
Gitex Africa Morocco 2025 se tient du 14 au 16 avril à Marrakech. Cette édition sera une opportunité pour mettre en évidence les multiples atouts et potentialités du Continent africain en faveur de la digitalisation des services publics, et de faire le pont entre l’innovation locale et les besoins concrets des organisations. Le tout, résumé dans une stratégie et une vision dont parle le Directeur Général de l’Agence de Développement du Digital au Maroc, Mohammed Drissi Melyani.
Cio Mag : Quelle est l’importance stratégique pour l’ADD d’être un partenaire majeur du Gitex Africa 2025?

Mohammed Drissi Melyani : Le Gitex Africa Morocco s’est positionné depuis sa première édition comme une vitrine essentielle pour le Continent africain en termes d’innovation technologique et de développement du digital. En effet, l’Agence de Développement du Digital, en sa qualité de catalyseur de ce secteur innovant, a bâti, sous l’égide du Ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de l’Administration, un véritable partenariat avec les organisateurs du salon Gitex Global qui se tient à Dubaï depuis quatre décennies.
L’objectif de ce partenariat étant d’attirer cet évènement d’envergure vers le Maroc, et plus largement vers l’Afrique, de telle sorte à contribuer au rayonnement du Continent et à la mise en avant de ses multiples atouts et potentialités en la matière. Ce partenariat vise également à saisir la portée stratégique de cette grande messe mondiale pour connecter et mettre en réseau l’ensemble des acteurs et des composantes des écosystèmes du digital africains avec le reste du monde, d’où la vocation de conclure un partenariat aussi bénéfique à toutes les parties prenantes.
Nul ne conteste que ce salon s’affiche désormais comme un espace de rencontre et d’échanges d’expériences et de bonnes pratiques dans le domaine du digital. Le salon s’est imposé au fil de ses éditions comme une plateforme privilégiée pour promouvoir les investissements dans le domaine des nouvelles technologiques de l’information et de la communication.
L’Agence de Développement du Digital est aujourd’hui fière de cette collaboration et son ambition grandit pour réussir davantage ce partenariat et recueillir les fruits de ce bel événement qu’abrite notre cher Continent.
Cio Mag : Quelle sont les initiatives phares ou les messages clés que l’ADD souhaite promouvoir lors de cette édition du Gitex Africa?
M. D. M. : Cette édition du salon sera une réelle opportunité pour mettre en évidence notre engagement en faveur de la digitalisation des services publics avec des projets concrets tels que la plateforme nationale d’interopérabilité GISRE, qui permet aujourd’hui à plus de 70 partenaires publics d’échanger des données en temps réel, de manière sécurisée. Cette plateforme s’inscrit dans le cadre d’un chantier auquel l’ADD accorde une attention particulière afin de simplifier les démarches administratives, de renforcer la transparence, et d’améliorer l’expérience citoyenne.
Ensuite, l’ADD et dans une démarche de collaboration collective, apporte un appui inestimable à l’écosystème des startups marocaines. En collaboration avec notre Ministère de tutelle, et depuis la première édition, la mobilisation de l’écosystème des startups est au cœur de notre vision.
Pour rappel, la première édition du salon a vu la participation de 100 startups marocaines, ce nombre est vite passé du simple au double eu égard à l’engouement que ce salon suscite pour les jeunes entrepreneurs passionnés de l’innovation et résolument orientés vers plus de compétitivité et de croissance en termes d’accès aux marchés étrangers.
Notre objectif est de leur offrir un espace ou les opportunités de financement riment avec la mise en réseaux et les partenariats stratégiques, et ou les prescripteurs et les investisseurs s’acharnent pour accéder à des niches de marchés thématiques tels que la Fin-tech, l’Agri-tech, la Health-tech et l’Ed-tech.
L’ADD s’attelle aussi sur un ensemble de chantiers qu’elle souhaite mettre en avant, notamment en faveur de la digitalisation du tissu entreprenariat de la TPME, de l’inclusion sociale en ciblant tout particulièrement les jeunes, les femmes et les personnes en situation de handicap ainsi que l’acculturation et le développement des compétences numériques.
