Créée en 2017, Atileb’art est à la fois, une marketplace destinée à la vente des créations artistiques, un média en ligne dédié à la promotion de l’art contemporain africain et une agence artistique spécialisée dans le développement des carrières d’artistes.
(CIO Mag) – Après une expérience assez instructive et éprouvante comme responsable des opérations d’une plateforme web spécialisée en tourisme de 2014 à 2015, Komi Agboguin se devait de mettre les voiles. Le projet a été écourté parce qu’en ce moment, il ne recevait pas un écho favorable de sa cible. Lui, en ressort avec une passion confirmée pour l’art. L’idée de revenir à la charge ne le quitte pas jusqu’en 2017, où une courte formation en gestion de projets culturels à l’école du patrimoine africain, entre autres, le conforte davantage dans ses ambitions.
« Nous sommes partis du constat selon lequel la grande majorité des artistes et des artisans d’art africains ont des difficultés à écouler leurs créations et à vivre de leur art, à cause du manque de visibilité dont ils souffrent », explique Komi Agboguin, promoteur d’Atileb’art. Sur sa marketplace, environ une cinquantaine d’œuvres uniques variant entre peinture, sculpture, dessin ou peinture digitale sont cataloguées. Elles appartiennent à une douzaine d’artistes béninois, première cible de la plateforme.
E-commerce
Alors qu’elle ambitionne de monter une galerie élargie aux artistes d’autres nationalités africaines, la plateforme héberge un pan dédié au e-commerce, dont les articles font préalablement l’objet d’un minutieux tri. « Nous ne prenons pas les œuvres abîmées. Il faut qu’elles puissent respecter un certain nombre de standards. Nous trions sur la base des éléments qui n’influent pas sur l’inspiration de l’artiste. On s’imagine que, peu importe l’inspiration que peut avoir un artiste, son art peut toucher quelqu’un. Et vu qu’on veut toucher un éventail d’amateurs et de collectionneurs, il faudrait qu’on puisse donner des chances égales à tout le monde », renchérit Komi.
La sélection faite, les œuvres sont mises en ligne. Atileb’art préfinance le volet marketing et communication digitale autour des pièces artistiques, dans l’espoir de gagner des commissions sur chaque vente réalisée. « Avant de connaître Atileb’art, je faisais la promotion de mes œuvres sur les réseaux sociaux et de bouche à oreille. Aujourd’hui, la plateforme me donne accès à la vraie cible que je vise : des personnes passionnées et intéressées par les œuvres d’art, des collectionneurs et des acheteurs de tout genre », témoigne Carlos Kpodiéfin, artiste peintre béninois.
« On fait un travail de fond (…) »
Atileb’art se décline également en site internet. Le média en ligne traite des contenus consacrés à l’art visuel contemporain africain et met en avant les œuvres et les artistes peu ou pas connus. Avec une communauté de 2 000 abonnés pour 1 000 visites mensuelles sur les réseaux sociaux, le média en ligne est le rouleau compresseur du projet qui centralise les trois pôles de la start-up. Une équipe de cinq jeunes s’attèlent au quotidien, depuis la relance d’Atileb’art en août 2019, à redynamiser ses activités et à la rendre plus performante.
Photographe à ses heures creuses, Komi Agboguin œuvre à représenter les intérêts des artistes africains et à les positionner sur des résidences et expositions. Ce rôle est dévolu au troisième champ d’action de la plateforme à savoir : l’agence artistique. « Les artistes ne sont pas connus parce qu’ils ne sont pas au courant des événements ou mal positionnés (…) On fait un travail de fond qui consiste à recueillir les informations, être au courant des bonnes opportunités à partager avec eux (et) organiser les choses pour qu’ils paraissent pro », raconte-il.
Exposition digitale
Au Bénin, EtriLabs est le premier incubateur de projets numériques innovants. C’est ce centre qui a accueilli Atileb’art lors de sa première cohorte de 2019, dans le cadre de son programme d’accélération EtriStars. Cet appui a motivé la refonte d’Atileb’art pour en faire une plateforme « beaucoup plus light, soft, optimisée et mobile », avec des informations actualisées et variées.
Le design et l’expérience utilisateur ont été améliorés. Un agrégateur de paiement a été implémenté et la nouvelle version de la plateforme offre la possibilité de faire des expositions en ligne, une innovation bien différente de la galerie de vente mais qui vient la compléter. « D’ici les trois prochaines années, on aura la notoriété nécessaire pour s’étendre sur le Burkina-Faso et le Togo », espère Komi Agboguin.
Michaël Tchokpodo, Bénin