Jacques Moulin, DG de l’IDATE : « L’IDATE DigiWorld vise à devenir l’un des Think Tanks les plus influents dans le secteur du numérique au niveau international »

Propos recueillis par Mohamadou DIALLO

L’IDATE DigiWorld le Think Tank de l’économie numérique, leader en Europe, a célébré en novembre dernier ses 40 ans. Un anniversaire que Jacques Moulin, son nouveau Directeur général, a souhaité résolument tourné vers l’avenir avec une nouvelle dynamique, une nouvelle énergie, une ouverture à l’ensemble des acteurs du numérique et une empreinte internationale renforcée, notamment en Afrique. Jacques Moulin a partagé avec Cio Mag les grands axes de ce nouveau projet enthousiasmant.

Cio Mag : Quels sont, pour vous, les chantiers prioritaires en tant que nouveau Directeur général de l’IDATE ?

Jacques Moulin : le premier chantier, est de mieux faire connaître l’IDATE DigiWorld sous toutes ses facettes. En effet, l’IDATE DigiWorld a su acquérir depuis 40 ans une notoriété incontestable notamment pour ses programmes de recherche, ses publications – le DigiWorld Yea rBook) ou encore ses évènements tels que le DigiWorld Summit ?

Mais la spécificité pour ne pas dire le caractère unique de l’IDATE DigiWorld, c’est de bénéficier avant tout, d’une part, de la force d’un Think Tank qui réunit plus de 68 membres, grands groupes internationaux ou start-ups, associée d’autre part, à une équipe de consultants qui analysent, décryptent et modélisent les enjeux et impacts de la révolution digitale.

Nous sommes donc à la fois une plate-forme de réflexion qui s’alimente des échanges entre nos membres à l’occasion de nos clubs à Paris, Londres et Bruxelles ou nos différents évènements, de nos travaux élaborés par nos chercheurs, analystes, ingénieurs, experts et d’une task force de consultants  qui accompagne la définition mais aussi la mise en œuvre des stratégies numériques d’acteurs publics (gouvernements, administrations, collectivités territoriales ou institutions européennes, internationales ou nationales) ou encore bien sûr des entreprises privées.

C’est pourquoi, afin de faire mieux connaître l’IDATE DigiWorld, nous avons défini par une démarche de co-design réunissant la totalité des équipes en interne mais aussi des représentants de nos membres et de nos clients, notre nouvelle promesse client ‘Enlighten your digital future: expertise – conseil – partage‘. Ce motto, cette définition de la valeur ajoutée que nous délivrons lors de nos interventions clients, a été fortement plébiscitée par nos membres: ils y retrouvent l’essence du savoir-faire IDATE DigiWorld. Nous sommes en effet pour eux, des éclaireurs indépendants dont la robustesse des analyses et des préconisations est un atout différenciant.

En tant qu’éclaireur, comment avez-vous vécu ces grandes mutations ?

40 ans d’expérience dans le secteur du numérique qui a connu tant de mutations et ruptures, c’est assez exceptionnel. Or, nous savons tous que nous connaîtrons plus d’innovations dans les 5 prochaines années que dans les 5 décennies passées.

C’est pourquoi, notre deuxième chantier est d’ouvrir l’IDATE DigiWorld à l’ensemble des secteurs industriels, des services, de la distribution. Nous affirmons avec notre Chairman François Barrault, notre volonté de ne plus être “telco ou techno centric” mais résolument orientés vers les usages. Nous souhaitons donc accroître encore le nombre de nos membres en embarquant des retailers par exemple ou encore des entreprises qui ont transformé leurs relations clients et l’expérience client grâce au digital.

De la même façon, nous voulons intégrer dans nos clubs de Paris, Londres, Bruxelles et bientôt nos clubs en Afrique, des filières métiers tels que Chief Digital Officer, Chief Marketing Officer ou encore DRH …qui sont des acteurs forts dans la conduite des projets de transformation numérique, des partenaires essentiels aux côtés des fonctions techniques : CTO, CIO.

Notre troisième chantier concerne notre volonté d’étendre notre empreinte internationale en accordant une place toute particulière à l’Afrique.

Au sein de la communauté IDATE DigiWorld, nous pensons que la digitalisation du continent africain aura un impact sur la numérisation du monde et qu’il est important pour un institut comme le nôtre, d’analyser et décrypter comment se créent de nouvelles chaînes de valeur, de nouveaux modèles d’innovation en Afrique.

A cette fin, nous allons mettre en place notre première équipe dédiée à l’analyse de la numérisation du continent Africain dans le cadre d’un partenariat avec l’Université Euromed de Fès.  Cette équipe pluridisciplinaire composée d’étudiants et de nos experts et consultants, assurera des travaux de veille et d’analyse sur le digital en Afrique.

Nous avons choisi cette université car elle intègre des programmes d’excellence pluridisciplinaires, des valeurs et une approche qui concrétisent la volonté de trait d’union entre l’Europe, le bassin méditerranéen et l’Afrique.

Vos projets semblent plus avoir un focus sur le Maghreb. Envisagez-vous des projets avec l’Afrique au sud du Sahara ?

Absolument ! Le Maghreb constitue en effet une première étape dans nos nouvelles implantations au-delà de Montpellier, Paris, Londres et Bruxelles.  Fès est une première approche. Nous participons aussi à la constitution d’un centre d’excellence qui sera bâti en partenariat avec l’Union Africaine, le gouvernement Tunisien et aussi avec l’AFD (Agence Française du Développement) en Tunisie et peut-être pourrons-nous aussi bâtir prochainement une équipe en local.