En résumé l’Agence de Développement du Digital présentera au cours du GITEX Africa Morocco 2025, à ses partenaires et aux visiteurs du salon, un éventail diversifié d’initiatives et de projets destinés à contribuer au développement digital de l’Administration publique, du tissu entreprenariat dans tous ses composants et de la société.
Cio Mag : Selon l’ADD, quel rôle fondamental jouent les “ADD” et Directeurs des Système d’information (DSI) dans l’accélération de la transformation numérique en Afrique ?
M. D. M. : D’une manière générale, le développement du digital nécessite un travail continu dans le temps et dans l’espace et requiert l’implication et l’engagement des acteurs institutionnels et privés pour mener à bien de véritables visions, stratégies et plans d’actions.
D’où la nécessité de se doter d’institutions telles que les agences du digital et celles des systèmes d’informations. Leur rôle justement est de mettre en œuvre ces stratégies, de les implémenter sur le terrain et de fédérer les parties pouvant être concernées par le développement du digital. Ces administrations et établissements ont un rôle principal à jouer pour participer à la mise à niveau des services publics, soutenir le processus de digitalisation et renforcer les infrastructures numériques indispensables à tout chantier de transition numérique.
Ces agences ont aussi la mission de créer des écosystèmes, de les structurer et d’y établir des partenariats concluants moyennant une approche participative, sans oublier d’apporter tout leur accompagnement au secteur privé et à l’économique numérique via des initiatives et des mesures d’appui transverses.
Bien entendu, les agences du digital en Afrique sont amenées à s’ouvrir à l’environnement professionnel et à identifier toutes les opportunités d’accélération au profit de la société et ses composantes. En somme, ces agences ont une mission noble et le bilan, dans l’avenir proche, ne peut qu’être satisfaisant, voire prometteur.
Cio Mag : Quels sont, selon la vision de l’ADD, les principaux défis et les grandes opportunités pour le développement du digital sur le continent africain?
M. D. M. : Le monde connait une véritable mutation en termes de nouvelles technologies de l’information et du digital, la révolution numérique est désormais universelle et concerne tous les pays. L’Afrique aussi a sa place sur cet échiquier et possède d’innombrables atouts pour marquer sa place et dire son mot dans ce domaine.
En tant qu’Africains, nous sommes conscients que nous faisons face à de nombreux défis et challenges, mais nous sommes également conscients que nous avons les capacités à les relever et à contribuer à atteindre nos objectifs escomptés en termes d’infrastructures numériques et de création de valeur. De ce fait, plusieurs chantiers sont lancés dans beaucoup de pays africains en vue d’accélérer la connectivité et l’accès aux services digitaux et énormément d’investissements sont injectés dans ce volet.
Nous avons des entreprises qui innovent de plus en plus et s’exportent à l’international pour vendre les services technologiques aux marchés externes. De même, l’Afrique regorge de compétences et de talents qu’il conviendrait d’accompagner et de soutenir. Enfin, l’Afrique est sur la bonne voie, elle sera très prochainement une destination phare pour drainer plus d’investissements dans le domaine du numérique et s’affirmera comme un Hub mondial de l’innovation par excellence.
Cio Mag : Comment l’ADD envisage-t-elle la collaboration avec les différents acteurs (public, privés, internationaux) pour concrétiser sa vision du développement numérique en Afrique?
M. D. M. : La transformation numérique ne peut pas se faire en silo. Elle repose sur une collaboration étroite entre tous les acteurs publics, privés, nationaux et internationaux.
Nous travaillons main dans la main avec les ministères, les collectivités, les institutions partenaires, pour aligner les efforts, mutualiser les ressources et garantir la cohérence des politiques digitales. Des projets d’envergure, à l’instar de la plateforme d’interopérabilité ou du portail national de l’administration sont le fruit de cette synergie.
