Passionné de finances, Eric Patrick Diby s’est donné pour mission de diffuser la blockchain auprès des institutions et entreprises ivoiriennes. Un passage obligé pour faire tomber les préjugés et favoriser l’adoption de cette technologie. Focus sur la contribution de Wealthtech Innovations.
(Cio Mag) – En ce mercredi après-midi, c’est à Cocody, à moins de 100 mètres du Café de Versailles, que nous rencontrons Eric Patrick Diby, le fondateur et Ceo de Wealthtech Innovations. Il est 14 heures. Le soleil commence a jeté sa cape de chaleur sur ce quartier qui abrite le siège de cette startup. Celle-ci est spécialisée dans le développement technique d’applications décentralisées et dans la distribution transfrontalière des produits d’investissement et des actifs numériques.
Expert des marchés financiers et entrepreneur dans la FinTech, Eric est titulaire d’un Master en finance, option marchés financiers, de pôle Paris alternance. Et d’un Diplôme européen d’études supérieures en finance d’ITIC Paris. Il réside en France, sa présence à Abidjan répond à un impératif : vulgariser un peu plus la blockchain.
Car, aussi innovante qu’elle paraît, cette technologie n’en est pas moins déroutante. Les crypto-monnaies, premiers cas d’implémentation de la blockchain dans le monde, sont, en effet, objet de toutes les controverses. Toutefois, l’usage de cette technologie va bien au-delà des crypto-monnaies.
D’ailleurs, quand il en parle, Eric se demande toujours sous quel angle aborder le sujet. Ce, d’autant plus que les banques locales et le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF), ne se sont pas encore approprié cette technologie. Pourtant, la blockchain a déjà passé le cap de l’évangélisation en Côte d’Ivoire. Avec plus de 343 000 utilisateurs, le pays compte le plus grand nombre de détenteurs de crypto-monnaies au sein de l’UEMOA.
Pouvoirs de la blockchain
Alors, pour illustrer son propos, Eric expose les bénéfices de cette technologie. « Dans une blockchain, les informations sont partagées entre les membres du réseau. Lorsqu’une information est entrée par un membre, elle atterrit automatiquement dans une base de données commune et est accessible à tous », argumente-t-il.
Selon lui, l’Etat peut regrouper tous les services publics dans une blockchain accessible avec un identifiant unique. Ces services possédant des données communes sur les citoyens, il ne sera plus nécessaire de s’inscrire sur différentes plateformes pour se faire établir des documents qui pourront être certifiés sur la blockchain. Une seule inscription suffira.
Outre la traçabilité, tout ce qui a de la valeur (argent, maison, voiture, etc.), peut être représenté sous forme numérique dans une blockchain et cédé grâce à un contrat intelligent.
Blockchain in vivo
Après trois quarts d’heure d’échanges à l’intérieur d’un restaurant, nous convergeons vers les bureaux de Wealthtech Innovations. Ils sont situés à quelques pâtés de maison, nichés à l’étage d’un duplex. A l’intérieur, nous sommes accueillis par trois jeunes étudiants : Doumbia Adama, Solange Tuo et Koné Zié Arouna (de gauche à droite sur la photo ci-dessous).
Ces étudiants sont tous en Master 2 spécialité blockchain à l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire (UVCI). Le stage qu’ils effectuent ici est le fruit d’une entente tacite entre Wealthtech innovations et l’UVCI. Eric nous révèlera plus tard que cette collaboration débutée en juillet 2021 sera bientôt officialisée.
Un peu intimidés par notre présence, les stagiaires finissent par se jeter à l’eau, expliquant les travaux sur lesquels ils sont cooptés et l’importance de cet apprentissage in vivo.
« Je travaille sur Liquidity provider, une application décentralisée qui permet de faciliter l’accès et la liquidité des actifs numériques. Un site web à partir duquel il est possible de convertir les crypto-monnaies en monnaies locales et vice-versa », explique Koné Zié Arouna. A l’en croire, la blockchain, c’est avant tout une technologie qui permet de concevoir des plateformes numériques sécurisées avec des composantes informatiques encore plus robustes.
« La blockchain ne tourne pas qu’autour des crypto-monnaies, enchérit Solange Tuo. Elle peut permettre de certifier l’identité d’une personne tout comme ses biens. Parce que dans la blockchain, rien ne s’évapore, tout est traçable et vérifiable.»
La visite se poursuit dans la salle de réunion. Sous le regard bienveillant d’Eric Patrick Diby, les étudiants présentent les résultats de leurs travaux. « Notre objectif, c’est de créer une graine nationale qui pourra affronter cette technologie et répondre aux besoins locaux », affirme le fondateur de WTI, clôturant ainsi la visite.
Deux semaines plus tard, nous retrouvons Eric et ses stagiaires au siège de l’UVCI. Le partenariat avec cette université publique sera signé ce jour. Les médias y sont fortement représentés à travers la Plateforme nationale de la presse numérique (PNCI). Une séance de formation des journalistes sur la blockchain est inscrite au menu.
Wealthtech innovations – UVCI
Entre autres objectifs, le partenariat WTI – UVCI vise la co-construction d’offres de formation adaptées au système LMD et la mise en place de projets nationaux et internationaux sur la blockchain, notamment par le biais d’un programme de sécurisation de l’administration publique.
« Tout le monde a bien compris que l’avenir se trouve dans le numérique. Maintenant, pour être les champions de ce nouveau monde, il faut qu’il y ait de la confiance. Et dans les sciences du numérique, il y a une technologie qui permet justement de mettre en confiance les différents usagers du numérique : c’est la blockchain », commente le directeur général de l’UVCI, Prof. Koné Tioméman.
« C’est un honneur pour moi, aujourd’hui, de signer ce partenariat, déclare pour sa part Eric Patric Diby. Cet accord permettra à la Côte d’Ivoire de former des architectes et des développeurs blockchain qui pourront être utilisés au niveau national. »
Eric le sait, ce partenariat qui vient renforcer la légitimité de Wealthtech Innovations au sein de la Tech ivoirienne, est un passage obligé vers la réalisation de son rêve : celui de faire de la blockchain, la technologie qui transformera la Côte d’Ivoire. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Ses prochaines cibles : la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), le CREPMF, devenu AMF, et la BECEAO.