Corée du Sud | La leçon de l’incendie du datacenter d’Etat : pourquoi la sauvegarde des données critiques ne tolère aucune négligence

Batteries de serveurs brûlées en Corée du Sud. Crédit photo : Infolibertaire.net

L’incendie survenu récemment au Service national des ressources d’information (NIRS) du gouvernement sud-coréen à Daejeon a suscité un profond émoi au sein de la communauté technologique sud-coréenne et bien au-delà. Ce sinistre a brutalement interrompu 647 services en ligne essentiels à l’administration publique, mettant en lumière les lourdes conséquences d’une gestion déficiente des données critiques.

(CIO Mag) – Le 26 septembre 2025, une batterie lithium-ion dans la salle informatique du cinquième étage du datacenter a pris feu au cours d’une opération de maintenance. Selon plusieurs sources, cette explosion thermique a détruit 384 batteries et ravagé les serveurs installés en racks à proximité, paralysant près d’un tiers des systèmes gouvernementaux. Les pompiers ont dû intervenir pendant 22 heures avant de maîtriser l’incendie, mais les dégâts étaient déjà considérables. Parmi les systèmes affectés, le stockage cloud gouvernemental G-Drive, utilisé par près de 750 000 fonctionnaires, a été complètement détruit, emportant avec lui environ 858 téraoctets de données sans possibilité de récupération.

Aucun backup externe

Le gouvernement sud-coréen, par la voix du président Lee Jae-myung, a exprimé ses excuses à la population et promis un effort concentré pour rétablir les services. Néanmoins, la perte est d’une ampleur telle que le rétablissement complet des 96 systèmes directement impactés pourrait prendre un mois, voire plus. La situation est d’autant plus critique que 38% des systèmes concernés ne bénéficiaient que d’une sauvegarde mensuelle, et que G-Drive ne disposait d’aucun backup externe. Ce choix avait été justifié par des contraintes liées à la sécurité et à la capacité, mais s’est avéré être un point de défaillance unique. Cette absence de sauvegarde a coûté la perte définitive de documents de travail accumulés sur huit ans, notamment pour les ministères les plus dépendants de cette plateforme.

Les médias sud-coréens et internationaux ont vivement critiqué la gestion des données gouvernementales et la stratégie de sauvegarde déficiente, pointant du doigt une grave vulnérabilité dans un pays avant-gardiste en matière de numérisation des services publics. Ce triste événement rappelle un incident semblable survenu en 2022 chez Kakao Talk, où un incendie avait également révélé des lacunes en matière de sauvegarde.

Une négligence à ne pas reproduire

En réaction à ce sinistre, plusieurs professionnels ivoiriens des systèmes d’information ont partagé leurs avis sur cette crise exemplaire. Parmi eux, des commentaires dénoncent la décision « consciente » de ne pas répliquer ce système volumineux, un choix qui s’est révélé désastreux. « Il leur a manqué une revue des risques en cas de perte de ces données, même conservées par peu de fonctionnaires », note un expert ivoirien, rappelant l’importance de la cartographie des risques dans la gestion des infrastructures IT.

D’autres y voient un « scandale » et avertissent que de nombreuses entreprises cloud pourraient reproduire cette négligence. Ces professionnels insistent sur la nécessité d’un système de sauvegarde robuste et d’une architecture de reprise d’activité (PRA) bien pensée, pour éviter qu’un incident ne paralyse un pays entier.

Dépendance accrue aux datacenters

Au-delà de la perte matérielle, ce sinistre dresse un tableau alarmant des dangers liés à la dépendance accrue aux datacenters concentrant les données critiques sans solution de secours adéquate. C’est pourquoi de nombreux acteurs du cloud recommandent de traiter la sécurité nationale informatique, enjeu majeur, avec un « engagement sans failles » et « des investissements conséquents pour renforcer la résilience ».

C’est peu dire : l’incendie du datacenter de Daejeon constitue une leçon amère sur les risques liés à une mauvaise gouvernance des données et à l’absence de sauvegarde efficace. Pour des acteurs du cloud, il souligne la nécessité d’une vigilance accrue sur les infrastructures numériques critiques, en particulier celles reposant sur des technologies à risque comme les batteries lithium-ion.

La Corée du Sud, malgré ses avancées technologiques, doit désormais repenser sa stratégie pour prévenir de futures crises similaires et assurer une continuité fiable des services publics numériques.

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
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