Avec le secteur privé, notre approche est basée sur le partage, la coordination et la complémentarité. Nous estimons que l’innovation vient souvent du terrain, des startups, des PME, des grandes entreprises technologiques. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place des dispositifs comme StartupHubMaroc ou l’accompagnement des TPME à la transformation digitale. GITEX Africa Morocco en est un parfait exemple, il s’agit d’un lieu où les ponts se construisent entre innovation locale et marchés mondiaux.
Enfin, à l’échelle internationale, l’ADD est très active dans les partenariats africains et multilatéraux. L’Agence collabore avec des agences similaires, avec l’Alliance Smart Africa et avec de nombreuses institutions internationales. L’idée étant de favoriser le partage d’expériences, d’accéder à des financements innovants et de créer des synergies et des accords d’intérêts et de coopération communs, à l’instar de ce qui est concrétisé dans le cadre du protocole africain sur le commerce numérique.
Sous la vision éclairée de sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste, la volonté de l’ADD de contribuer davantage au développement digital du Continent africain est exprimée et traduite sur le terrain.
Son souhait reste celui de la collaboration et de la mutualisation des efforts en vue d’impulser nos visions, de leurs donner du sens, d’en palper les résultats et de contribuer ensemble à faire du numérique un véritable levier de développement économique et social.
Cio Mag : Quel message principal le DG de l’ADD souhaiterait-il adresser à l’écosystème numérique africain et aux participants du Gitex Africa 2025?
M. D. M. : Le message que je souhaite adresser à l’écosystème numérique africain et à tous les participants du GITEX Africa Morocco 2025 est tout simplement de souligner que l’Afrique n’est pas en retard dans la transformation numérique, mais en revanche, est en train d’inventer ses propres modèles, portés par sa jeunesse, son énergie et son ambition.
Je crois profondément que notre Continent a tous les prérequis pour jouer un rôle de premier plan dans l’économie numérique mondiale. Mais cela exige que nous travaillions ensemble, que nous unissions nos forces, que nous valorisions ce que nous avons de plus précieux, nos talents, notre créativité, et notre capacité à innover malgré les contraintes.
Je tiens également à dire à toutes les startups, les institutions, les investisseurs, aux jeunes et aux partenaires présents à GITEX Africa Morocco, que vous êtes les bâtisseurs de cette Afrique numérique que nous voulons forte, indépendante et solidaire.
Je vous invite à multiplier les échanges, à créer des alliances, à partager vos réussites comme vos défis. Car le digital, au fond, c’est un projet collectif. Et c’est ensemble que nous pourrons transformer durablement nos sociétés.
Cio Mag : Et pour terminer, quel est le sens à donner au soutien de l’ADD aux African Cio Awards 2025, notamment pour le thème de cette édition sur l’Open Innovation ?
M. D. M. : Le soutien de l’ADD aux African CIO Awards 2025 s’inscrit naturellement dans notre vision du digital comme un projet collectif.
En tant que Directeur Général de l’ADD, je crois profondément que les DSI et les leaders technologiques africains sont des acteurs de première ligne dans la transformation numérique de notre Continent.
Cette année, le thème choisi — l’Open Innovation — me parle particulièrement. Parce que c’est précisément ce que nous défendons à l’ADD : une innovation ouverte, décloisonnée, inclusive, qui ne reste pas enfermée dans les laboratoires ou les grandes structures, mais qui s’appuie sur l’implication forte des talents, des startups, des TPME, des universités et des usagers (citoyens et entreprises).
Soutenir ces Awards, c’est aussi reconnaître le rôle des DSI comme catalyseurs de changement. Ce sont eux qui, chaque jour, expérimentent, testent, intègrent de nouvelles solutions, et font le pont entre les technologies émergentes et les besoins concrets des organisations.
À travers notre engagement, je souhaite encourager cette dynamique d’ouverture, de partage et de co-construction, car c’est ainsi que l’Afrique pourra développer des solutions locales, souveraines et adaptées à ses réalités. Je suis convaincu que des initiatives comme les African CIO Awards contribuent directement à faire émerger cette culture commune de l’innovation, au service du progrès et de l’impact.