
Le 5 août 2025 à Abidjan, lors de la première édition de la “Matinale du Service universel des télécommunications”, organisée par l’Agence nationale du service universel des Télécommunications-TIC de Côte d’Ivoire (ANSUT), Gilles Thierry Beugré, directeur général, a mis en lumière la nécessité de connecter l’ensemble des populations pour surmonter la fracture numérique et stimuler la croissance
économique et sociale.
(CIO Mag) – Le service universel des télécommunications a pour objectif d’offrir des services de télécommunication à tous, sans distinction, qu’ils soient en zone urbaine ou rurale, en situation de handicap, ou en situation de précarité financière, matérielle et sociale. Selon Salime Touré, conseiller technique du directeur général de l’ANSUT, c’est une « notion de politique publique qui met les populations à un même niveau en termes d’accès et d’usage des outils numériques ».
Ce concept varie selon les pays et leur niveau de développement. Dans les pays en développement, il se concentre souvent sur les services de base comme l’accès à la connectivité, à Internet et à un appareil. En revanche, dans les pays développés, où ces services sont déjà établis, l’accent est mis sur des services plus avancés tels que la sécurité humaine, la téléphonie avancée, l’Internet des objets et les services spécifiques aux personnes handicapées.
Principes fondamentaux du service universel
Salime Touré a ensuite souligné que l’un des objectifs fondamentaux du service universel consiste à permettre à chaque citoyen de participer pleinement au XXIe siècle. Il vise à soutenir le développement économique en favorisant le commerce électronique, qui rend les marchés plus larges et les produits plus accessibles.
De plus, le service universel promeut la cohésion nationale en assurant l’équité en matière d’accès et d’utilisation des outils numériques. Il est également un socle pour l’équilibre territorial, en cherchant à atteindre le même niveau de développement dans toutes les régions afin de réduire la pression sur les grandes métropoles. Enfin, les principes généraux du service universel des télécoms reposent sur « l’universalité de l’accès et l’universalité des services ».
État des lieux et difficultés en Côte d’Ivoire
Bien que la technologie soit impressionnante et puissante, comme l’a souligné le directeur général de l’ANSUT, elle ne parvient pas encore à connecter tout le monde. En Côte d’Ivoire, des localités entières, appelées « zones blanches », manquent de réseau. Gilles Thierry Beugré a déclaré que des villages sont isolés et qu’il faut parfois marcher deux heures pour trouver un réseau.
Les chiffres de l’ARTCI confirment cette disparité, montrant que seulement 50 % de la population en zone rurale est connectée, contre 81 % en zone urbaine. Cette situation a des conséquences directes sur les populations. La non-connectivité entraîne une fracture numérique, privant de nombreuses opportunités.
Pourtant, la connectivité est un facteur de développement économique, comme l’illustre l’exemple d’un agriculteur qui ne peut écouler sa production de tomates et d’oignons alors qu’il y a un besoin à seulement 10 kilomètres, une situation qui pourrait être résolue par une simple plateforme Internet. C’est une fracture qui peut également avoir des répercussions graves, car la connectivité peut littéralement sauver des vies, par exemple en permettant à un parent d’effectuer une transaction de mobile money pour payer des soins de santé urgents pour son enfant.
Lutter contre la fracture numérique
Face à cette urgence, l’ANSUT, en collaboration avec le gouvernement ivoirien, a mis en œuvre un plan d’actions. L’agence est chargée de la déclinaison du Programme national de connectivité rurale et s’est fixé l’objectif ambitieux de raccorder 575 localités d’ici la fin de l’année 2025. Ceci, avec une mobilisation de l’État et des opérateurs pour accélérer les délais.
Un autre objectif est de transformer le Réseau national haut débit (RNHD) de fibre optique en un « Backbone unifié de souveraineté » pour connecter l’ensemble des établissements de santé et d’éducation tout en garantissant un accès généralisé et sécurisé.
De plus, l’ANSUT travaille sur plusieurs fronts pour améliorer la couverture et l’accessibilité. Des initiatives comme les « cases connectées » sont développées pour apporter l’Internet dans les zones qui en sont dépourvues. L’agence construit également des salles multimédias équipées d’ordinateurs et d’Internet dans certains lycées et collèges pour accélérer leur digitalisation.
Sur le plan des infrastructures, l’ANSUT a déjà construit 5 207 kilomètres de fibre optique dans le cadre du RNHD, dont 2 500 kilomètres sont déjà utilisés par des opérateurs de téléphonie tels qu’Orange, MTN et Moov Africa. Pour garantir une accessibilité optimale, il est également crucial de concevoir des applications et des services qui tiennent compte des personnes en situation de handicap, qu’elles soient malentendantes ou malvoyantes, dès la phase de conception. Il est aussi important de développer des applications open source moins coûteuses et non limitées aux plateformes Android pour les rendre accessibles à tous.
Autant dire que l’accès universel aux télécommunications n’est pas qu’un objectif structurel, mais le socle d’une participation pleine et entière des populations à la société moderne. Comme l’a déclaré Gilles Thierry Beugré, il y a donc « urgence à travailler à connecter l’ensemble des populations » pour surmonter la fracture numérique. Face à ce défi, il s’agit de renforcer l’inclusion numérique comme accélérateur de progrès social, économique et territorial.