(CIO Mag) – Internet est un élément essentiel de la numérisation de l’industrie, en parvenant à des niveaux inédits d’efficacité, de productivité et de création d’emplois dans tous les secteurs économiques. Toutefois, tirer parti de la numérisation dans tous les pays du monde, et dans ceux de l’Afrique de l’Ouest en particulier, procède d’un ensemble de politiques et d’engagements visant notamment la construction d’infrastructures et le développement de compétences numériques, dans le cadre de règlements et de partenariats adaptés aux spécificités locales.
Pour discuter de ces politiques, des problématiques nationales et régionales, ainsi que des opportunités de la révolution numérique, en termes de création d’emplois et de compétitivité, la Commission de l’Union européenne a organisé en collaboration avec la CEDEAO et l’UEMOA, un panel sur le thème « Développement de l’économie numérique en Afrique de l’ouest pour la création d’emplois et le développement durable ». C’était le 7 juin à Bruxelles, lors d’une conférence de haut niveau sur l’emploi et le développement en Afrique de l’Ouest (Jobs & Growth in West africa).
Connectivité, productivité et emploi
Invitée à introduire ce panel, Marya Gabriel, commissaire à l’Economie numérique et sociale de la Commission de l’Union européenne, a indiqué que le développement de la connectivité en Afrique de l’Ouest fait partie des priorités de l’UE pour booster l’économie numérique. Les avantages économiques et sociaux qu’elle présente sont considérables, la connectivité entraînant des améliorations de la croissance économique par l’amélioration de la productivité et du rendement.
A ce titre, la commission propose des échanges de réseaux, du partenariat et une visibilité des acteurs engagés sur ces différents chantiers. « Ce n’est pas l’Union européenne seule qui peut contribuer » à améliorer l’impact du numérique sur la création d’emplois et le développement durable dans la région, a tenu à préciser Marya Gabriel. « Nous tournons notre regard aussi vers les autres partenaires avec lesquels nous avons pris attache », a-t-elle révélé
La commissaire de l’UE a également insisté sur la prise en compte des agriculteurs dans les projets d’inclusion sociale. Au sujet de la Blockchain évoquée par l’assistance, elle a révélé que « c’est maintenant » que l’Union européenne se penche sur cette technologie dont l’importance ne s’apprécie pas seulement dans le secteur de l’énergie mais dans tous les secteurs économiques. Enfin, Marya Gabriel a invité les décisionnaires à s’interroger sur les vraies raisons du manque de terminaux dans certaines régions d’Afrique où à priori il y en a énormément. « Est-ce le manque d’emplois ? »
e-Régulation
En Afrique de l’Ouest, la propagation époustouflante de l’Internet résulte d’une floraison d’opérateurs sur la chaîne de valeur de la communication mobile, générant de nombreux emplois, notamment sur la niche des transactions électroniques. Au fur et à mesure que la révolution numérique transforme la région, les Etats sont confrontés à des défis nouveaux. C’est là, tout l’enjeu de la régulation en Afrique de l’Ouest. Selon Fily Bouaré Sissoko, commissaire du Département du développement de l’entreprise, des mines, de l’énergie et de l’économie numérique (DEMEN), de la Commission de l’UEMOA, plusieurs réformes avaient été prises pour créer un environnement propice à la croissance dans les huit pays membres de l’Union.
« Chemin faisant, la numérisation est intervenue », conduisant l’UEMOA a effectué diverses évaluations pour anticiper les changements induits par le développement numérique et dégager les tendances qui serviront de boussoles auxquelles les Etats et les opérateurs pourront se référer fréquemment.
D’où la mise en place de l’ « e-régulation », pour la facilitation des affaires dans tous les pays membres qui en ont commun une monnaie unique, le Franc CFA, une « une chance pour les transactions au sein de l’UEMOA ». Aux dires de Fily Bouaré Sissoko, une deuxième phase de réformes a été engagée, et vise la formation et la mise à disposition de toutes les parties prenantes, l’information dont elles ont besoin pour renforcer l’impact du numérique sur la croissance économique de la zone.
L’importance de la régulation comme accélérateur du développement de l’économie numérique a été également mise en relief par Nkemdilim Begho, fondatrice et directrice générale de Future software resources. Si les politiques étatiques et régionales ne parviennent pas à s’adapter à l’évolution des besoins, elles risquent de ralentir l’innovation et de priver les populations des avantages des progrès technologiques.
Numérique = 13% du commerce international
Pour sa part, Arancha Gonzalez, directrice générale du Centre du commerce international, a résumé le numérique en 4 points essentiels : 1- Economie du 21ème siècle ; 2 – Compétitivité ; 3- Inclusion des jeunes et des femmes ; 4 – Source d’opportunités car 13% du commerce international est généré par l’économie numérique.
Face à cette nouvelle donne, il se trouve que beaucoup d’Africains ne sont pas bancarisés. Dans ce contexte, le rôle du Commerce international devrait être d’aider les jeunes et les femmes à s’intégrer dans le tissu économique, en utilisant les services financiers numériques en complément aux services financiers traditionnels. Et l’un des principaux éléments à cette réussite tient à la régulation du secteur.
Chef de division Afrique subsaharienne Partenaires mondiaux, Direction des opérations de la Banque européenne d’investissement, Diederick Zambon a fait remarquer que le développement de l’économie numérique en Afrique de l’Ouest pour la création d’emplois et le développement durable passe aussi par les investissements dans la construction d’infrastructures et la formation du capital humain.
Notons que ce panel a été modéré par Bright Simons, fondateur et président de mPedigree.
Anselme AKEKO