JobBee, une HR Tech au service des talents africains

  • Par CIO MAG
  • 8 novembre 2023
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Au niveau international, de plus en plus d’entreprises recherchent des solutions digitales  pour automatiser certaines tâches dans leur processus de recrutement. Un changement de paradigme dans le secteur des ressources humaines dont un nombre croissant de jeunes pousses africains compte bien tirer profit à l’image d’Aida Tagmouti, co-fondatrice de JobBee et lauréate du Women In Africa Young Leaders program. Entretien.

CIO Mag: Votre structure est une HR Tech. Pourriez-vous nous expliquer en quoi cela consiste exactement ?

Aida Tagmouti: Pour faire simple, c’est de mettre la technologie au service des activités de ressources humaines. Typiquement, on peut voir différentes start-ups en RH Tech qui vont proposer des solutions innovantes pour mieux gérer des tâches comme le paiement des salaires, la gestion du personnel voire les entretiens d’évaluation. En somme, toutes les activités qui constituent le cœur des activités issues des ressources humaines peuvent être améliorées grâce à l’apport de produits innovants et qui permettent au final un gain de temps et de productivité.

C.M.: En parlant justement des avantages, quels sont les autres bénéfices apportés par lautomatisation des tâches de la gestion des Ressources Humaines ?

A.T.: Tout dépend de la solution en question! Par exemple, le fait d’avoir une solution numérique pour digitaliser le processus de recrutement permettra, comme évoqué, de gagner du temps. Si on passe toutes les étapes entre le sourcing où la recherche de talents est long, les différents échanges, la prise de contact voire l’organisation des premiers entretiens et la vérification des CVs, le processus peut s’étendre sur plusieurs mois. Grâce à la technologie, on a la possibilité de posséder une base de talents disponibles avec des critères définis où l’on économise une semaine sur la phase de sourcing et, si on ajoute la sélection des profils, on gagne facilement trois semaines de plus.

C.M.: La pandémie a accéléré l’essor de la technologie des ressources humaines un peu partout dans le monde. Qu’en est-il de l’Afrique ?

A.T.: C’est tout aussi valable pour le continent, notamment si on s’intéresse au sujet du télétravail. Comme les entreprises en Afrique ont eu les mêmes problématiques que les compagnies à travers le monde, il a fallu très rapidement digitaliser la collaboration de manière à permettre aux employés d’effectuer leur boulot à distance. Ce que l’on observe aussi, c’est une dynamique, certes qui a légèrement diminué suite au retour en entreprise, que les collaborateurs demandent de maintenir le télétravail et beaucoup de firmes commencent à travailler entièrement à distance. Dans ce contexte, gérer une équipe de cette façon n’est plus le même métier et les solutions qui simplifient cette collaboration pour qu’elles soient plus efficaces sont de plus en plus visibles avec l’apport croissant des startups africaines.

C.M.: Le continent regorge de talents dans différents domaines, mais la majeure partie des pays sont confrontés à des taux de chômage importants. La HR Tech peut-elle aider à résorber ce défi?

A.T.: Tout à fait! On constate qu’en Afrique subsaharienne, mais aussi au Maroc où JobBee est basé, qu’il y a énormément de talents qualifiés, grâce à de bonnes formations techniques, qui sont au chômage. Pourtant, il existe maintes entreprises qui recherchent des profils et elles ont du mal à les trouver. On rencontre donc une sorte de décalage et de déséquilibre entre l’offre et la demande. Cette situation est principalement liée au manque de lien entre les formations fondamentales des jeunes talents et les besoins du monde professionnel. Ici, les solutions HR Tech apparaissent comme intéressantes car si on parvient à réorienter les jeunes, en collectant les données et en sachant où se trouve l’écart, vers des formations complémentaires adaptées à la demande, on peut créer les ponts nécessaires avec les firmes qui souhaitent embaucher, ce qui pourrait changer fortement la donne sur le continent.

C.M.: En parlant justement d’automatisation des ressources humaines, pourriez-vous nous décrire en quoi consiste JobBee que vous avez  co-créé?

A.T.: Notre entreprise permet grâce la technologie de mettre justement en relation ces entreprises qui sont à la recherche de talents tech et ceux qui sont en recherche d’emploi. À ce titre, nous avons mis en ligne une plateforme qui offre l’opportunité d’amener de l’efficacité dans la totalité du processus de recrutement avec un accès numérique à un réservoir élargi de profils issus du continent, la validation des compétences techniques à travers des tests soft skills, ce qui donne une assurance sur l’aptitude des talents, ainsi que l’upskill en donnant accès aux talents à des tests spécifiques pour débloquer des opportunités qu’ils auraient du mal à saisir autrement. Enfin, lors de l’étape du matching, notre technologie permet de faire le meilleur feet entre les offres et les demandeurs d’emplois pour créer des collaborations durables.

C.M.: Pour quelles raisons une entreprise devrait-elle faire appel à vous plutôt qu’à un concurrent?

A.T.: De notre côté, le client qui utilise nos services ne paie qu’au succès, c’est-à-dire qu’au moment de l’embauche à un tarif qui est dans la fourchette basse du marché, ce qui correspond à un mois de salaire. Notre ADN est résolument tournée vers la libérer les talents tech que nous avons en Afrique. Notre ambition à termes réside dans la volonté de former de futurs leaders technologique en réduisant la fuite des cerveaux.

C.M : Comment ?

A.T. : De manière général, un talent africain issu de la tech recruté grâce à une HR Tech peut travailler pour une entreprise internationale avec un salaire allant de 1500 à 3000 dollars, ce en restant sur le continent. Un exemple concret qui peut servir d’incitant très intéressant d’éviter d’aller ailleurs.

C.M.: Quels sont les défis auxquels sont confrontés des startups comme la vôtre?

A.T.: Il y en a beaucoup. Cependant, je pense que celui lié au financement me parait très important. On constate sur le continent qu’il y a peu de structures qui financent des startups lors de leur phase préliminaire car les investisseurs exigent souvent des revenus et un certain degré de maturité. Dans ce contexte, les startups n’ont alors plus besoin alors nécessairement de financiers. Donc, j’encouragerais ces derniers à opter de prendre plus de risque dans leur phase d’amorçage, même s’ils ont des difficultés à les prendre car le secteur du venture-capital en Afrique est encore relativement jeune.

C.M : Des programmes d’accompagnement, comme le WIA Young Leaders, peuvent-ils contribuer à changer la donne?

A.T. : C’est absolument important pour plusieurs raisons. D’une part, parce que nous pouvons y constituer un réseau de haut niveau que l’on peut actionner à tout moment si on parvient à le maintenir, soit pour créer des partenariats, trouver des clients ou avoir accès à des financements. D’autre part, il y a aussi la question de la crédibilité et de la notoriété. En effet, lorsque des organisations de référence reconnaissent  voire octroient une forme de validation à de nouvelles entreprises, cela s’avère toujours bénéfique au niveau du développement de son niveau de fiabilité auprès des partenaires potentiels.  

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