Propos recueillis par Souleyman Tobias lors de la 3è édition de l’IT Forum Togo
Cio Mag : Comment présentez-vous GFI Informatique ?
Philippe Cahez : GFI Informatique est une entreprise de services numériques française qui fait partie des six plus grosses ESN françaises, qui a pour ambition un chiffre d’affaires de deux milliards d’euros en 2020, dont 50% à international, international dont fait partie l’Afrique. Gfi en Afrique aujourd’hui, c’est trois filiales. Une filiale au Maroc depuis 2003 qui est en charge du Maroc et de l’Algérie. En Tunisie, nous venons de racheter une société qui s’appelait Cynapsys qui devient Gfi Tunisie, et Gfi Côte d’Ivoire que je dirige et qui rayonne sur toute l’Afrique de l’Ouest et Centrale. Nous avons un représentant à Dakar depuis quelques jours, et notre ambition est d’avoir soit une représentation, soit une entité légale à partir du 1er janvier prochain, ce qui ferait donc une présence au Maroc, en Tunisie, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Dans chacune des filières, nous avons des centres de compétence qui sont différents les uns des autres.
Quels services proposez-vous sur ces différents marchés ?
Déjà en Côte d’Ivoire, nous avons racheté une société qui s’appelait Somafor qui était elle-même présente en Côte d’Ivoire depuis 1988, et dont la spécialité était la mise en place de l’ERP et essentiellement Oracle. Cela continue à être notre cœur de métier, avec aujourd’hui une diversification sur Sage X3, sur SAP pour offrir une palette plus importante qu’auparavant à nos clients. Nous sommes éditeurs de logiciels également. Nous proposons des solutions pour des compagnies d’eau et d’électricité dans tout ce qui est gestion de la relation client.
Nous avons des solutions concrètes pour les compagnies d’assurance. Nous avons des solutions en matière de cyber sécurité. Des solutions en matière de gestion du temps et des accès ; une solution qui s’appelle chrono time qui est largement diffusée en France ou au Maroc par exemple. Nous faisons également du consulting : schéma directeur et audit des systèmes d’information. Nous avons des solutions très importantes dans tout ce qui est dématérialisation. Nous avons par exemple signé un contrat très important avec le gouvernement ivoirien pour un projet qui s’appelle E-démarche administrative et qui consiste à dématérialiser au maximum les relations entre le gouvernement et les citoyens ou les entreprises.
Par exemple avec le ministère de l’Education, la possibilité pour un étudiant de faire une demande en ligne : une copie de diplôme au lieu de se déplacer comme ce qui se fait aujourd’hui dans différents ministères avec la perte de temps que cela peut occasionner. Nous faisons également de la mise en régie, c’est-à-dire que nous mettons à disposition de nos clients des compétences qu’ils n’ont pas forcement en interne et que nous avons-nous en interne ou que nous savons trouver sur le marché.
Pensez-vous que le continent est prêt pour la transformation et à faire face à tout ce qu’il y a comme vulnérabilité?
Je pense que les défis sont les mêmes en Afrique qu’ailleurs. C’est ce que j’expliquais lors de mon intervention lors de la 3è édition de l’IT Forum Togo. Chacun à travers le monde doit avoir sa place numérique. Ce qui est une condition sine qua non pour être connecté au reste du monde. Et je pense que l’Afrique – on l’a vu avec les téléphones portables, etc.- a brûlé les étapes.
A voir le taux de pénétration du mobile qui est beaucoup plus important qu’ailleurs, je pense que ça peut et ça va être la même chose qu’avec Internet. Chaque africain, chaque entreprise va pouvoir avoir très rapidement cette place numérique. C’est indispensable aujourd’hui de pouvoir être connecté au reste du monde, avec effectivement tous les problèmes que cela peut poser en termes de vulnérabilité. Mais pour réduire cette vulnérabilité, les recettes sont les mêmes qu’ailleurs : il faut avoir une politique de sécurité extrêmement stricte si on parle de l’entreprise; il faut sensibiliser les collaborateurs puisque les menaces sont aussi internes et liées à des pratiques à risque ; il faut avoir des plans de continuité d’activités en cas de sinistre ; des plans de reprises d’activités, etc., pour pouvoir se défendre.
Ceci dit, la cybercriminalité connait une croissance à trois chiffres tous les ans et ça va continuer assez longtemps, et il faut être d’une vigilance absolue. Des outils qui existent. Nous en commercialisons. Ils ne sont pas extrêmement chers et ils permettent de protéger et de superviser du mieux possible les systèmes d’information d’un client pour éviter qu’ils ne subissent une attaque. Et ce sont des produits qui devraient être mis à jour constamment parce que les cybercriminels ont une imagination absolument débordante et trouvent de nouvelles méthodes pour attaquer tous les jours. Il faut que les Etats également, au travers des autorités de régulation, jouent leur rôle.
Je pense que l’Afrique peut franchir une étape en ayant un accès Internet beaucoup plus rapide. Mais encore une fois, la protection, elle est possible à travers des outils et des comportements qui sont les mêmes qu’ailleurs. Je n’ai pas de crainte particulière pour l’Afrique, je ne pense pas que l’Afrique soit plus exposée que d’autres continents.
Quel est l’enjeu pour Gfi en participant à l’IT Forum Togo ?
Nous sommes des partenaires réguliers. Je pense que l’initiative qui a été prise par Mohamadou Diallo, Dg de Cio Mag, de réunir à intervalle régulier, dans des pays différents, tous les acteurs informatiques, du numérique, est excellente. Il n’y a pas beaucoup de ce type. Et quand on se veut panafricain comme nous le sommes, je pense que c’est un passage obligé. Nous avons envie de rester parce que ce que fait CIO Mag comme travail est remarquable.
Des projets à venir, des ambitions pour l’Afrique ?
Des ambitions, oui ! Nous sommes dans un domaine assez particulier puisque nous vendons du logiciel et des services numériques uniquement, pas de matériels. Les projets de notre point de vue ne sont pas encore suffisamment nombreux dans nos domaines d’expertise pour une croissance à deux ou trois chiffres. Mais là, tout est en train de se mettre en place. Il y a des projets qui commencent à apparaitre et qui nous laissent espérer de très belles années devant nous. L’Afrique n’en est qu’à ses débuts en ce qui concerne les centres de compétences Gfi et les meilleures années sont devant nous.
Interview parue dans CIO Mag N°53 Juillet / Août 2018 disponible sur commande