(CIO Mag) – Ils sont connus : Camtel, l’opérateur historique des télécommunications, ENEO, la société d’énergie électrique, et l’ANTIC, l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication, sont au banc des accusés en ce qui concerne la dégradation de la qualité des services de téléphonie. Le constat a été fait au cours d’une rencontre organisée le 22 janvier dernier, par l’Agence de régulation des télécommunications. Rencontre au cours de laquelle les opérateurs ont déploré des coupures fréquentes sur les lignes de fibre optique, l’instabilité du réseau électrique et les problèmes d’interconnexion avec les serveurs de l’ANTIC.
C’était une rencontre de haut niveau qui devait déboucher sur des engagements fermes des opérateurs de téléphonie. Sauf que, cette réunion présidée par Philémon Zoo Zame, Dg de l’ART, n’a pas connu la participation des décideurs des différents opérateurs. Le patron de l’ART qui n’est pas allé par quatre chemins, s’est appesanti sur la dégradation progressive de la qualité de service dans les réseaux de communication électronique depuis quelques temps en dégageant deux constats : « il n’est pas possible d’établir et maintenir une communication téléphonique pendant plus de deux minutes sans qu’elle ne soit interrompue. Il en est de même pour l’émission des appels où plusieurs tentatives sont nécessaires pour joindre le correspondant », s’est plaint Zoo Zame Philémon avant de donner la parole aux opérateurs.
Ces derniers, dans leurs différents exposés, ont tour à tour relevé une instabilité du réseau électrique Eneo, des coupures de segments du réseau de la fibre de l’opérateur Camtel, et une augmentation des adresses IP imposée par l’ANTIC. Pour sa part, Camtel a évoqué les coupures de la fibre optique suite à certains travaux routiers sur le territoire national (Kumbo-Mudemba) et les travaux d’adduction d’eau potable par Razel ; l’utilisation du lien de transport par Vsat pour la connexion de certaines BTS et l’instabilité du réseau électrique ENEO.
Parmi les facteurs de dégradation, MTN Cameroon souligne la qualité de service voix observée ces derniers temps ; le nombre important de coupures des segments de fibre du réseau Camtel et la dégradation de la transmission sur quelques autres. « Compte tenu de l’architecture en pooling (partage des charges et redondance de trafic) de notre cœur de réseau, ces coupures impactent directement la qualité de service et ceci même lorsque les deux abonnés sont au même endroit », précise le représentant de MTN.
L’opérateur n’a pas manqué de mentionner la régionalisation des adresses IP imposée par l’ANTIC, particulièrement à Douala et Yaoundé où les phases expérimentales avaient été lancées. Ce qui l’a contraint à faire un retour à la configuration initiale. L’augmentation de la charge du réseau et l’indisponibilité du réseau n’y sont pour rien. Par ailleurs, l’augmentation des abonnés et de la charge en trafic demande plus de ressource fréquentielle. D’où la demande de réutilisation de la 900Mhz en 3G et 1800Mhz en 4G adressée par MTN à l’ART.
Chez Orange Cameroun, quelques facteurs exogènes contribuent à la dégradation de la qualité du service. A savoir l’indisponibilité des ressources fréquentielles 700/800 Mhz pour les services 4G ; l’instabilité du réseau de transport ; l’unicité de fournisseur de service internet ; la présence de l’équipement de l’ANTIC dans sa chaîne de production pour les services data/internet.
Viettel (Nexttel) a souligné la saturation du spectre radio actuel qui lui est alloué face à une demande croissante (insuffisance de ressources fréquentielles), ayant un impact sur les services voix. Le déficit en énergie qui affecte la stabilité des sites et l’interconnexion avec les serveurs de l’ANTIC, entrainant une lenteur des services Data.
Toutes ces accusations ont été rejetées en bloc, la présente tribune n’étant pas appropriée pour discuter d’un projet aussi sensible piloté par la présidence de la République. Tout en invitant les opérateurs à faire tenir à l’ANTIC les éléments techniques qui soutiennent leurs plaintes.
Il ressort des recommandations qu’il faut partager l’infrastructure de la fibre optique et obtenir de nouvelles fréquences en vue de permettre l’amélioration de la qualité de service de téléphonie mobile.
Jean-Claude NOUBISSIE, Cameroun