Intelligence artificielle : le Maroc se dote d’un “Dôme” pour promouvoir l’IA en Afrique

L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), à travers le Centre International d’Intelligence Artificielle du Maroc (Ai Movement), a inauguré, le 9 Novembre à Rabat, le Dôme de l’Intelligence Artificielle. Cette nouvelle infrastructure, l’une des plus importantes en Afrique, se veut un laboratoire de recherche entièrement dédié à la promotion de l’intelligence artificielle à l’échelle nationale et continentale.

(Cio Mag) – Situé sur le campus de l’UM6P de Rabat – Technopolis, le Dôme de l’Intelligence Artificielle est un nouveau bâtiment qui permettra de regrouper plusieurs acteurs de l’IA, dans le but de stimuler la recherche scientifique dans ce domaine. Son inauguration couronne ainsi plusieurs mois d’initiatives pionnières dans le domaine de l’intelligence artificielle, pour le Maroc et plus largement pour l’Afrique.

A cette occasion, l’UM6P a organisé une conférence du 9 au 11 Novembre 2022, réunissant d’éminents experts nationaux et internationaux pour dresser un état des lieux des avancées mondiales dans le domaine de l’IA et identifier les nouveaux défis qu’elle soulève. Il s’agit aussi de discuter des applications émergentes pour répondre aux objectifs du développement durable du continent africain et débattre des implications éthiques de l’IA.

Cette conférence a été également l’occasion de récompenser les trois meilleurs projets d’un hackathon sous le thème « l’IA pour l’autonomisation des femmes et l’égalité des genres », organisé par Ai Movement en partenariat avec ONU Femmes Maroc. Une initiative qui vise à promouvoir l’inclusion des femmes grâce à l’intelligence artificielle.

Amal El Fallah Seghrouchni, présidente exécutive d’Ai Movement et Hicham El Habti, président de l’UM6P, lors de l’inauguration du dôme de l’IA, le 9 Novembre 2022 à Rabat.

Un laboratoire de recherche avec une vision panafricaine

« C’est un dôme qui prendra la forme d’un vrai laboratoire de recherche, de développement, d’innovation et de transferts de technologies. L’idée est de regrouper au sein de cette infrastructure tous les ingrédients nécessaires au développement de l’intelligence artificielle au Maroc, et plus globalement en Afrique. » C’est en ces termes qu’Amal El Fallah Seghrouchni, présidente exécutive d’Ai Movement, décrit pour Cio Mag la nouvelle infrastructure technologique qui sera amenée à stimuler l’innovation et les partenariats dans le domaine de l’IA à l’échelle de tout un continent.

Par ailleurs, ce nouveau hub africain arrive à point nommé, tant l’intelligence artificielle se confronte en Afrique à des particularités qui nécessitent des réflexions profondes sur les grandes orientations à adopter. L’objectif étant de placer l’humain au cœur des travaux de recherches et des applications de l’IA. Dans ce sens, Amal El Fallah Seghrouchni insiste sur l’apport de l’intelligence artificielle dans la résolution de problématiques inhérentes au continent africain. « L’intelligence artificielle nous permettra de faire un leapfrog pour résoudre un certain nombre de problèmes. Je pense que dans les pays africains, nous devons accélérer la cadence du développement technologique car nous sommes en retard. Et c’est l’intelligence artificielle qui nous permettra de rattraper ce retard, dans tous les domaines comme l’agriculture, la santé ou le développement durable », précise-t-elle.

Éducation et santé : quelles applications de l’IA ?

Parmi les nombreux champs d’application de l’intelligence artificielle, certains secteurs apparaissent comme prioritaires pour de nombreux pays en voie de développement. Il s’agit notamment des secteurs sociaux, comme l’éducation ou la santé, qui impactent le développement socio-économique des populations.

Dès lors, comment peut-on utiliser à bon escient la technologie de l’IA au profit du développement de l’éducation ou de la santé ? A cette question, Amal El Fallah Seghrouchni répond à travers des exemples concrets. « Dans le domaine de l’éducation, il est possible de faire de l’apprentissage sur machine, le tout étant piloté par l’IA. Le professeur, qui donne un cours classique à ses élèves, peut se faire aider par des outils pédagogiques conçus par l’intelligence artificielle », explique-t-elle, tout en nuançant que l’IA doit être au service du professeur, sans le remplacer. Par ailleurs, la présidente d’Ai Movement évoque aussi l’apport de l’intelligence artificielle dans le serious gaming, un concept largement utilisé notamment par les entreprises pour former des collaborateurs en alliant le ludique au professionnel. Notre interlocutrice cite également l’exemple de l’apprentissage immersif, dans lequel l’environnement immersif est assisté par l’intelligence artificielle. « Ce domaine d’application, largement développé à l’échelle international, mériterait de l’être tout autant au Maroc et en Afrique », insiste l’experte en IA.

Concernant le domaine de la santé, Amal El Fallah Seghrouchni abonde dans le même sens en expliquant que l’intérêt de l’IA est d’assister les professionnels de la santé dans leurs tâches quotidiennes. « Par exemple, face au manque de médecins ou de radiologues, il est possible de lire des radiologies détaillées en utilisant des techniques d’IA », explique-t-elle. Ainsi, dans le domaine du diagnostic médical, l’intelligence artificielle est tout autant utile pour le médecin que pour le patient.

En conclusion, notre interlocutrice reste convaincue que pour ces deux domaines, la santé et l’éducation, « le nombre d’outils que nous pouvons développer grâce à l’intelligence artificielle n’a de limites que notre imagination. »

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