(CIO Mag) – La 7ème édition de l’IT Forum Sénégal s’est ouverte mardi 21 février à l’hôtel King Fahd Palace de Dakar, à la pointe des Almadies, en mettant un coup de projecteur sur le couple énergie – numérique. Et pour cause ? Celui-ci résume à lui seul le double défi de l’Afrique confrontée à un problème de précarité énergétique et de fracture numérique. Et quand on sait qu’il ne peut avoir de services numériques sans électricité et de réseaux électriques viables sans informatique, on comprend mieux la nécessité d’asseoir une politique cohérente qui permettra à l’Afrique de cueillir au bond les avantages du numérique sans être freinée dans son élan par la faiblesse de sa productivité ou de sa couverture électrique.
Dans ce sens, le magazine CIO Mag, en partenariat avec le Salon international des professionnels de l’économie numérique (SIPEN), a réuni sur une même plateforme, électriciens et informaticiens de divers horizons, afin d’explorer les pratiques qui peuvent être dupliquées sur le continent dans la perspective d’un accès démocratisé à l’électricité et au numérique. Il s’agit de Mour Seck, Dg Atos Sénégal, Emmanuel Lempert, directeur des affaires publiques SAP, Jacques Moulin, Dg de Sofrecom, Benoît Marrel, coordinateur du Groupe Finances du Plan Développement numérique, Alain Ducass, expert en transformation numérique en Afrique, Djiby Ndiaye, directeur de l’Agence nationale des énergies renouvelables du Sénégal, et Abdou Samb, président FRS Consulting – expert auprès de la Commission européenne. On peut en citer bien d’autres tels que Philippe Miquel, directeur Afrique – Engie, Serigne Kebe, Dg CAP DC ACO, Cheick Sadibou Deme, PDG de Somone. Parmi les spécialiastes présents figuraient également Alexandre Zapolsky, PDG de Linagora, Ibrahima Diagne, administrateur délégué de Gaindé 2000, Mohamadou Saïbou, Dg ESMT ainsi que les représentants des Club DSI du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Tunisie, du Bénin et du Togo.
Pilotage intelligent de l’énergie
A partir d’exemples et de statistiques sur les situations vécues par les populations et les entreprises africaines, l’IT Forum Sénégal 2017 a fait découvrir au-delà ou à la lumière des lacunes des politiques de développement, l’urgence de faire vivre aux Africains l’expérience décisive du mix énergie et numérique. Ou ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui l’énergie numérique. Selon Mour Seck, Dg Atos Sénégal, l’énergie a besoin de l’IT pour son développement et vice versa. “L’IT permet de simplifier la gestion de l’énergie”, a déclaré l’expert. Poursuivant, il a ajouté que des solutions numériques permettent également d’optimiser la production d’énergie ; d’aider à la maintenance en faisant des prédictions grâce au Big Data ; d’apporter une intelligence dans la productivité, en améliorant la recherche des sources énergétiques les plus proches pour pouvoir équilibrer les réseaux ; et enfin, d’avoir une meilleure visibilité sur la consommation du client. “Chez Atos, nous servons pas mal d’opérateurs. Nous accompagnons des gouvernements pour faire les meilleurs choix. Des centres nucléaires en France sont gérés par des centres de supervision Atos”, a révélé Mour Seck. Il a aussi fait allusion au serveur Green qui donne la possibilité d’économiser de l’énergie sur la partie électrique. “Cette technologie de virtualisation permet de faire des économies énormes”, a affirmé le spécialiste, non sans assurer que le numérique est la clé de voûte pour un pilotage intelligent de l’énergie.
Penser l’écosystème dans sa globalité
Pour Benoît Marrel, coordinateur du Groupe Finances du Plan Développement numérique, il est question de “penser l’écosystème dans sa globalité pour pouvoir développer des sociétés ambitieuses” en termes de financement des projets d’envergures. Des sociétés qui encouragent les groupes financiers à prendre des risques pour soutenir la formation des ressources humaines capables de porter la transition énergétique et la révolution numérique. Pour sa part, l’expert Abdou Samb auprès de la Commission européenne a évoqué la jeunesse de la population africaine qui ne demande qu’à être formée et à travailler. D’où l’idée de reproduire en Afrique le projet européen Erasmus. A ses dires, ce projet va consister à “garder une partie des budgets de coopération pour financer des jeunes, les coacher, afin de créer une entreprise et conquérir un marché”.
Améliorer les infrastructures de base
Quant à lui, Jacques Moulin, Dg de Sofrecom, s’est penché sur “le rôle et la responsabilité des opérateurs télécoms dans la transformation digitale en Afrique/gestion des compétences, Big Data”. Sur ce sujet, il a fait observer que “l’avenir du digital repose sur des opérateurs en mesure de participer à l’amélioration des infrastructures basiques”. Il s’agit pour lui d’accroître la couverture du mobile broadband ; de favoriser l’accès à l’électricité en milieu rural, avec des solutions adaptées ; de continuer à favoriser l’inclusion financière à l’aune du mobile banking ; de développer des services innovants autour des services financiers mobiles ; de piloter de gros projets d’infrastructures en étant armé d’une forte capacité d’investissement et en s’appuyant sur les startups locales qui vont développer des applications adaptées aux besoins locaux ; d’être un co-acteur du développement. Un positionnement stratégique d’autant plus que l’acteur télécoms, par son ancrage dans un pays, sait apporter l’assistance pour la définition des projets et le transfert de compétences. Il sait également créer, à partir des cultures locales, des méthodologies propres pour mettre en œuvre un écosystème digital.
Outre l’énergie numérique et la la responsabilité des opérateurs dans la transition digitale, la journée du mardi de ce forum a été consacrée à d’autres sujets tout aussi cruciaux tels que la confiance numérique, la transformation digitale dans les entreprises et les administrations africaines, ainsi que les objets connectés et le Big Data, deux tendances lourdes dans la transformation du continent.
Anselme AKEKO
Envoyé spécial à Dakar
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