Côte d’Ivoire : ImmoLink, la startup qui veut digitaliser l’intermédiation sur le marché de l’immobilier   

L’urbanisation galopante autour de l’échangeur de Marcory à Abidjan reflète la dynamique du marché de l’immobilier en Côte d’Ivoire.

La digitalisation de la rencontre de l’offre avec la demande dans le domaine de l’immobilier, telle qu’annoncée par la startup ivoirienne ImmoLink, signe d’une nouvelle ère sur le marché de la sous-région ?

(Cio Mag) – En Côte d’Ivoire, l’immobilier représente un volume important de l’activité économique. A elle seule, la ville d’Abidjan connait une hausse annuelle de 18 % depuis 2011. Même les quartiers périphériques se laissent gagner par le boom de l’immobilier. Anyama, Songon et Bingerville accueillaient habituellement les populations modestes. Aujourd’hui, ces communes proposent des locations mensuelles qui peuvent atteindre voire dépasser les 200 000 francs CFA (plus de 300 dollars). Une revue du secteur du bâtiment en Côte d’Ivoire indique par ailleurs que la demande est telle qu’un déficit de 500 000 logements se creuse d’environ 40 000 à 50 000 unités par an. Loin d’être un enjeu de croissance démographique, l’immobilier représente une gigantesque manne financière. Les premiers à avoir senti le filon sont les investisseurs et les agences immobilières. Les entrepreneurs de la Tech l’ont également compris. Mais jusqu’à présent, ils proposent des plateformes en ligne où sont publiées, en plus de l’immobilier, des offres dans d’autres catégories d’annonces (automobile, électroménager, etc.). Dans la grisaille, le concept de l’Ivoirienne Françoise Amon Koutoua se veut une plateforme de mise en relation dédiée exclusivement au secteur de l’immobilier.

ImmoLink

« ImmoLink est la première plateforme collaborative, intuitive et interactive dans le domaine de l’immobilier », lance la jeune entrepreneuse. Convaincue de l’effet de ce nouveau site sur les populations, notamment en matière de sécurisation des échanges de biens et services, Françoise Amon déclare : « Cette plateforme connectera les professionnels de l’immobilier, les notaires et les personnes de la diaspora, ou à l’international, désirant acquérir ou louer des biens immobiliers en Côte d’Ivoire à travers une solution qui permet de prendre rendez-vous pour des visites directement sur le site et de régler les frais de séjour. »

Scoring

Pour se différencier de la concurrence, ImmoLink ne mise pas que sur le ciblage exclusif ou la dimension juridico-légale impliquant les notaires. « On se différencie aussi par l’évaluation des professionnels par le public à travers le système des scoring. » Grâce au scoring, la plateforme permet en effet aux demandeurs de noter les professionnels (agences, courtiers, etc.) « Ça laisse des traces qui permettent aux autres usagers du site d’avoir un aperçu du scoring des professionnels. Ce qui nous permet, nous, par derrière, de bannir de la plateforme un professionnel qui accumule un nombre assez élevé de mauvais avis. »

Arnaques

A en croire l’entrepreneuse, le système de scoring est également précieux dans la prévention des arnaques. « J’ai discuté avec les agences immobilières et recueilli leurs avis pour modeler le produit fini. Et je peux dire qu’il y a beaucoup d’arnaques dans le milieu d’où le système de scoring qui, au final, fonctionne comme un fichage. Ça ne résout pas tout. Mais ça reste un début de solution pour dissuader les mauvaises graines. » Puis, la CEO d’ImmoLink d’ajouter que des stickers seront également instaurés pour certifier qu’untel est habilité à commercialiser le bien qu’il publie. Pour un indépendant, par exemple, ça va être, soit un mandat s’il est coopté par une agence, soit une attestation du propriétaire qui lui a confié le bien à vendre. « On ne va pas traiter les annonces sans avoir un minimum de checking derrière », assure-t-elle.

Accrédité par l’UE

Selon Françoise Amon, ImmoLink est financé à hauteur de 30% par la Commission de l’UE dans le sillage d’un guichet ouvert par le réseau Initiative France. « Un chargé de mission m’a accompagnée dans la rédaction du business plan pour que le projet soit solide avant qu’il ne soit présenté devant le jury composé des représentants de Crédit Agricole, le Crédit Industriel et Commercial (CIC), Société Générale et des comptables, qui ont attesté sa viabilité. »

Fin mars 2023, quand elle obtient l’accord de financement et qu’elle débarque par la suite à Abidjan, la start-uppeuse a pour mission de prospecter et rencontrer les différents acteurs du domaine de l’immobilier. « J’ai eu plusieurs retours d’agences qui m’ont encouragée », raconte-t-elle. Soutenue par ClickDev, une entreprise technologique française, ImmoLink intègre un module Google Maps qui facilite les recherches par région contrairement aux autres qui exécutent les recherches par ville. Et pour cause : « Cela permet de pouvoir localiser exactement l’endroit où se situe le bien en question. Si Ouangolodougou (ville du nord de la Côte d’Ivoire, Ndlr) se développe dans 10 ou 15 ans, on pourra toujours adresser cette ville sur la plateforme. Voilà pourquoi nous avons fait autrement : les professionnels publient par région, et sur Google Maps ils peuvent indiquer la ville exacte où est situé le bien qu’ils proposent

Après le lancement officiel d’ImmoLink le 21 juillet 2023 à Abidjan, il ne sera pas surprenant que Françoise Amon Koutoua élargisse la plateforme à d’autres biens immobiliers de la zone UEMOA. Si le secteur implique des investissements forts dans chacun des pays membres, la mise en relation de l’offre avec la demande reste l’une des équations les plus urgentes à résoudre. 

Anselme AKEKO

Responsable éditorial Cio Mag Online
Correspondant en Côte d'Ivoire
Journaliste économie numérique
2e Prix du Meilleur Journaliste Fintech
Afrique francophone 2022
AMA Academy Awards.
En savoir plus

View All Posts

Pin It on Pinterest