Dr Boyarm Aristide Aly, Consultant en Stratégie IT et fondateur de DevChampion
La fonction diplomatique et les compétences requises pour exercer ce métier particulier ont beaucoup évolué dans le temps. Aujourd’hui, les défis de la mondialisation, la multiplication des crises et des acteurs internationaux et les évolutions technologiques et communicationnelles obligent les diplomates à revoir leurs fondamentaux et à s’ouvrir vers de nouvelles pratiques. Conséquemment, l’ère du numérique a ouvert de nouvelles frontières pour la diplomatie, permettant une plus grande interaction et un engagement avec des publics divers et dispersés à travers le monde.
En Afrique comme dans le reste du monde, l’impact de la révolution numérique sur les populations africaines a été considérable, avec un accès facilité aux informations et aux ressources éducatives, grâce aux téléphones mobiles et à l’internet. Le développement des paiements électroniques et des transferts d’argents innovants contribuant pour leur part à stimuler la croissance économique et la création d’emplois. Les médias sociaux voient leur pouvoir sur les opinions publiques africaines grandir, car ils facilitent l’accès à l’information, créent des opportunités de communication et de mise en réseau, et servent de plateforme pour l’activisme et le changement social.
L’espace numérique africain et mondial créé par la révolution numérique doit être utilisé par les diplomates africains pour accroître la visibilité, la portée et l’influence des causes qu’ils ont à défendre ou à plaider. Ils rentreront alors de plain-pied dans « la diplomatie numérique » qui désigne l’utilisation des technologies et des plateformes numériques par les gouvernements, les ministères des affaires étrangères et d’autres organisations internationales pour communiquer, s’engager et négocier avec des publics et des parties prenantes internationales. Elle englobe une série d’activités en ligne, notamment les médias sociaux, les sites web, les campagnes en ligne, la diplomatie virtuelle et les initiatives d’e-participation.
La place de l’IA dans la diplomatie
Plus spécifiquement, les innovations technologiques en intelligence artificielle peuvent être très utiles aux diplomates dans leur travail, en particulier dans les domaines de l’analyse des données, de la prédiction et de la communication. Identifier les tendances et les modèles qui peuvent être pertinents pour prendre des décisions diplomatiques plus éclairées, faire des prédictions sur des événements futurs, tels que des élections politiques, des tendances économiques et des menaces à la sécurité.
L’utilisation de l’IA par les diplomates a le potentiel d’améliorer leur efficacité et leur efficience de diverses manières, bien que les risques potentiels et les limites de ces technologies suscitent également des inquiétudes.
Les États-Unis sont l’un des principaux pays à utiliser la diplomatie numérique, tirant parti d’un large éventail de technologies numériques pour faire avancer leurs objectifs de politique étrangère, s’engager auprès de publics mondiaux et promouvoir les valeurs et les intérêts américains à l’étranger. Les plateformes de médias sociaux, telles que Twitter, Facebook et Instagram, constituent l’un des principaux moyens par lesquels les États-Unis utilisent la diplomatie numérique. Ces plateformes offrent aux diplomates et aux responsables de la politique étrangère des États-Unis un accès direct et immédiat à des publics vastes et diversifiés, leur permettant de communiquer directement avec les citoyens du monde entier et de réagir en temps réel aux nouveaux développements internationaux.
En outre, le gouvernement américain a établi une forte présence en ligne par le biais de ses sites web officiels, notamment les sites web du Département d’État et des ambassades et consulats américains dans le monde. Ces sites fournissent des informations sur les priorités, les initiatives et les événements diplomatiques de la politique étrangère des États-Unis et servent de source d’actualités et d’informations pour les publics du monde entier.
Stratégies pour une diplomatie numérique en Afrique
En Europe, la France utilise la diplomatie numérique pour promouvoir son patrimoine culturel et son “soft power”, en mettant en avant son art, sa littérature, sa musique et sa cuisine par le biais des médias sociaux et des plateformes en ligne. Cela a contribué à renforcer la réputation et l’influence du pays sur la scène mondiale.
Le continent africain quant à lui est doté du nord au sud d’un éventail riche et diversifié d’atouts, tant naturels qu’humains avec des valeurs à défendre et une diplomatie numérique qui en est un outil approprié.
Les différentes chancelleries des pays africains doivent commencer à définir les buts et objectifs de leurs efforts de diplomatie numérique et en déterminer les outils et plateformes numériques qui les aideront le mieux à les atteindre en utilisant les médias sociaux et d’autres plateformes en ligne pour écouter et engager le dialogue avec les principaux publics et parties prenantes. Cela aidera à comprendre les points de vue des uns et des autres, et à répondre à leurs préoccupations en établissant des relations de confiance. Il s’agira également de partager des informations opportunes, précises et pertinentes sur les pays, ses politiques et ses habitants par le biais des canaux numériques. Cela peut contribuer à contrer la désinformation et à promouvoir la compréhension des pays, de leur culture, de leurs valeurs ainsi que de leur mode de vie, mais également à donner une image positive et à favoriser la bonne volonté des publics étrangers.
Travailler avec des structures diplomatiques, tels les ambassades et les consulats, en coordonnant les efforts pour maximiser l’impact de la diplomatie numérique et en mesurer régulièrement l’efficacité aux fins d’ajuster (si nécessaire) la stratégie pour garantir l’atteinte des objectifs fixés.
Auparavant, les instituts et universités formant les diplomates africains doivent renforcer et/ou intégrer dans leur cursus des formations à l’usage pratique des plateformes numériques et des médias sociaux pour accompagner une mise en œuvre réussie des stratégies de diplomatie numérique qui peuvent contribuer à nouer des relations, à promouvoir les intérêts d’un pays et à atteindre les objectifs diplomatiques fixés par les Etats.
Tribune de Dr BOYARM Aristide Aly
Il est est Consultant en Stratégie IT auprès de nombreux acteurs privés et publics en Afrique et en Europe. Il est le fondateur de DEVCHAMPION, une plateforme qui met en relation les développeurs Africains avec les entreprises. Il est auteur de l’ouvrage « l’Entreprise Numérique Africaine. »