Grâce à l’appui de la Commission de protection des données personnelles (CPDP) et de Meta (ex Facebook), le ministère de l’éducation sénégalais a conçu et lancé un kit pédagogique. Objectif : sensibiliser la jeunesse sénégalaise sur une utilisation éthique d’Internet.
(Cio Mag) – En raison de l’utilisation malveillante d’Internet, l’Afrique a été la cible de 28 millions de cyberattaques entre janvier et août 2020. Une période marquée par la pandémie de la Covid-19, et qui a connu le développement et l’accroissement des services numériques. Ces derniers visent à faciliter la continuité des activités au sein des entreprises, à apporter des services aux populations et à éviter les risques de stagnation des économies locales.
Dans le lot de ces cyberattaques en 2021, la cybercriminalité a amputé aux pays africains, plus de 10 % au PIB, soit un déficit estimé à 4,12 milliards de dollars. « Il y a de nombreuses opportunités offertes grâce au numérique mais en même temps, il faut reconnaître que le numérique représente un risque pour ses utilisateurs, notamment les plus jeunes », rappelle Balkissa Idé Siddo, Directrice des politiques publiques pour l’Afrique chez Meta.
Des risques cyber
A l’instar des autres secteurs d’activité, l’éducation a été impactée par la Covid-19. Pour mener à bien sa riposte, le ministère sénégalais de l’éducation a fait recours au numérique comme alternative aux enseignements-apprentissages en présentiel. A l’école ou à la maison, les téléphones portables, les tablettes et les ordinateurs connectés ont remplacé les tableaux ou les cahiers de cours.
Mais si l’on n’y prend garde, des déviances comme la cybercriminalité peuvent s’observer suite à une mauvaise manipulation de ces outils. En plus de ce phénomène tendance, dans les capitales africaines telles que Dakar, Abidjan ou Cotonou, les jeunes sont en proie aux fakenews ou au flaming, une technique consistant à envoyer des messages provoquants, ou à faire preuve d’une hostilité verbale évidente envers une personne spécifique afin de déclencher une dispute en ligne.
Le catfishing, l’outing ou encore le griefing sont aussi des pratiques très courantes. Raison pour laquelle le ministère de l’éducation nationale a lancé un projet de prévention des risques cyber sur différents supports (web, kits de formation pour les acteurs). Il vise à sensibiliser la jeunesse sénégalaise à faire une utilisation judicieuse d’Internet. Hormis les cours, ces jeunes doivent s’en tenir à la navigation sur des sites éducatifs, échanger des mails, partager des images et vidéos instructives ou jouer à des jeux en ligne.
« Ma vie en ligne »
Avant le lancement du kit pédagogique, la mise en œuvre de la phase pilote du projet « Ma vie en ligne » a permis de former une vingtaine d’enseignants sur la navigation sécurisée via internet, la cybersécurité et la cybercriminalité. Ils ont, à leur tour, formé plus de 200 autres enseignants au cours des sessions dédiées à la jeunesse et à la protection des données en ligne.
« Ma vie en ligne va se poursuivre et on espère qu’à travers ce programme, on pourra former plus de 10 000 élèves d’ici la fin de l’année scolaire et à terme, toucher plus de les 4 millions d’élèves au Sénégal ». Ce programme vise exclusivement les élèves scolarisés. Mais pour ne pas exclure une partie de la jeunesse sénégalaise, un autre projet intitulé « Mon univers digital » a été lancé au profit, cette fois-ci, des jeunes déscolarisés. Il est focalisé sur la sensibilisation des jeunes à l’utilisation responsable d’internet.
« Mon univers digital » réunit une série d’initiatives couvrant de sujets tels que la sécurité en ligne, la maîtrise de l’information, la citoyenneté numérique, l’utilisation responsable des réseaux sociaux, etc. Il s’étend au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Cameroun et bientôt dans d’autres pays de la sous-région. « Ce programme va à la rencontre des jeunes, de leurs parents, des tuteurs et des enseignants pour les former sur les différentes thématiques », atteste Balkissa Idé Siddo.
Sécurité des internautes
Au cours du premier trimestre 2022, ce programme a permis de former 15 000 personnes en Afrique. Bien qu’inaccessible dans certains pays du continent, il dispose d’une plateforme digitale regroupant tous les modules d’apprentissage et des ressources pouvant permettre de développer des compétences dans un monde numérique.
« Ce sont des modules disponibles en français et adaptés aux jeunes de 13 ans à 18 ans parce que Facebook et Instagram ne sont pas autorisés aux moins de 13 ans. Les enseignants et les parents peuvent se baser sur ces modules pour avoir des conversations constructives avec les jeunes, en fonction de ce qui est pertinent dans le contexte », rassure Balkissa Idé Siddo.
Chez les apprenants, les conséquences d’une utilisation malsaine d’Internet peuvent être sans appel : des troubles d’apprentissage en passant par des absences répétées au cours, puis le redoublement pouvant conduire au décrochage scolaire et à l’exclusion sociale. Chez les adultes par contre, la dépression, la perte d’estime de soi, ou encore le suicide sont les signes les plus fréquents.
« Les utilisateurs viennent sur nos applications pour partager leurs histoires ou des informations avec leurs amis, leurs réseaux ou pour se connecter avec leurs familles. Mais rien de tout cela n’est possible s’ils ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils utilisent notre plateforme. C’est pour cela que nous travaillons toujours à bâtir une communauté plus sûre et plus et plus solidaire », confie la Directrice des politiques publiques pour l’Afrique chez Meta.