Mais notre volonté, c’est évidement de continuer à capitaliser sur notre expérience en Afrique sub-saharienne où nous avons déjà de solides références, de bâtir un réseau de partenaires, de membres et de clients. Notre approche se structure prioritairement en prenant en compte les zones où nos membres sont fortement représentés mais pas exclusivement.

Vous mettez en place cet observatoire qui va travailler sur les données concernant l’Afrique. Est-ce que vous pouvez revenir plus particulièrement sur le rôle ou l’apport de l’IDATE en Afrique ? Quel serait le profil des entreprises qui feront partie du Think tank et quel est le travail que vous allez leur soumettre ?

Nous souhaitons créer en effet un Think Tank africain du numérique qui comme nous le faisons en Europe s’appuiera sur nos trois activités : le Consulting (études et conseils), la recherche (observatoire indépendant des marchés) et l’Institut (Think Tank).  L’objectif est bien de créer un réseau de Think Tank dans les zones où nos membres sont fortement présents. Il s’agit en effet de donner l’opportunité aux représentants de nos entreprises-membres de pouvoir échanger, de capitaliser sur leur expérience pour les aider à mieux décrypter les impacts et opportunités de la révolution digitale en Afrique. Nous constatons en effet que dans la nouvelle économie qui est en train de se mettre en place, les besoins d’échanges dans un cadre non commercial est très important. Nos clubs permettent ce type de networking bienveillant.

Dans les prochains mois, nous allons donc fonder notre premier club au Maroc avant de l’étendre au reste du continent, là où nos membres nous le demandent.

Ce club, ce Think Tank, sera réservé aux entreprises qui sont adhérentes, membres de la communauté de l’IDATE DigiWorld. L’IDATE DigiWorld est ouvert à toutes les entreprises, institutions, organismes qui souhaitent mieux comprendre les ruptures et opportunités du numérique en Afrique, mieux appréhender les nouvelles chaînes de valeur en cours de création, de bénéficier de grilles de lectures sur les nouveaux business modèles qui émergent. Ils pourront bénéficier ainsi de nos publications, de nos travaux de recherche et de veille, de la possibilité de participer à nos événements en Afrique où en Europe (en tant que participants ou key speakers) mais aussi de prendre part à nos programmes de recherche collaboratifs.

Il y a un foisonnement de projets autour des startups si bien que parler de modernisation sans startups pourrait être perçu autrement ?

Vous avez tout à fait raison. Nous avons mis en place un dispositif d’adhésion adapté aux start-ups qui souhaitent rejoindre l’IDATE DigiWorld. Certaines start-ups membres ont déjà acquis un rayonnement international et sont de véritables pépites dans les domaines de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle par exemple.

Pour une start-up, intégrer la communauté IDATE DigiWorld c’est se donner l’opportunité de bénéficier notamment de l’accès á un réseau de dirigeants de grandes entreprises à dimension internationale, de bénéficier d’une approche « business angels » dans nos clubs.

La dynamique start-up est dans les gènes de l’IDATE DigiWorld. Nous avons la chance d’être implanté dans la région Occitanie qui est une des régions en France qui accueille le plus de startups. C’est d’ailleurs pour cela qu’au cours du DigiWorld Summit, nous organisons à l’intention des startups avec la French Tech notamment, un prix que nous remettons à des startups fondées à l’étranger par des Français et qui ont un rayonnement international.

Pour nos futurs clubs en Afrique, nous comptons bien mettre en exergue le foisonnement de la dynamique start-up en valorisant aussi les initiatives qui peuvent faire l’objet de programme d’incubation par nos membres.

Le contexte géographique a évolué avec le nouveau découpage régional. Toulouse est devenue la capitale de la nouvelle région fusionnant Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. Avez-vous pris en compte cette donne dans votre chantier de modernisation ?

Le Digiworld Summit et l’ensemble des événements de l’IDATE DigiWorld vont être amenés à se transformer et à évoluer. Cela fait 39 ans exactement que l’IDATE organise son Summit à Montpellier.

Lors de la dernière session, au vu de notre nouveau projet pour l’IDATE DigiWorld, nous avons eu l’honneur d’obtenir le haut patronage du président de la république, Emmanuel Macron et la présence de Mounir Mahjoubi Secrétaire d’état au Numérique.

Nous sommes en train de travailler à un nouveau format qui devrait être en quelque sorte un « DigiWorld Summit Tour Européen et Africain » Nous pourrions ouvrir cette nouvelle édition 2018 par un évènement au Maroc et en Tunisie. Au printemps et à mi-année, nous envisageons d’organiser deux évènements à Montpellier et à Toulouse où les discussions sont en cours. Toulouse présente un bassin industriel très intéressant pour notre chantier d’ouverture aux thématiques de la digitalisation de l’industrie. À Bruxelles, nous pourrons appréhender les enjeux réglementaires;

Nous clôturerons ce DigiWorld Tour par un grand événement à Paris à la fin de l’année 2018. L’autre enjeu – et pourquoi pas avec CIO Mag -, c’est de pouvoir organiser dans les mois et les années qui viennent, encore plus d’événements et de clubs sur l’ensemble du territoire africain.

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