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Une erreur s’est glissée dans CIO Mag N°53, à la page 36. La photo et le titre attribués à Moussa Guebre sont erronés. Voici intégralement l’article, la photo et le titre rectifiés. Nos excuses sincères à tous nos lecteurs.
Le Burkinabè Moussa Guebre, l’un des sept détenteurs des clés cryptographiques servant à relancer internet en cas d’attaque majeure, bénévole au sein de l’ICANN, l’organisme non gouvernemental gérant les noms de domaines, s’est confié à CIO Mag au sujet des manquements et des besoins de l’Afrique en termes de cyber défense.
Selon Moussa Guebre, pour remporter efficacement la bataille contre la cybercriminalité, le continent a deux défis à prendre en compte. Le premier concerne la jeunesse de sa population qui s’intéresse de plus en plus à Internet, mais ne comprend pas forcément les risques liés à cette technologie, notamment les réseaux sociaux qui peuvent exposer leur vie privée.
Le second défi se réfère à l’utilisation en grande proportion par cette jeunesse des technologies mobiles à travers des solutions innovantes, mais généralement pas suffisamment testées. Il s’agit des solutions de type « mobile money » qui peuvent exposer leurs portemonnaies.
L’autre aspect important à prendre en compte pour le bénévole de l’ICANN est le manque de contrôle. Il souligne l’importance d’adopter des lois sur la sécurité du cyberspace mais appuie tout aussi l’importance de faire des contrôles pour s’assurer l’effectivité de leur mise en œuvre.
Il regrette que la qualité même d’infrastructures et des réseaux soutenant le cyberespace et la connectivité internet semblent être problématiques sur le continent.
Quelles nécessités ?
S’il reconnait que les lois sur la protection des données à caractère personnel existent depuis bientôt une décennie dans la plupart des pays africains, l’expert en cybercrime constate surtout que « cela n’a pas permis de changer significativement les choses ». En effet, Moussa Guebre considère que les questions de cybercriminalité n’ont pas été aussi préoccupantes.
« C’est peut-être parce que nous n’avons pas encore compris que la cyber sécurité n’est pas l’affaire des seuls spécialistes de l’informatique. Elle est l’affaire de tous : nous avons besoin également de magistrats, d’avocats, de forces de défense et de sécurité, d’hommes politiques, d’opérateurs économiques, de gestionnaires, de fournisseurs de services internet ; bref, de techniciens et d’utilisateurs qui comprennent les enjeux de la cybercriminalité et qui participent, chacun de son côté, à faire de la sécurité du cyberespace une réalité », a-t-il expliqué.
Pour lui, la cyber sécurité est tout aussi bien une question de droit et « aucun pays civilisé ne peut se permettre s’il a les moyens, de laisser un groupuscule, fussent-ils des spécialistes, s’attaquer aux intérêts de ses citoyens ».
Concernant le portrait très souvent peint dans les médias, faisant de l’Afrique l’eldorado de la cybercriminalité, il a soutenu que malgré l’important impact du fléau sur l’économie du continent, il n’en est pas le plus affecté du monde.
A ce sujet, l’on peut se référer à une récente étude de MC Afee dressant l’impact des cyber crimes en termes d’économie. Il en ressort notamment que le monde a payé 600 milliards de dollars l’an dernier à ce banditisme des temps modernes, soit environ 2 milliards de dollars de perte pour l’Afrique subsaharienne, et 3,5 milliards de dollars pour le reste du continent.
Aurore Bonny