Et si l’Afrique ne rattrapait pas un retard… mais ouvrait une autre voie ?
Par Grégory Guéneau, PhD.
Chercheur et praticien des écosystèmes entrepreneuriaux, fondateur de OSE en Afrique
Et si l’Afrique n’était pas en train de « rattraper son retard », mais bel et bien en train de prendre de l’avance ?
L’idée semble provocante. Pourtant, les données issues d’une analyse comparative menée entre 2013 et 2024 sur sept pays — Égypte, Maroc, Tunisie, Qatar, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis et Bahreïn — révèlent un visage inattendu de l’Afrique entrepreneuriale:
- un visage systémique, distribué et profondément ancré dans le réel.
Ces travaux, fondés sur plus de 600 000 observations et 1 600 acteurs recensés par OSE en Afrique, sur un échantillon de 7 pays sur les 33 pays couverts par OSE, montrent queles logiques de réseaux, de complémentarités et de résilience à faibles ressources — longtemps considérées comme des contraintes — sont en réalité les ferments d’un modèle d’écosystème plus durable et plus intelligent que celui des pays riches.
Le modèle Silicon Valley ? Dépassé.
Depuis vingt ans, nombre de politiques publiques africaines et de bailleurs internationaux ont cherché à « reproduire la Silicon Valley » : incubateurs standardisés, chasse aux licornes, obsession du capital-risque.
Mais la Silicon Valley repose sur la centralisation extrême du capital, un marché profond, et une concentration exceptionnelle de talents hyperqualifiés — des conditions inexistantes dans la plupart des contextes africains.
Or, le modèle africain — plus frugal, plus collectif et plus distribué — se révèle plus adaptable et plus résilient. Là où le modèle occidental s’épuise dans la surenchère,l’Afrique invente une écologie entrepreneuriale post-capitalistique, où la valeur naît de la qualité des liens plutôt que de la taille des levées de fonds.





