu’un simple événement. Elles sont un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui œuvrent à construire un avenir numérique prospère pour notre continent. Un espace où se croisent les esprits les plus brillants, où les idées les plus audacieuses prennent forme et où les partenariats les plus fructueux se tissent », précise Mohamadou Diallo, fondateur des ATDA.

Alors que cette 13è édition des ATDA marque un ancrage assez poussé pour façonner les réalités contemporaines et futures du numérique sur le continent, elle vient rappeler la nécessité d’un espace de partage d’expériences, d’échanges et de recommandations pour le développement durable et inclusif du numérique en Afrique. Ce besoin a permis de rassembler des représentants des Etats, des experts, des politiques, des startups et des décideurs à divers niveaux dans des panels et keynotes aussi variés qu’instructifs.

« Cette année, poursuit Mohamadou Diallo, nous nous retrouvons dans une Afrique qui a considérablement évolué. L’épidémie de Covid-19 a accéléré la transformation numérique dans tous les secteurs, révélant à la fois les défis et les opportunités immenses qui s’offrent à nous. L’intelligence artificielle et le cloud computing sont désormais au cœur de nos préoccupations, offrant des perspectives nouvelles pour le développement économique et social. »

« L’alliance cloud/IA offre une opportunité […] »

Sujet d’actualité, l’Intelligence artificielle est aujourd’hui omniprésente dans les débats en rapport avec le numérique. Si l’Afrique continue d’être à la traîne, elle consent tout de même des efforts impressionnants pour s’arrimer aux technologies nouvelles. Entre la façon dont le Cloud et l’IA peuvent façonner l’avenir du continent, le niveau d’évolution du Cloud en Afrique, la diversité des acteurs et des modèles entre les startups et les entreprises de services numériques (ESN), les débats abordent par ailleurs l’adoption des stratégies nationales d’IA et du Cloud en Afrique ou encore la tropicalisation des cas d’usage, des enjeux et des solutions à porter par le contexte et les données africaines.

Les participants ont massivement fait le déplacement

Dans d’autres espaces d’échanges, les solutions pour surmonter les obstacles à l’administration électronique en Afrique et les tendances à l’ère de l’IA en ce qui concerne la digitalisation des grandes entreprises ou PME africaines font débat. Il en est de même pour la gouvernance agile et durable, notamment le renforcement de l’efficacité, la performance et l’évaluation de l’action publique ou encore les solutions pour un écosystème africain en pleine croissance pour optimiser l’infrastructure avec l’IA.

De son point de vue, Gabriela Ramos, sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines à l’UNESCO trouve que les échanges vont bien au-delà des simples sujets sur le progrès technologique. Pour elle, il s’agit de promouvoir une croissance numérique inclusive et durable, de réduire les fossés qui se creusent et de s’assurer que les bénéfices de l’innovation numérique atteignent tous les pans de la société.

A l’en croire, ces solutions doivent être trouvées face aux défis sans cesse croissants auxquels l’Afrique se trouve confrontée : « selon le rapport de l’UIT 2020-2023, 57% des citadins avaient accès à Internet contre 23% dans les centres ruraux. Les disparités en matière d’accès et d’opportunités pour les femmes et les couches défavorisées sur un défi pour le continent. A l’échelle mondiale, les femmes ne représentent que 22% de la main d’œuvre de l’IA et en Afrique, cet écart est entravé par un accès limité aux compétences numériques. »

Gabriela Ramos rassure : « L’UNESCO s’est engagée à aider les Etats à relever ces défis. Une de nos priorités est de promouvoir la diversité et l’inclusion dans le développement de l’IA. L’alliance cloud/IA offre une opportunité unique de stimuler le développement durable et l’innovation tout en s’attaquant aux inégalités systémiques. »

Synergie d’action autour de l’IA

Véritable carrefour d’innovation en Afrique de l’ouest, la Côte d’Ivoire accueille la 13è édition des ATDA. Le pays des éléphants a été choisi parce qu’il apparaît comme un modèle en matière d’innovation numérique en Afrique ; doté d’un dynamisme économique et d’une volonté politique forte à développer l’économie numérique. « Le cloud computing et l’IA représentent deux piliers importants de la transformation numérique en Afrique. Le Cloud et l’IA sont au cœur des priorités numériques en Côte d’Ivoire », assure Ekissi Narcisse, directeur de cabinet du ministre de la transformation numérique et de la digitalisation.

Ekissi Narcisse, directeur de cabinet du ministre de la transformation numérique et de la digitalisation

Cette priorisation se justifie, à l’en croire, par la construction du data center national, l’élaboration de la stratégie nationale de données ou la mise en avant d’une intelligence artificielle éthique et inclusive adaptée aux réalités africaines. Profitant de sa tribune, Ekissi Narcisse a lancé un appel à la collaboration pour créer une synergie autour de l’IA pour plus d’impact en Afrique.

« En utilisant l’IA et le Cloud de manière responsable, réitère le directeur de cabinet, nous pouvons réduire les inégalités dans nos pays. Pour y arriver, nous devons mettre l’accent sur la connectivité et la lutte contre la fracture numérique dans nos pays. Les réflexions et les recommandations qui sortiront de ces assises serviront de catalyseur pour une transformation numérique durable pour positionner l’Afrique comme un acteur majeur du numérique au niveau mondial. » Un avis que partage Mohamadou Diallo, fondateur des ATDA : « ces ATDA 2024 marqueront une nouvelle étape dans la transformation numérique de notre continent. Ensemble, nous pouvons construire une Afrique numérique, inclusive et prospère », assure le fondateur des ATDA. »

Michaël Tchokpodo

Michaël Tchokpodo est journaliste communiquant, grand observateur des mutations relatives aux technologies numériques et au développement durable. Correspondant au Bénin pour CIO Mag.

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